▪ Agent Double ▪

Partie 6 - dériver entre Mars, Saturne et Jupiter

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Le lendemain matin fut pénible à en mourir. Rien de prévu pour nous avant au moins une bonne semaine ! Qu'allais-je faire ? Je me balançai paresseusement sur ma chaise, distraite par les commentaires des filles à côté de moi. Je les écoutais d'une oreille sourde. J'étais plutôt rêveuse ces derniers temps. Alice se pencha vers moi, ses yeux interrogateurs me faisant tiquer.

- Qu'est-ce qu'il y a ? grommelai-je.

- T'avais l'air d'être partie très loin dans ton monde, fit-elle.

Je bâillai à m'en décrocher la mâchoire ; la nuit avait été remplie de questions existentielles sur moi, sur la police, sur Beladonis, sur la Team Galaxie, sur Saturne, sur Mars ... j'avais tout passé en revue. En d'autres termes, la nuit avait été courte. Je frottai mes yeux endormis.

- J'aimerais pouvoir dormir encore un peu, râlai-je.

- Tu peux aller dans la salle de repos, m'informa Alice en me faisant un clin d'œil.

- Il y en a une ici aussi ? minaudai-je, à moitié avachie sur mon plan de travail.

- Oui, en plus on n'a pas de tâches spécifiques pour aujourd'hui, tu peux y aller.

Elle m'indiqua une direction vers la droite. Je fis un large « oui » de la tête avant de partir en somnolant. Ça m'apprendra à vouloir jouer les rebelles. 

Cependant, la discussion avec Beladonis m'était restée en travers de la gorge. Je maugréai. J'étais tellement dans les vapes que je me dirigeai presque à l'instinct dans le bâtiment. Je pivotai nonchalamment vers la pièce qu'Alice m'avait indiqué. S'il y avait véritablement une salle de repos dans cet immense endroit, je crierai victoire. 

En tournant dans le couloir, je faillis rentrer dans quelqu'un de peu. Ce bond soudain me donna une gifle mentalement, me réveillant aussitôt, comme si j'avais décuvé de ma léthargie. Je me figeai en voyant qu'il s'agissait de Mars. Elle me scrutait avec attention. Je m'excusai convenablement.

- Ah ! hoquetai-je de surprise, je suis vraiment désolée commandant Mars !

Elle me saisit par les bras si rapidement que je fis un mouvement de recul.

- Je te cherchais justement ! me confia-t-elle, ses yeux fichés dans les miens.

Elle avait l'air tout à fait sérieuse. Je battis des paupières, incrédule. J'avais été prise de court, comme si je venais de sortir de mon état de latence.

- Vous ... me cherchiez ? répétai-je comme si j'avais mal compris.

- Oui, assura-t-elle une fois de plus, viens avec moi !

Elle m'entraîna avec elle, ne prenant pas compte de mes ronchonnements dans son sillage. Mais je voulais juste dormir moi ! Pourquoi étais-je sans cesse interrompue dans mes actions ? Je ne pouvais que la suivre, elle avait une autorité sur moi que je ne pouvais contester. 

La rouquine gravit les marches des escaliers en hâte, me forçant à presser le pas. Mais où allait-on de si bon train ? Sur le palier réservé à leurs étages, elle se décida à défaire l'étreinte de sa main sur mon poignet. Elle se focalisa sur moi. Elle paraissait prendre une grande décision intérieure. Qu'est-ce qui la tracassait autant ?

- Ecoute, s'adressa-t-elle enfin à moi, tout d'abord, j'aimerais te remercier pour hier.

Hier ? Ah oui, la mission, le chaos total. Je m'en souvenais aisément. Je me souvins aussi qu'elle m'avait déjà remercié. J'arquai un sourcil avant de secouer la tête.