Partie 38 - appel d'urgence

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Après un long quart d'heure de questions basiques et de réponses mornes, Martin me laissa enfin tranquille. Il n'avait rien remarqué d'anormal dans mon métabolisme et ma tension était plutôt bonne. Enfin, il n'avait pas vu ma scarification récente et heureusement ; je n'avais pas le cœur à expliquer mes états d'âme. Surtout pas à un inconnu. 

Il détacha l'appareil de tension à mon bras et nota quelques chiffres sur sa fiche pendant que je massai ma peau. Je descendis de mon lit par un petit saut, attirant l'attention d'un agent :

- Excusez-moi ... l'apostrophai-je.

Il me jeta un regard sévère et absolument dédaigneux.

- Pouvez-vous m'emmener dans le local des Lewis, s'il vous plaît ? Beladonis m'a donné son accord, demandai-je d'une petite voix qui se voulait touchante.

L'agent leva les yeux au ciel, l'air de réfléchir et jeta un coup d'œil à son collègue qui acquiesça, ils étaient là quand j'en avais fait la requête. Ses yeux revinrent vers moi. J'attendais sa réponse.

- Entendu, dit-il en m'attrapant par l'avant-bras, mais pas plus de cinq minutes.

 Derrière le docteur Martin, les agents me firent sortir de mon confinement alors que je hochai la tête.

Pour monter aux locaux des agents, il fallait que nous remontions jusqu'au premier étage. Le sous-sol était réservé aux geôles et toutes autres salles d'interrogatoires ; en somme, ce que le public n'avait pas besoin de voir ni de savoir. Pour le reste, eh bien, je dirais que ce bâtiment ressemblait presque en tout point à celui de la Team Galaxie ironiquement : le rez-de-chaussée pour les informations et les terrains d'entraînements, les trois premiers étages renfermaient les locaux des agents et les deux derniers regroupaient les différents bureaux. 

Je lorgnai sur mes propres pas. Les agents me guidaient vers l'ascenseur réservé aux transferts de prisonnier (histoire de ne pas mélanger n'importe qui avec les criminels ; un point de savoir vivre). Le reste des prisons que je quittais n'étaient pas aussi pleines que celles vers le fond du couloir : étions-nous les seuls criminels à Sinnoh ? J'haussai les sourcils : peut-être parce que nous représentions une menace pour le monde entier. Ça se tenait. 

L'un des agents appuya sur le bouton qui appelait l'ascenseur. Je sentis une vague d'anxiété gonfler ma poitrine : depuis combien de temps n'étais-je pas retournée dans le local de mes parents ? Je regardai mes mains enchaînées. Depuis ... longtemps, très longtemps. 

Je levai les yeux vers le plafond, ce n'était pas le moment de me replonger dans ma propre douleur, je devais m'accrocher à mon plan. Car oui, ce n'était pas simplement pour embourber ma tête de souvenir que j'avais demandé à aller à cet étage, mais c'était surtout parce que la salle des commandes y était proche.

Le silence dans l'ascenseur fut assez pesant, voire gênant. Les agents tenaient leurs visages impartiaux, fixant un point dans le vide. J'essayai de faire de même tandis que mon esprit cogitait toujours. Je n'allais avoir droit qu'à quelques secondes, pas une de plus ; ça allait devoir être rapide et efficace. Mes phalanges se crispèrent contre ma paume : je pouvais le faire ! 

La lumière du couloir revint enfin sur moi lorsque les portes se scindèrent en deux : la fenêtre au bout du corridor indiquait un soleil couchant : une lueur orangée qui glissait sur les murs froids : il était si tard ?! 

Au rythme des agents qui me tenaient par les bras, je sortis de l'ascenseur. Je jetai un regard autour de moi : comme des appartements dans un immeuble, il y avait des numéros sur chaque portes. Mes parents avaient eu la permission de bénéficier d'un local à deux lorsqu'ils s'étaient mariés ; c'était avant ma naissance. 

▪ Agent Double ▪Où les histoires vivent. Découvrez maintenant