TRUST NO ONE

Témoin n°5

Comme tous ceux de leur groupe d'amis, Lina Tiltberg avait été appelée à témoigner devant la police au sujet de Nayla. Evidemment qu'elle le serai au vu de leurs relations. Mais pourtant elle n'était pas à l'aise de le faire. Et honnêtement, elle détestait devoir témoigner contre Nayla. Bon d'accord, elle savait qu'elle ne témoignait pas réellement contre son amie mais c'était le sentiment qu'elle avait. Elle était plutôt petite et avait l'allure d'un petit ange avec ses yeux bleus, ses longs cheveux blonds et son visage enfantin.

Honnêtement, elle avait failli ne pas venir. Elle était d'une timidité presque maladive et avec les derniers évènements, elle ne se sentait pas trop de sortir. Mais elle avait eu peur d'être poursuivi par la justice si elle ne se présentait pas - même si elle avait conscience que c'était totalement improbable- alors elle était là.

Le policier en face d'elle l'intimidait un peu: Il était grand et costaud, avec une barbe de trois jour, l'air clairement exténué. Il la regardait pourtant avec bienveillance et il semblait très patient. Encore une fois, il n'y avait pas d'explication aux peurs irrationnelles. Elle regardait partout sauf le policier pour se donner contenance. Elle fixait les murs au papier peint jaune pale, la petite fenêtre qui donnait sur le parking, le bureau en bois clair sur lequel trônait un ordinateur. Tout ressemblait à un bureau classique. Et elle trouvait que ça dénotait particulièrement avec la raison pour laquelle elle était ici.

Un meurtre. Même dans sa tête ça sonnait faux. Ca ne pouvait pas être vrai. Pour elle c'était tellement lointain, comme ces faits divers qu'on voit aux infos mais qui ne nous touche pas vraiment. Elle n'avait pas vu la scène, et si elle était reconnaissante de ne pas avoir cette image gravée dans sa mémoire, ça ajoutait aussi au côté mystique de tout ça.

- Comment était votre amie et quelle était votre relation avec elle? commença-t-il

L'inspecteur attendait qu'elle réponde à sa question mais elle cherchait encore ses mots. A vrai dire elle n'y avait jamais vraiment penser avant alors c'était difficile de trouver une description adéquate en si peu de temps. Encore une fois, le policier semblait être d'une patience infinie.

- Nayla est très gentille. Je ne peux pas croire que c'est elle qui a fait ça, fit-elle en secouant la tête. Ca me parait tellement...impossible. On se connaissait depuis presque toujours, on faisait parti du même groupe d'ami et ça ne m'a jamais traversé l'esprit qu'elle pouvait ne serait-ce qu'être vraiment violente.

- Comment ça "vraiment violente"?

- Elle se donnait l'image de quelqu'un de violent pour ne pas qu'on nous embête, mais en réalité c'était que des mots. Elle n'a jamais rien fait, ne s'est jamais battu. Je voulais pas sous entendre qu'elle pouvait être violente de quelque façon que ce soit, chuchota-t-elle l'air inquiète. 

Le policier lui offrit un sourire en secouant légèrement la tête. 

- Ne vous en faites pas, ce n'est pas le cas. Je voulais simplement que vous spécifiez votre pensée sur le sujet. Ce sont des questions sans sous entendu, ne soyez pas inquiète. 

Lina avait bizarrement du mal à croire que rien n'était orienté. Qu'il le veuille ou non, a travailler sur cette affaire, le policier avait forcement finit par se faire un opinion sur Nayla et allait chercher inconsciemment des biais de confirmation dans ses questions. Impartial n'avait jamais vraiment été humain.

- Vous étiez à la soirée?

- Non, je n'étais pas à la soirée ce jour-là.

"raison pour la quelle je me demande même ce que je fais là, mais bon" pensa-t-elle. Cependant elle se retint de le dire. Ce n'était pas sa place de juger des décisions prises dans l'enquête. Si on l'avait appeler, c'était surement parce qu'on la croyait capable d'apporter quelque chose, que ce soit vrai ou non. 

- J'ai surement dû manger un truc pas frais parce que franchement, je n'étais pas dans mon assiette, continua-t-elle. J'étais patraque et j'avais décidé de me reposer. Mais avant d'aller à la soirée, Nayla est passée chez moi. Elle est restée avec moi jusqu'au dernier moment. Elle est comme ça. Toujours attentive aux autres. Elle m'avait proposé de rester avec moi mais je l'avais convaincu d'aller s'amuser. Je n'aurait peut-être pas dû, souffla-t-elle.

- Alors comment expliquez-vous le fait qu'elle était sur la scène du crime, les mains couvertes de sang ?

Un étrange malaise apparaît comme une épaisse fumée dans la pièce. Sans savoir pourquoi, Lina sentit son estomac se nouer. Elle se recroquevilla sur elle-même et le policier compris son malaise, se reculant légèrement avant d'enchaîner pour lui changer l'esprit.

- Avez-vous déjà vu un comportement étrange chez elle ?

- Non pas vraiment. Elle était plutôt secrète sur sa vie personnelle mais elle avait appris ça dans son enfance alors bon je suppose que c'était normal pour elle. Plein de gens ne parlent pas vraiment de leurs problèmes, ça ne fait pas d'eux des tueurs pour autant. Enfin je crois pas.

Elle se sentait terriblement mal à l'aise. Mais elle ne savait rien, ne comprenait rien. Elle croyait connaître son amie, peut-être que ce n'était pas le cas. Ou alors elle la connaissait et toute cette enquête n'était qu'une grossière erreur. Peu importe la réalité, elle aurait préféré que tout reste comme avant, que cette soirée n'ait jamais existé. D'ailleurs il lui arrivait d'en vouloir au monde de l'avoir tenu au courant. Elle aurait préféré rester dans le déni.

- Je sais que tout cela doit être bouleversant, mais vous devez savoir que l'enquête n'a pas encore conclue quoique ce soit au sujet de votre amie. Il vous reste de l'espoir. Nous voulons aider votre amie. Donner la justice à Mr Ramirez. Nous faisons tout pour que cette histoire soit bientôt derrière vous. Je n'ai pas d'autre question pour l'instant, restez joignable cependant. 

Sans savoir pourquoi, Lina senti une étrange envie de vomir lui prendre les tripes. Plus le policier essayait de la réconforter et plus elle se sentait mal. Mais au fond, tout au fond d'elle, quand elle se concentrait bien elle percevait autre chose que ce terrible malaise. Et le pire, c'est que ce sentiment la terrifiait encore plus. 

Elle quitta le commissariat avec la sensation qu'elle y retournerait bien plus tôt qu'elle ne l'aurait penser. Et ça ne la rassurait pas tellement.