Partie 21 - d'anciens amis à ennemis

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L'heure du dîner était déjà là et je n'avais absolument aucune envie de rejoindre les commandants, et sûrement pas dans mon état actuel. Pourtant, ça serait encore plus suspect de ne pas y venir. 

Allongée sur mon lit et séchant les derniers germes de larmes contre mes cils, je me forçai à me lever. Cradopaud s'était confortablement endormi sur mon oreiller et je n'avais pas le cœur à l'enfermer dans sa Pokéball. Je m'extirpai de mon lit et me traînai jusqu'à la salle de bain pour constater les dégâts. Mon propre reflet me fit peur : Les cheveux en bataille, les yeux rougis et les joues mouillées ; c'était le subtil mélange d'un soir de déprime. Je me mis à rire de moi-même, me moquant de ma propre figure. Je me trouvais ridicule d'en être arrivée à un tel point de détresse. 

Je poussai un long soupir, recoiffant mes cheveux convenablement. Mon regard s'attarda sur mon bras. J'avais gardé la position immobile de mon bandage mais est-ce que je pouvais faire des mouvements sans ? Je détachai l'espèce d'écharpe qui le retenait et essayai de le déplier.

- Aïe ! Aïe ! Aïe ! répétai-je tant les picotements étaient d'une douleur aiguë.

Inutile de tenter quoi que ce soit avec mon bras gauche, il était totalement hors service. Je réussis tant bien que mal à rattacher la corde de bandage contre mon bras, le bloquant dans une position qui ne me faisait pas (ou moins) mal. Mes yeux, malgré l'absence de larmes, en avaient un peu gardé la trace. « Je ferais avec » me disais-je.

Ce fut sur ses pensées peu réconfortantes que je descendis les marches de cet étage. Je réfléchissais déjà à ce que j'allais leur dire et ce que j'allais trouver comme excuse : « oh c'est mon bras qui me fait mal ! » ou « je suis tombée sur mon bras tout à l'heure » ou la plus ridicule « si j'ai les larmes aux yeux c'est parce que je viens de bailler ». 

Je roulai des yeux et décidai de laisser tomber la recherche d'excuses, on verra bien sur le moment. Je finis par arriver jusqu'à leur table où une assiette déjà remplie m'attendait. Mars fut la première à me remarquer.

- Tiens ! Salut Sarah ! me salua-t-elle en agitant gaiement la main.

Je lui répondis par un faible sourire puis pris place autour de la table. Chloé me regardait d'une drôle de manière ; est-ce qu'elle avait compris quelque chose ? Saturne la devança dans la question :

- Tu as mauvaise mine, constata-t-il en arquant un sourcil vers moi.

Je relevai la tête de mon assiette.

- C'est ce que j'allais dire, confirma Jupiter.

Me retrouvant acculée et bombardée de regards suspicieux, je fis mine de rien :

- Ah bon ? Vous trouvez ? fis-je en un faux rire.

Ils hochèrent tous la tête, en accord sur la question. Génial !

- C'est ton bras qui te fait mal ? s'enquit aussitôt de demander Mars.

Je sautai sur l'occasion pour prendre cette excuse qui m'était offerte sur un plateau d'argent.

- Oui, fis-je en agitant la tête.

Cette réponse sembla contenter l'attablée, à l'exception de Saturne, qui ne paraissait pas du tout me donner crédit. Il fronça les sourcils, très peu rassasié de cette vague réponse. Je n'osais pas le regarder, de peur de remuer la colère et la tristesse qui brassaient mon cœur. Je ne voulais pas pleurer devant tout le monde, ça serait horrible ! Et il serait stupide d'oublier que la Team Galaxie bannissait les émotions, et particulièrement celles-ci. 

▪ Agent Double ▪Où les histoires vivent. Découvrez maintenant