Noctis [partie 1]

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   Maudit chat. Encore une nuit d'insomnie à cause de ses grattements contre ma porte. Ce n'est même pas le mien ! J'ai demandé à tous mes voisins, mais aucun d'eux n'a de chat. Un magnifique chat noir aux yeux d'un vert boueux et une oreille grise.

   Je peste et jette d'un air rageur la couette qui m'étouffe. À tâtons dans le noir, je cherche mes chaussons que je finis par toucher du bout de mes doigts aux ongles rongés par le stress de la semaine. Torse nu et en bas de pyjama, je m'avance d'un pas lourd jusqu'à la porte de mon petit studio d'où résonnent maintenant des miaulements plaintifs.

   À peine ai-je ouvert la porte que le chat s'engouffre avec précipitation dans ma mini-cuisine et va se percher sur mon plan de travail. Je soupire, ferme et verrouille ma porte avant de repartir vers mon lit. Je regarde le chat qui se lèche maintenant consciencieusement les pattes pour atteindre les oreilles.

   Je plonge sous la couette et jette un coup d'œil à mon réveil : 3:43. Et dire que je dois travailler demain ! La patronne va encore me demander de faire ses dossiers alors que je serais sûrement encore sur ceux de la semaine dernière. Je sursaute quand j'entends un bruit sourd, ce qui m'extrait de mes pensées. Mes yeux rencontrent le chat qui regarde en direction de la porte en feulant, les oreilles en arrière et le poil hérissé. Je prends mon oreiller et lui balance dessus en espérant qu'il se taise. Il l'esquive aisément en descendant au sol, me regarde d'un air mauvais puis recentre son attention sur la porte. Il s'approche de celle-ci les oreilles en arrière et la queue agitée. Rah mais quelle sale bête ! Pourquoi je l'ai laissé rentrer ? Il a arrêté de grogner. Tant mieux.

   Je me retourne face au mur et ferme les yeux. J'ai la sensation de glisser dans le sommeil quand je sens quelque chose sauter dans mon lit. J'ouvre les yeux et croise ceux du chat assis bien droit sur ma poitrine et qui me regarde intensément. Ce qui me met mal à l'aise. Très mal à l'aise. Je tente de le faire partir en agitant les bras mais une sort d'engourdissement a saisi mon corps. Je ne peux plus bouger ni parler, juste regarder. La respiration ce fait plus courte, il m'écrase la poitrine, j'ai du mal à respirer. Ma vue se trouble pendant que le chat ouvre démesurément la gueule, faisant apparaître plusieurs rangées de dents pointues, à l'image d'une dentition de requin. Une langue en sort, rouge sang et de la bave s'écoule sur mon torse non recouvert d'un haut de pyjama. Il se met soudain à grossir, m'écrasant de plus belle de tout son poids. De sa langue, il se lèche les babines pendant que ses yeux, réduis à une fente étroite, m'observent comme si j'étais très appétissant. Il va me manger. Alors qu'il s'approche de moi, une sonnerie stridente me réveille en sursaut, mon lit trempé de sueur. Ce n'était qu'un rêve !

   Mon regard dérive vers mon réveil qui affiche 7:30. Un peu chamboulé, je balance mes jambes hors de mon lit et me lève en baillant. La lumière filtre par les stores et j'écarte ceux-ci pour voir le ciel. Il pleut. Je soupire en reportant mon attention sur ma mini-cuisine alors que quelque chose bouge à l'extérieur. Je détourne vivement le regard vers la rue mais ne vois rien. Persuadé que c'est dû à la fatigue, je me dirige vers la machine à café pour me préparer un expresso qui pourra me tenir éveillé pendant la journée.

   Tiens le chat est encore là. Je me gratte la tête. Je l'ai donc bien fait rentrer pendant la nuit et j'ai dû m'endormir après et faire ce cauchemar, pourtant très réaliste. J'ai encore la sensation du mammifère assis avec lourdeur sur ma poitrine. En me massant la torse, je caresse distraitement le chat qui ronronne. Je sens soudainement une douleur aiguë et tourne vivement la tête. Cette saloperie vient de me mordre ! Les yeux grands ouvert, il m'observe d'un air mauvais. Rah c'est pas possible ! La blessure n'est pas très profonde mais ça fait mal !

   Agacé, je pose ma tasse dans l'évier déjà croulant sous la vaisselle sale et me dirige vers la salle de bain pour nettoyer la plaie. En passant ma main sous l'eau, je m'observe dans le miroir. De profondes cernes violettes creusent mes yeux et ma barbe mal rasée me donnent une mauvaise mine. Encore plus que d'habitude. Une fois habillé, douché et rasé, je saisis mon sac de boulot et jette un coup d'œil à ma montre : 8:30. C'est bon, je suis dans les temps.
  
   Soudain, j'entends quelqu'un frapper à ma porte. Intrigué, je m'approche et regarde qui c'est à travers le judas. Une magnifique femme blonde en tailleur attend en pianotant sur son attaché-casé. Que fait ma supérieur ici ? Je déverrouille la porte et l'ouvre, aussi surpris qu'inquiet. Si ma patronne est là, il doit y avoir un problème. Je me souviens juste d'une chose avant qu'une douleur lancinante me déchire les entrailles : « Merci pour avoir gardé Noctis, il faisait du repérage et je crois que vous êtes à son goût. ». La maudite femme m'a enfoncé un long couteau dans le ventre et je sombre dans l'inconscience.

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Waow eh ben ! Ça faisait longtemps que je n'avais pas écrit d'histoire d'horreur mais j'espère que je ne suis pas trop rouillée 😁. Je sais que ce récueil est sensé être terminé MAIS j'ai vu que le nombre de vues et de votes avaient augmenté depuis la fin et ça m'a motivé pour écrire une nouvelle histoire. Certes, en deux parties, mais j'espère que ça vous fait plaisir 🙂.
En tout cas merci beaucoup ! Je vais publier la suite dans deux jours je pense pour laisser un peu de suspense ! Sûr-ce à bientôt 🙂.

N'ayez pas peur... [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant