TRUST NO ONE

Flash-back vol.1

Nayla avait cinq ans. Tous les quatre, Rachelle, Nayla, Neyla et Asher jouaient dans le square près de chez eux. La famille de Rachelle et celle de Nayla étaient voisines dans le même petit immeuble dans une banlieue plutôt aisée et tranquille, vivant à un étage d'écart. Le quartier était toujours calme et à cette heure-ci il n'y avait pas encore grand monde dans l'aire de jeu qui était de toute façon rarement très bondée. C'était sûrement pour ça qu'ils avaient décidé d'emménager là d'ailleurs, la tranquillité des lieux. En plus de la tranquillité, leur bloc d'appartement était plutôt neuf, les appartements étaient spacieux et proche de l'école des enfants.

Ils se connaissaient depuis toujours et avaient l'habitude de jouer ici. Les deux mères de famille avaient liées des liens ensemble quand elles avaient emménagées: il y avait alors encore que très peu de résidents et elles étaient devenu amie car elles avaient eu deux filles du même âge. En plus de cela leur résidence organisait tous les ans des repas de quartier qui facilitaient les liens entre les habitants. 

Asher et Nayla construisaient un petit château dans le bac à sable pour enfant alors que Rachelle jouait à la poupée non loin d'eux. Ils aimaient bien être ensemble tous les quatre, même lorsqu'ils jouaient à des jeux différents. Neyla sur la balançoire un peu plus loin les regardait, l'air amusée, comme si elle pouvait se contenter de s'amuser parce que les autres s'amusaient. Elle semblait loin, dans son propre monde, comme les enfants distraient pouvaient parfois l'être.

- Maman ! Maman regarde notre château magique ! Il est beau hein! fit Nayla en souriant de toutes ses dents, montrant son chef-d'œuvre de ses deux mains pleine de sable.

- J'ai vu ma chérie, C'est magnifique, sourit sa mère.

C'est étonnamment normal de recevoir ce genre de compliment en public. Nayla riait de manière innocente et se remit au travail, en s'amusant avec Asher alors que Rachelle se décidait à venir les aider pour terminer leur beau château.

- Nayla ! Fait une grande porte au château pour faire entrer le dragon ! clama le jeune garçon en faisant des gestes exagérer pour illustrer son propos.

- Non pas le dragon ! Il est vilain pas beau! dehors ! rouspèta Nayla, secouant la tête pour montrer son mécontentement. En plus ça va tout casser !

Nayla croisa ses bras contre son torse, inflexible. Elle avait beau n'avoir que 5 ans, elle avait déjà ce caractère affranchit qui amusait curieusement son grand frère. Ils se chamaillaient gentiment et Rachelle décida de faire une porte comme elle put, clamant qu'elle était assez grande pour faire rentrer tout le monde et Ash parut contenté par la décision. De toute façon, ça lui importait peu. Il aimait surtout bien embêter sa petite sœur, du haut de ses 9 ans, parce que c'était marrant de la voir prendre ses airs de petit chef. Rachelle s'appliquait bien, pour ne pas tout détruire. Déjà à son âge, elle était une enfant toujours très appliquée.

Soudain, le château s'effondra. Les trois enfants qui s'affairaient précédemment à la tâche se regardèrent, plein d'incompréhension puis Nayla se mit à pleurer comme si elle avait perdu père et mère. Sa sœur sourit, bizarrement, creusant un trou dans le sable avec sa petite bottine rose, regardant le sol, rêveuse.

- Maman! Neyla a cassé notre châteauuuuuuu!

Asher prit Nayla dans ses bras pour la consoler alors que Rachelle allait se cacher derrière sa mère, reniflant bruyamment. Ça aurait pu être un incident enfantin, normal et sans conséquences. Ca aurait simplement pu s'arrêter là. Tous les enfants passaient par une phase où ils détruisaient tout. Sauf que cela ne fut pas le cas.

- Neyla enfin ! Pourquoi est-ce que tu as fait ça, s'affola sa mère en s'avançant vers sa fille, s'accroupissant devant elle, la tenant par les bras. Tu sais que ce n'est pas bien de casser les affaires des autres, ça les rend triste. Tu ne peux pas faire ça.

La petite fille haussa les épaules, un sourire angélique aux lèvres. Elle ne semblait pas du tout enregistrer ce qu'il se passait comme quelque chose de négatif ou comme si elle avait fait une bêtise. Les mains dans le dos, elle se balançait de droite à gauche et répond innocemment les yeux toujours rivés sur le sol :

- J'ai pas fait de bêtise, je m'amuse juste! C'est rigolo de voir Nayla pleurer comme un bébé !

Elle souriait. Si la mère de Rachelle était un peu perturbée par cette réponse, elle comprenait qu'un enfant pouvait ne pas comprendre ce qu'elle avait fait de mal. Et pourtant... Le regard de la mère de Neyla semblait horrifié à cette réponse. Comme si ce n'était pas la première fois qu'elle disait ce genre de chose. Sa mère lui chuchota alors:

- Neyla, on en a déjà parler tu ne peux pas t'amuser du fait que les gens sont tristes, ce n'est pas bien! Tu n'aimerais pas que les autres te rendent triste n'est ce pas?

- Je suis jamais triste, moi, répondit-elle.

Elle attrapa ensuite la main de son enfant, offrant un sourire crispé à sa voisine en lui disant qu'il commençait à se faire tard et qu'elle devait rentrer. Le soir même, Nayla entendit une conversation entre ses parents mais son frère l'emmena dans sa chambre pour ne pas qu'elle y assiste. Il essayait toujours d'épargner à ses petites sœurs les disputes de ses parents, comme s'il pouvait leur éviter de vivre ce que lui avait vécu. Il faisait de son mieux. Quelques minutes plus tard, leur mère était venu les voir dans leur chambre, rassemblant ses trois enfant pour avoir une discussion :

- Vous vous souvenez de ce qui s'est passé cet après-midi?Quand Neyla a détruit le château. 

Les trois enfants hochèrent la tête silencieux. 

- On va faire un jeu d'accord ? On ne doit jamais en parler, compris ? Parce qu'on l'aime très très fort, ça doit rester entre nous. Ce sera notre petit secret. Si jamais vous ne respectez pas les règles du jeu, vous avez perdu et vous serez punis.

Ce jour-là, pour la première fois, les enfants promirent de cacher cette partie de Neyla au reste du monde. Ils ne se doutaient pas que plus tard, ils auraient à le faire à nouveau de nombreuses fois encore, et pire encore: ils devraient aller jusqu'à cacher son existence.