#62 Texte : Mon Histoire

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Je pense qu'il est temps que ça sorte. Ceci me servira d'exutoire, mais également d'aide mémoire. Je ne veux pas oublier. Je veux que la vérité sorte, juste la vérité, rien que la vérité, telle que je m'en souviens. Je n'omettrai rien, je dirai tout, même si ça fait mal.
Je n'essayerai pas de romancer. Ces mots, que vous allez lire, sont les miens, la vérité telle que je la connais.
Tout cela s'est passé il y a environ quatre ans. J'étais en couple à ce moment-là, avec un garçon que l'on nommera Mario (bien sûr, ce n'est pas son vrai nom, vous vous en doutez). Cela faisait trois mois que nous étions ensemble et qui dit relation, dit forcément à un moment donné, sexe.
Je n'ai que très peu de souvenirs de ma première fois. Mais ce dont je me souviens très bien, c'est de la douleur et d'une seule pensée : Je ne veux pas. Cependant, il ne me semble pas le lui avoir dit, ou peut être seulement après. Tout cela me paraît de manière très floue.
Maintenant passons au vif du sujet. Cela a commencé alors que nous partions pour la première fois en vacances tous les deux. Au ski. Un soir, nous étions tous les deux dans notre chambre, quand il m'a expressément dit avoir envie de moi. Ce à quoi j'ai répondu que je n'en avais pas envie. Et c'est la que ça a dérapé. A causes de quelques petits mots qui se sont échappés à ce moment là.
« Tu n'as qu'à le faire pendant que je dors. Non, je rigole. »
Je me souviens exactement de ces paroles. À quel point ai-je été stupide ? Est ce que tout ce qui est arrivé est de ma faute ?
Et le soir qui a suivi, il m'a violée* pour la première fois. Comment je le sais ? Car au réveil, je me suis retrouvée avec un mal au bas ventre insoutenable. Mais, à ce moment là, je me suis dit que ce n'était qu'un problème de cycle menstruel, que la douleur était peut être normale. En y repensant, cela me paraît bizarre que je n'aie pas fait attention au sperme qui coulait entre mes jambes. J'étais sûrement trop conne à l'époque.
Je ne saurai même pas compter le nombre de fois où cela s'est passé. De manière claire et sûre, je peux m'en rappeler de 5. Mais la plus douloureuse, la plus vive, est la dernière fois, la ou j'ai découvert ce qu'il se passait.
Nous étions dans un petit village en France, dans sa chambre. A cette époque, je m'endormais fréquemment à cause du fait que je ne me nourrissais jamais assez. Mais de cela, personne n'était au courant.
Je me suis réveillée à cause d'une énorme douleur au bas ventre et c'est la que je l'ai vu. Il était sur moi, et me regardait. Je ne me souviens pas bien. M'en rappeler est douloureux. Mais je me souviens lui avoir dit que cela ne me plaisait pas. Que cela ne se faisait pas.
Ironiquement, environ 3 semaines après, il m'a larguée.
Je pourrais évoquer le fait qu'il ne mettait jamais de préservatifs. Qu'il « n'aimait pas ça ». Que selon ce que j'ai entendu, il m'a trompée également pendant des mois.
Est ce que tout cela est de ma faute ? Est ce la faute des mots que j'ai prononcés ? Pendant quatre ans, j'ai ignoré cette douleur que je ressentais, l'ai rangée dans un coin de mon esprit que je ne voulais jamais revoir à nouveau. Mais cette scène est revenue dans mes rêves - mes cauchemars.
Pendant 4 ans, je n'ai pas réussi à avoir une sexualité totalement épanouie malgré les soins et égards de mes partenaires. Pendant 4 ans, j'ai eu peur des hommes sans même en comprendre la raison. Pendant 4 ans, je n'ai pensé à moi qu'en temps qu'objet, que bouche-trou, que jouet.
Aujourd'hui je veux avancer. Je n'irai pas reporter cela à la police, car cela me tuerait si je n'étais pas prise au sérieux. Car j'ai peur que l'on ne me croie pas. Après tout, pourquoi en parler seulement 4 ans après ? Mais j'avais besoin que cela sorte.
Ce texte est en progrès. Si je me souviens de details, je les rajouterai au fur et à mesure.
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* j'ai longtemps hésité à mettre le terme « violer », mais au vu de la définition dans la loi (« tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu'il soit, commis sur la personne d'autrui ou sur la personne de l'auteur par violence, contrainte, menace ou surprise est un viol. » pour la France, « notamment en usant de menace ou de violence, en exerçant sur sa victime des pressions d'ordre psychique ou en la mettant hors d'état de résister, aura contraint une personne de sexe féminin à subir l'acte sexuel » pour la Suisse), je me suis dit qu'il était justifié de parler de viol. Cependant, je ne suis pas sure que cela soit reconnu juridiquement. Cela est donc basé sur mon ressenti.

Cat, Sue et BellaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant