[...] Une fois arrivée à la maison, je laisse tomber mon sac de cours sur le sol dans un grand fracas, et me jette sur mon lit. J'enfouis ma tête dans mon oreiller. Comme d'habitude, les larmes ne tardent pas à rouler sur mes joues, en meme temps que les gémissements que j'essaie de refouler. Je vais encore devoir démaquiller les tonnes de cosmétiques que je m'efforce d'appliquer chaque matin. Tant pis, si c'est comme ça, je ne le ferai pas. Je devrais peut être aller prendre une douche. Ou peut être pas. Après tout, la dernière en date ne remonte qu'à deux jours. J'ai encore le temps. Rester dans mon lit me paraît être la meilleure option.
Ma main s'avance mollement jusqu'à mon téléphone, que je tire péniblement jusqu'à mon visage. Pas de nouveaux messages. Cela ne m'étonne même plus. Après tout je sais que je n'existe déjà plus pour personne. Je suis une ombre silencieuse, de passage dans la vie des gens. Qu'est ce qu'il se passerait si je disparaissais ? Cela changerait-il quelque chose à la vie des autres ?
Je branche mes écouteurs, et monte le volume au maximum. Pas de musique joyeuse pour aujourd'hui. Je veux juste me laisser m'enfoncer. Du rock aux paroles dépressives devrait faire l'affaire. Dès les premières notes de basse, je me sens partir. Mon esprit sort de mon corps alors que je ferme les yeux. Cette sensation, si terrifiante et réconfortante à la fois, est devenu mon moyen d'affronter la réalité. Je me mets à rêver. Et si j'étais une héroïne tragique ? Et si je me faisais harceler ? Des possibilités morbides que mon cerveau prend plaisir à construire. Mon cerveau détruit en manque de sérotonine. Mon cerveau malade.
Un son aigüe me sort de ma trance. Je me rue sur son origine. Un message. D'une personne qui m'est chère. Jackpot. Je dois résister à l'urgence d'y répondre à la seconde. Je patiente. Après 1 minute, je rend les armes et déverrouille. Le message s'affiche, noir sur blanc. Un shoot de sérotonine. Je me mets à sourire. Mes joues deviennent rouges, tandis que je tape frénétiquement sur mon clavier. A la seconde où l'envoi est terminé, l'excitation retombe. Mon sourire s'efface, pour laisser place à un vide. 1 minute, 2 minutes passent. Pas de réponse. Peut être la personne s'est elle déjà lassée.
Mon regard se tourne vers ma lame. Automatiquement, je la prend et la fais tourner entre mes doigts. Elle brille. D'un éclat familier, rassurant. Je la serre doucement dans ma paume. Que vais-je dessiner aujourd'hui ? Quelle partie de mon corps servira-t-elle de support à ma frénésie artistique ?
Je sens l'adrénaline monter alors que je trace le premier trait d'un rouge écarlate. Je regarde le sang former de petites perles rubis. Fascinée et shootée à l'endorphine, je ne compte même plus les lignes qui s'étendent parallèlement sur ma peau. C'est si beau que j'en oublierais presque la douleur. Lancinante. Brûlante. Je suis vivante.
J'applique quelques pansements sans bonne foi. Peut être que si cela se voit, les gens feront attention à moi. Peut être qu'ils verront que j'ai mal. La sensation planante revient alors que je me fais happer par mon flot de pensées.
Le sommeil me cueille quelques minutes plus tard. Un trou noir qui engloutit tout ce qu'il y a autour.
Tes doigts sur ma peau. Tes doigts en moi. Tout ton être en moi. Ton poids sur mon corps. Mon cri qui ne sort pas. Et tes yeux dans les miens. La douleur. La peur.
Je me réveille en sursaut. Les larmes sont de retour. L'oreiller est trempé des sentiments que j'ai relâchés. Ceux que je ne peux pas montrer.
Je me déplace mollement vers mon ordinateur. Aujourd'hui encore, je vais noyer mon esprit dans un monde virtuel [...]
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Cat, Sue et Bella
Non-FictionRecueil de Textes, qui me sert lorsque que je ne vais pas bien. Je tiens à préciser que j'ai tendance à écrire les choses plus tristes qu'elles ne le sont vraiment, alors certains textes sont peut être crus. N'hésitez pas à donner votre avis, et a v...