Chapitre 11

2.5K 171 32
                                    

Les jours passent et nous enchaînons nos vidéos et autres projets divers. La relation entre Théo et moi se dégrade, chacun prenant lentement ses distances. Je trouve ça vraiment dommage.  C'est une situation vraiment étrange, en réalité c'est plutôt lui qui s'éloigne mais moi au lieu de faire en sorte que les choses aillent mieux, je laisse faire. Pathétique.  J'aimerais que les choses se passent autrement, oui, mais je ne réagis pas. Les autres m'ont déjà questionné à ce sujet mais je ne répondais rien. Que pouvais-je dire ? Je me sens impuissant

Aujourd'hui, après un tournage collectif, Théo nous a tous invité au café. Nous sommes actuellement tous autour de la table. Personne ne parle, redoutant le sujet que Théo va aborder.

-Les gars, il commence. Vous vous en doutez, je vais vous parler de ma décision à propos de la proposition qui m'a été faite.

Il marque une pause. Un silence plane autour de nous.

-Donc, j'ai énormément réfléchi et je ne savais pas quoi faire, mais j'ai pensé qu'un job rêvé comme ça ne se présentera pas à moi tous les jours. Tout en continuant en étant « Mastu » je peux réellement travailler en vraie entreprise et bosser sur pleins de projets divers et variés. Ça va me changer, mais j'ai accepté de faire un essai.

Il s'arrête de nouveau. Le même silence. Tout le monde se regarde. Aucun de nous n'ose prendre la parole. Il me regarde, le visage très sérieux. Je tente :

-J'espère que ce job te conviendra. Tu as fait le choix que tu voulais, on te soutiendra tout le long. Et ne t'en fait pas, si tu n'apprécie pas ton essai, on t'accueillera à bras ouverts, la Redbox continue à être comme un deuxième chez toi.

-Merci.

Tout le monde me fait les yeux ronds. Ce n'était pas la réponse attendue on dirait. Chacun pose ses questions et petit à petit l'heure tourne. 

-Tu as des infos sur tes horaires de travail? questionne Neoxi.

-Non, pas encore, j'ai cru comprendre que ce serait assez libre.

-L'entreprise est grande? Je veux dire, combien d'employés y-a-t-il? demande VodK.

-Pour l'instant ce n'est que le début, environ 30. 

Je n'écoute cet interrogatoire que d'une seule oreille, je suis abasourdi même si je tente de cacher mon désarroi. 

-Tu vas habiter où? A Paris, c'est galère de trouver un appartement, dit Maxime.

-Mon cousin me loue son appartement. J'ai eu de la chance, il s'est libéré il y a peu et il a accepté d'attendre ma réponse.

Toutes ces questions me donnent le tournis, c'est définitif maintenant. J'en ai bien peur. Je décide de les saluer.

-Il faudrait que je rentre. Je suis désolé, cette soirée sera chargée pour moi. 

 Je me tourne vers Théo.

-Théo, je n'espère que le meilleur pour toi. Bonne chance pour ce job. A demain tout le monde.

Je sors nonchalamment du café. Soudain VodK, Neoxi et Maxime me tombent dessus. Mais qu'est-ce qu'ils me veulent bon sang ? 

-Et tu vas rien faire ?? crient-ils en même temps.

-Mais enfin, que voulez-vous que je fasse ? C'est sa décision, pas la mienne.

-Oui bien sûr, mais vous devriez vraiment parler, pour dire ce que vous avez sur le cœur, explique Neoxi.

-Oui c'est pas très clair ce qu'il se passe en ce moment. Je pense que vous avez des choses à vous dire, ajoute VodK.

-Et tu es sûr de ce que tu ressens ? Votre relation était tellement unique, et belle. Je pense que tu n'es pas toi-même au clair, renchérit Maxime.

Et il a raison.

-C'est vrai, mais c'est pas facile. Je ne sais pas si je l'aime. Je ne me suis jamais posé la question et c'est vrai que ça a toujours été... ambigu entre nous. Mais c'est sûr qu'il va me manquer.

-Vous réussirez à vous voir le plus souvent possible, j'en suis sûr, tente de me rassurer Neoxi.

-Oui, on va essayer.

-C'est vraiment dommage, je suis certain que ça marcherait bien entre vous, réfléchit Maxime à haute voix.

Peut-être que ça marcherait, en effet. Je ferme les yeux. Je me rappelle du « joystu » du Japon et du plan qu'on avait tourné main dans la main. J'essaye de me rappeler de la sensation de ma main dans la sienne. Ce n'était pas désagréable au contraire. Est-ce qu'on peut dire... Que j'ai aimé ça ? Peut-être bien. J'ai le cœur qui se serre, tout ça sera bientôt fini. A ce moment je me dis que finalement j'aimerais qu'il reste ici, près de moi. Finalement la seule chose dont j'ai envie, est de me blottir contre lui. Il va me manquer. 

Et merde, je suis trop con.

Ouvre les yeux [Joystu]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant