7. C'est aussi ça la vie

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On vient d'arriver. 

Y'a les sirènes en bas de l'immeuble, Mickaël essaye d'appeler Anna, j'essaye de te joindre, ça décroche pas. J'm'approche, t'es là dans l'ambulance. 

C'est toi mais ce n'est pas toi parce que ça ne peut pas être toi.

On parle de mauvais mots que je ne veux pas répéter, je songe mauvais rêve et je demande  à Mike de me pincer. Il pleure,  Anna vient d'arriver : on est trois sur quatre. Amputés d'un quart, les bras ballants dans nos vêtements froissés avec nos mines décomposées. Et, avec mon sourire évaporé plaqué sur ma face brouillée, j'embarque avec les autres dans l'véhicule.

Il parait qu'on n'a pas eu la même soirée ni la même chance. T'es si pâle, si inerte, si froide, j'ai le cœur qui se serre et la bile aux bords des lèvres. Je sais pas si j'vais pleurer ou vomir en premier. 

Chaque sursaut du bolide sur les routes défoncées rythme les sanglots du chagrin que je n'arrive pas à extérioriser.

J'observe la tristesse de leurs visages suinter de tous leurs pores, j'observe la moue soucieuse des pompiers et je fixe mes mains terreuses qui sentent le sel. J'les passe dans mes cheveux qu'embaument le tabac froid et j'me dis que si tu dois mourir, j'mourais avec toi.

Viens on voyage, tu m'avais dit, et là, j'opine encore, même si c'est le dernier.

Dans la Ville LumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant