Iphranir se redressa comme si un millier de guêpes venaient de le piquer. Il saisit son épée et se rapprocha de l'entrée, prêt à frapper au moindre danger. Les deux elfes poussèrent un soupir de soulagement quand le sabot d'un centaure se fraya un passage parmi les branches à l'entrée. L'étranger passa le pas de la grotte timidement, un peu surpris et effrayé. Il n'osa pas s'avancer plus que ça, nerveux.
Beaucoup de centaures vivaient encore à l'état sauvage, cette rencontre n'avait rien de bien exceptionnel. Iphranir baissa doucement son épée et l'invita à entrer d'un signe de mains. L'hybride s'exécuta sans rien dire et partit se coucher tranquillement près du feu, pendant que son hôte remettait les branches en place avec minutie. Le centaure lança un regard curieux aux jambes de Lazare, puis prit la parole.
"Wuyt îvsi muop neotup."
("Vous être loin maison.")
L'accent elfique bancal fit sourire Lazare. L'inconnu effectuait un gros effort pour s'adresser à lui. Il ne paraissait pas connaître exactement leur vocabulaire. Il faisait de son mieux.
"Ki wuyt sivuyspi mi dunqmonipv, répondit Iphranir. Ryit geovit-wuyt odo ?
(Je vous retourne le compliment, répondit Iphranir. Que faites-vous ici ?)
— Djisdi ecso pyov. Nepvodusi fijust. Qsydji.
(— Cherche abri nuit. Manticore dehors. Proche.)
— Wuyt m'ewib wyi ? s'inquiéta Lazare.
(— Vous l'avez vue ? s'inquiéta Lazare.)
— Ugo. Sûfis qsit woiyz djîpis. Qmyt pusf."
(— Oui. Rôder près vieux chênes. Plus nord.")
Lazare frémit à la nouvelle. Si une manticore traînait dans le coin, elle finirait forcément par tomber sur leur groupe, il en était certain. Iphranir paraissait plus calme, en pleine réflexion. Son compagnon unijambiste s'agitait, de plus en plus terrorisé. Sa respiration s'accélèra, il lançait des regards nerveux vers la sortie. S'ils partaient maintenant, combien de chance avaient-ils de survivre ? Cette caverne ne possédait qu'une sortie, si la créature les trouvait, tous les scénarios menaient à une seule issue : la mort.
Quand Lazare croisa le regard suspicieux d'Iphranir, il sentit tous ses membres se tétaniser. L'elfe avait un plan en tête, et il y avait de bonnes chances qu'il en soit l'élément central.
"Wuyt ewib fijè vyi ypi, qet wseo ?"
("Vous en avez déjà tué une, pas vrai ?")
Le blessé hocha prudemment la tête, méfiant. Il pointa immédiatement son moignon d'un signe de tête, pour bien lui faire comprendre que ça n'avait pas été une franche réussite. Hors de question qu'il soit de nouveau exposé au crochet acéré d'un de ces monstres. Iphranir haussa un sourcil : il ne l'entendait pas de cette oreille.
"Ki qiyz dunqsipfsi wuvsi qiys. Neot wuyt îvit qsucecminipv mi qmyt eqvi è puyt eofis ip det f'evveryi."
("Je peux comprendre votre peur. Mais vous êtes probablement le plus apte à nous aider en cas d'attaque.")
Lazare secoua négativement la tête. Les battements affolés de son coeur ne faisaient que s'accroître avec les secondes. Bientôt, il en était certain, il ne pourrait plus les aider et céderait à la panique.
"Ki pi m'eo qet vyii ! cria t-il, désespéré. Immi itv nusvi ip wofepv fi tup teph !"
("Je ne l'ai pas tuée ! cria t-il, désespéré. Elle est morte en se vidant de son sang !")
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Lazare | Histoire courte Tyrnformen
FantasyAprès avoir fui la ville d'Isendorn, capitale du royaume humain avec l'aide du prince héritier, Lazare, messager elfe, prend la route pour rentrer chez lui. Humilié et gravement mutilé par ses bourreaux, il espérait alors atteindre son clan dans la...