Le Dr Reed était assis a son bureau chez lui, le téléphone à l'oreille, écoutant les sonneries lui indiquant que son appel était en court. Il cru d'abord qu'il allait tomber sur la messagerie et il l'aurait comprit: il était plutôt tard pour un appel et il appelait avec son téléphone personnel. Beaucoup n'auraient pas répondu. Et pourtant quelqu'un décrocha. Quand ce fut le cas, c'était comme s'il était un pantin qui prenait soudainement vie: il se redressa brusquement, et se mit à parler:
- Oui allô, bonjour! je suis le Dr Reed, psychiatre et psychologue judiciaire. Je suis le médecin en charge de votre fille pour son évaluation. Je voudrais savoir s'il serait possible que nous discutions vous et moi? Elle a laissé entendre que sa famille pourrait nous apporter des réponses... Pardon? Comment ça, vous n'êtes pas disponible, je ne vous ai pas encore donné de date... Non, évidemment, ce n'est pas une obligation mais ce serait bénéfique pour... Et elle a raccroché. Parfait.
Il poussa un soupir, défaitiste. Comment cette mère pouvait-elle raccrocher quand la vie de sa fille était en jeu? D'accord, il s'agissait peut-être d'une famille disfonctionnelle mais tout de même, elle restait la mère de cette jeune femme. Dans le dos du Dr Reed, sa femme lui massait les épaules, en forme de soutient.
- Alors? demanda-t-elle doucement.
- Elle refuse de me parler. Nayla, ma patiente, elle a parlé de choses inquiétantes. D'un soit disant meurtre dans la famille et de torture...Je pense pas qu'elle parlait au sens littéral mais je voudrais parler avec ses parents, avoir leur version de l'histoire... J'aimerai comprendre.
- Si tu ne peux pas avoir ses parents, alors c'est comme ça. Peut-être que si tu lui demandes la vérité, elle te la donnera, fit-elle en haussant les épaules
- Je n'en suis pas sûre.
Il était peut-être un peu défaitiste mais cette affaire le poussait à se remettre en question. Lui qui n'avait jamais douter de ses capacités commençait à se dire qu'il n'avait pas la bonne méthode pour cette affaire.
- Dans tous les cas, pourquoi tu n'appelles pas ses amis, ou son frère? demanda sa femme, tentant de l'encourager.
Le Dr Reed lui sourit avec tendresse, posant sa main sur celle de sa femme. Il se sentait reconnaissant de ne pas être seul dans tout cela.
- Je vais essayer. tu devrais te reposer, va te coucher, je te rejoins dès que j'ai passer mes appels
- D'accord. Ne te prend pas trop la tête.
- Promis.
Il passa plusieurs appels. Son frère n'avait pas répondu et si ça l'avait un peu démoralisé, il avait continué avec les amis de sa patiente. Il avait été heureux quand ceux-ci avaient accepté de lui répondre, enfin.
Il écoutait ses amis la décrire et elle ne semblait pas très différente de l'image qu'il en avait. Mais quand il posait la question de sa deuxième personnalité, il avait toujours le droit à la même chose. D'abord le silence, la surprise et puis la dénégation.
La seule chose qui l'avait un peu fait tiquer avait été d'entendre son amie Rachelle dire "sur tous les mensonges qu'on aurait pu créer, jamais on aurait menti sur son état mental, surtout si ça aurait pu l'aider au procès. Si elle avait eu une deuxième personnalité, je serais au courant. Enfin je pense." Il n'était pas sûr mais il pensait qu'il y avait un sous entendu derrière qu'il ne pouvait pas comprendre.
Il poussa un long soupir, en regardant ses notes. Il savait que quelque chose ne collait pas. Quelque chose clochait, comme s'il lui manquait un élément de compréhension et c'était terriblement frustrant. Elle paraissait si normale, et même en évoquant de possible sujet trigger, rien n'avait fait sortir sa deuxième personnalité. Pourquoi avoir tué son camarade de classe ?
Il décida d'aller se coucher, bien décidé à lui demander le lendemain. Il se réveilla, secoué par une nuit agitée. Il avait eu du mal à dormir avec toutes ses réflections qui tournaient en boucle dans sa tête.
Après avoir pris son petit déjeuner, il dévala les escaliers à la volée et se rendit sur son lieu de travail. Quand enfin, il se trouva face à Nayla Blake, assis sur sa chaise comme toujours, il lui raconta la conversation avec ses parents, puis il lui parla de ses conversations avec ses amis avant d'ajouter:
- Ecoute. Ton procès à lieu dans 3 semaines. Il faut que tu me dises la vérité maintenant, quoi que tu me caches. Si tu ne le fais pas, c'est risquer de te mettre en danger. C'est risquer qu'on entende pas la vérité, c'est risquer la prison à perpétuité.
Il fit une pose, inspirant un grand coup.
- Ecoute, je sais que tu tenais à Joshua, je l'ai compris en discutant avec tes amis. Ils m'ont dit que vous étiez proches tous les deux. Je sais que tu ne lui aurais pas fait de mal volontairement n'est ce pas?
- Non, bien sûr que non. Je ne suis pas violente, contrairement à ce que tout le monde semble penser.
- Alors tu dois tout me dire. Tu lui dois aussi la vérité à lui, il le mérite. Laisse-moi parler à ton autre personnalité. Laisse la me raconter ce qu'il s'est passé.
Nayla fronça les sourcils, semblant ne pas comprendre.
- Qu'est ce que ça apporterait à ce point de vous donner la vérité?
- Je suis de votre côté, je veux que la justice soit juste et que vous soyez traité correctement. SI vous me donnez la vérité, ça facilitera les choses.
- Vous vous trompez sur mon compte, fit-elle en secouant la tête. Je croyais que vous aviez compris mais on dirait que non ou alors vous avez compris qu'à moitié.
- Alors éclairez moi.
- Je vous ai pas menti, j'ai juste... omis quelques informations, c'est tout. Le reste, je l'ai pas dit, vous l'avez simplement extrapolé. Ce n'est pas moi qui l'ai tué. C'est bien elle.
Elle pinça les lèvres, semblant rassembler ses pensées.
- c'est elle mais pas celle que vous croyez. Vous voulez la vérité ? très bien. Mais promettez-moi de m'écouter jusqu'à la fin.
VOUS LISEZ
TRUST NO ONE
Short StoryQuand un meurtre survient dans cette petite université, le coupable parait évident, c'est ELLE. Mais... Et si derrière ce meurtre ce cacher une autre vérité, bien plus lourde à porter?