#64 Texte : Graffiti part. 1

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{...} C'est alors que mon regard s'attarda sur un des murs qui entourait la place Auberjonois. Là, sur un bloc de pierre grise aux veines apparentes, avait été tagué un visage. Enfin, plutôt une moitié de visage. Était-ce un homme ? Ou bien une femme ? Ou peut-être, aucun des deux au final. Quelle importance ? Seul comptait son œil, rivé sur moi.
Je restai plantée là un moment, abasourdie devant la puissance de son regard. Son unique œil noir reflétait une multitude d'émotions sans pourtant que son visage ne les laissa paraître.
Son sourcil fin était légèrement arqué, en une expression ambitieuse qui semblait crier « Je peux le faire, et je vais le faire ». A moins que cela ne soit de l'inquiétude. Peut-être était-il simplement en train de juger les deux bancs affreux qui se trouvaient en face de lui. Ces reposes-derrières en forme de feuilles de chêne, qui ressemblaient davantage à des essais en pâte à modeler d'enfant, et qui étaient probablement plus utilisés par des bambins en guise de toboggan que comme réels sièges.
Au vu de la finesse des détails, il avait dû être peint à l'aide d'un pochoir et d'une bombe de peinture. Qui avait donc bien pu avoir la folle idée de taguer un bâtiment de la sorte ? Lausanne comptait-elle parmi ses habitants un Banksi en herbe ?
Le bloc sur lequel avait été placé ce graffiti – si on pouvait encore parler de graffiti ! – était strié de veines noires. Comme si la pierre avait pleuré sa pureté perdue. {...}

Cat, Sue et BellaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant