Charlène McBee était ce que l'on appelait une nerd. Depuis le collège jusqu'à l'université, elle avait toujours été considérée comme telle. Elle était la chouchoute des professeurs, entièrement concentrée sur ses études pour tout le monde... Et aujourd'hui elle ne dérogeait pas à cette image. Avec son gilet en laine et son écharpe, ses lunettes ovales et ses long cheveux descendant jusqu'à ses hanches, elle passait les portes du commissariat.
Pourtant elle n'avait de tout ça que l'image. Elle se fichait pas mal de ses études, mais ses parents avaient les moyens de la voir échouer à répétition sans s'en soucier. Elle faisait partie d'un groupe d'amies qu'elle critiquait autant qu'elle critiquait les autres avec ses amies. Dans son groupe, elles le savaient toutes, parlaient toute dans le dos les une des autres mais ça semblait leur convenir. Elle était vu comme la petite timide, un peu à part, mais elle faisait partie intégrante de l'engrenage. Elle était identique aux autres et tous ceux qui la côtoyaient plus de 10 minutes le savaient.
Tapant régulièrement sa botte sur le sol, assise impérieusement sur son fauteuil, le dos raide, elle écoutait le policier lui raconter les faits, lui parler du déroulement de l'interrogatoire. Elle avait déjà envie de partir. Tout cela ne la concernait pas, elle ne voyait pas pourquoi elle était considérée comme un témoin important.
- Bien vous êtes prête ? Allons-y, déclara le policier, d'un ton rassurant, face au visage triste et apeuré de Charlène.
- Je n'étais pas vraiment en très bon terme avec elle, commença–t-elle, croisant les mains sur ses genoux. On était amies au collège mais c'était il y a très longtemps.
- A votre avis, avait-elle des comportements étranges ou violents?
- Honnêtement, je n'avais jamais vraiment fait attention, mais maintenant plein de détails me paraissent bizarres quant à son comportement. Comme par exemple, sa fausse bonne humeur alors que chez elle, c'était carrément la débâcle, ou bien sa façon de se montrer bien trop gentille avec les gens... comme si elle attendait quelque chose en retour.
Bien sûr, Charlène n'avait pas oublié: Nayla était allé vers elle au début du collège, se moquant des rumeurs sur elle, et elle avait été sa première véritable amie. Elle avait été gentille, et l'avait défendu quand les gens de sa classe qui la raillaient sur son apparence. Mais voilà, Charlène ne pouvait s'empêcher de la détester quelque par. Elle semblait avoir tout, être parfaite en tout circonstance. Et ça la rendait exécrable à ses yeux.
Pour Charlène qui ne savait pas comment se faire des amis, du moins pas des amis sincères, alors quand elle avait vu que Nayla se détachait d'elle pour s'en faire de nouveaux, elle avait préféré couper les ponts. Et pourtant, elle avait l'impression que c'était Nayla qui l'avait abandonnée en ne se rendant pas compte de son mal être. C'était aussi insupportablement énervant que ça la rendait triste. La solitude accompagnait Charlène partout malgré elle alors qu'elle faisait tout pour la fuir. Elle ne comprenait pas comment tout semblait plus facile pour les autres, s'en était blessé.
- A mon avis ce n'est pas si étonnant qu'elle soit capable de...
Dans un élan de regret, elle se décida à compléter sa pensée. Elle avait laissé son venin se répandre comme elle en avait l'habitude, mais ici il ne s'agissait pas de ragots sans conséquences. Elle ne voulait pas être responsable de quelque chose de grave pour un peu d'animosité.
- Enfin je veux dire quand quelqu'un s'en prenait à quelqu'un qu'elle aime, elle entrait dans une rage folle. Elle aurait été prête à tout pour les défendre.
- Avait-elle selon vous une raison de vouloir se défendre contre Mr Ramirez?
- J'en sais rien. On était pas si proche, fit-elle finalement. Je dis seulement que vu comme elle était au collège elle aurait été capable de ça avec les bonnes motivations.
- A vrai dire, vous êtes la première à me dire ça.
Charlène remonta ses lunettes en soupirant. Son apparence donnait confiance alors elle se doutait que son témoignage serait sûrement plus prit au sérieux que certains.
- Si vous avez seulement interroger ses amis, ça me semble normal. On a pas tous la même vision des mêmes choses. Certains son trop près de l'action pour voir ce qui se passe sous leur nez.
- Vous étiez à la fête?
- Oui, comme beaucoup de monde.
- Vous aviez bu?
- Non, c'est toujours plus intéressant d'observer les gens. Et puis je devais m'occuper de mes copines.
- C'est-à-dire?
- J'étais censé les gérer si elles étaient trop bourrer pour ne pas qu'elles fassent de bêtises ou qu'il leurs arrive un truc.
- C'est un gros travail pour une soirée. N'est ce pas pesant de devoir faire le chaperon pour tout le monde?
- J'ai l'habitude, fit-elle en haussant les épaules.
- Ca n'excuse pas, fit-il.
Charlène se racla la gorge mal à l'aise. Elle ne se sentait pas de questionner ses amitiés, là, comme ça, devant un policier. Elle avait conscience que rien n'était solide et que ça se basait sur leurs besoins mutuels. Ca lui allait très bien. Elle ne cherchait pas d'amitié profonde, juste de la compagnie. Du moins, c'était ce dont elle essayait de se persuader.
Face à son malaise évident, le policier décida d'enchainer sur le reste de ses questions.
- Est ce que vous avez vu Nayla?
- Croiser, oui, mais je n'ai pas fait plus attention que ça. On est pas vraiment amies, elle n'était pas ma priorité.
- Avez vous vu la scène?
- Sur internet, comme beaucoup de monde à l'université. Sur place non. Quand j'ai vu la police, je suis directement rentrée chez moi. Je pensais qu'ils étaient là pour du cannabis ou une plainte pour tapage, j'en sais rien. Je ne voulais pas de problème. Je sais juste que j'ai croisé Nayla en partant.
- Pardon?
- C'était la cohue dans l'entrée quand les policiers sont arrivés, mais je crois que je l'ai croisé dans la foule avant de partir. Elle avait une veste violette et elle gardait la tête baissée, sûrement pour ne pas se faire remarquer après ce qu'elle avait fait. Je suis partie sans demander mon reste. C'est tout ce que je sais.
Visiblement Charlène n'avait pas conscience de l'impacte qu'aurait son témoignage sur l'enquête.

VOUS LISEZ
TRUST NO ONE
Proză scurtăQuand un meurtre survient dans cette petite université, le coupable parait évident, c'est ELLE. Mais... Et si derrière ce meurtre ce cacher une autre vérité, bien plus lourde à porter?