Après un bain chaud, les infirmières elfes s'occupèrent de ses plaies et blessures diverses. Les bandages furent changés, les plaies et cicatrices désinfectées. Un coiffeur se chargea ensuite de rafraîchir ses cheveux, qui en avaient bien besoin, emmêlés et parasités. Une fois propre, on lui demanda son nom, alors que lui réclamait ses filles. Des gardes partirent sur le champ les prévenir.
Lazare put aussi profiter d'un temps de repos bien mérité. Il ne réussit pas à dormir, éveillé en sursaut à chaque bruit inquiétant, mais il profita du brouhaha apaisant de l'hôpital, dans un semi-coma qui lui fut bénéfique. Deux heures plus tard, des médecins vinrent le chercher en brancard pour le conduire devant le Haut Conseil. L'elfe sentit son estomac se retourner d'appréhension. Le grand moment était venu.
L'ambiance avait nettement changé le temps de sa sieste. Dès qu'il mit un pied hors de sa chambre, il sentit les regards se tourner vers lui. De toute évidence, son histoire avait fait le tour de l'Arbre. Il se contenta d'ignorer la foule qui s'amassait près du brancard, mal à l'aise. Les médecins le déposèrent au téléporteur. Il sauta à cloche-pied à l'intérieur et patienta.
Les capsules, comme on les appelait, étaient de grands blocs de bois blanc, magiques, qui permettaient de monter les étages du capitole. La traversée ne durait que quelques secondes, mais il fallait rester parfaitement immobile, chose difficile avec une seule jambe. Il adopta un posture étrange, les deux bras écartés sur les parois pour maintenir son équilibre, et il retint sa respiration.
Il y eut un flash et les portes s'ouvrirent de nouveau, sur une zone nettement plus luxueuse. Des grands portraits ornaient des murs parfaitement peints. Il fit quelques bonds sur le tapis rouge qui recouvrait l'ensemble des lieux avant que des gardes aux armures semblables à celle d'Iphranir ne volent à son secours.
"Qes odo, nittehir. Mit Epdoipt wuyt evvipfipv."
("Par ici, messager. Les Anciens vous attendent.")
Ils se dirigèrent vers le grand amphithéâtre, pièce majeure du sommet de l'Arbre. Arrivé devant les portes, Lazare prit une grande inspiration. Plus aucun retour en arrière n'était possible.
Les deux portes massives s'ouvrirent devant lui. Les gardes lui fournirent des béquilles et l'encouragèrent à entrer. Lazare s'exécuta sans leur répondre, toujours effrayé. Il avança sans grand entrain et déboucha bientôt devant l'estrade du Haut Conseil, en grande discussion.
Il s'agissait des douze elfes aux longs cheveux blancs. Agés de plusieurs centaines d'années, parfois même de plus d'un millier, ils étaient les plus vieux de leur peuple. Cinq femmes et sept hommes le dévisagèrent durement. Ce duel de regard dura une bonne minute avant que l'un d'entre eux ne prenne la parole : l'elfe le plus à droite, dans une grande robe blanche.
"Vous êtes Lazare, n'est-ce pas ?"
Les elfes du Haut Conseil ne connaissaient que deux langues : l'elfique ancien, incompréhensible du peuple aujourd'hui et la langue commune, parlée dans tout Tyrnformen. Une chance que Lazare la connaissait également. Son cas était loin d'être une généralité.
"Oui, mon vénérable, répondit l'elfe timidement, en s'inclinant comme il était de coutume. Je suis messager royal, je reviens d'Isendorn.
— Et vous semblez avoir rencontré.... Des difficultés, ajouta un second, légèrement moqueur. Néanmoins, nous ne sommes pas là pour parler de vous, mais de votre futur."
Lazare déglutit. Le ton de sa voix s'était fait plus sombre.
"Nos contacts, reprit le premier elfe, nous ont rapporté que vous avez établi le contact avec le prince Aranwë Balrarion, est-ce vrai ? Est-ce lui qui vous a permis d'échapper à la potence ?
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Lazare | Histoire courte Tyrnformen
FantasyAprès avoir fui la ville d'Isendorn, capitale du royaume humain avec l'aide du prince héritier, Lazare, messager elfe, prend la route pour rentrer chez lui. Humilié et gravement mutilé par ses bourreaux, il espérait alors atteindre son clan dans la...