Partie 26 - enlisée dans le mensonge

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  Nous arrivions devant un petit tunnel agencé pour gravir la colline ardue qui nous séparait de Floraville. Mon ventre se tordit en réalisant ma prochaine destination : je n'avais pas remis les pieds là-bas depuis que ... depuis que ...

- Je suppose que tu ne pourras pas marcher dans la grotte, anticipa le commandant.

- Non, je ne pense pas, grognai-je en regardant l'état de mes pieds.

L'entrée de la caverne était plongée dans les ténèbres. Saturne jeta un coup d'œil par-dessus son épaule : la police commençait à étendre ses recherches par-delà la ville. Il me lâcha quelques secondes pour faire apparaître Archéomire.

- Utilise Flash, lui demanda-t-il.

Aussitôt, le tunnel parut beaucoup moins lugubre. Les Nosféraptis se tassaient sur le plafond de la grotte, dérangés par la soudaine lumière. Nous devions y rentrer vite avant que la lueur n'attire les forces de l'ordre. Saturne posa ses mains sur ses hanches.

- Bien, soupira-t-il, puisqu'on ne peut pas faire autrement, monte sur mon dos.

Il s'accroupit pour me laisser monter. J'arquai un sourcil.

- Tu es sûr ? l'interrogeai-je, je risque de te gêner pour avancer.

- Je ne suis pas en sucre, dépêche-toi ! perdit-il patience.

Je m'exécutai alors, un peu sous pression, ce n'était pas vraiment commun de se faire porter par son supérieur. Il me hissa avec un peu de mal, grommelant sous l'effort ; il ne pouvait pas dire que je ne l'avais pas prévenu !

- Tu es lourde ! ronchonna-t-il en m'installant un peu mieux.

- C'est toi qui n'est pas fort, fulminai-je.

- C'est possible, dit-il en ricanant.

- Pourquoi tu ne demandes pas à Coatox de me porter ? l'interrogeai-je alors que nous entamions notre ascension.

- J'aurais besoin de lui si jamais nous sommes attaqués.

Pas faux. Je laissai mes bras retomber contre son torse, profitant de ce répit salvateur. Quelques gouttes d'humidités chutaient en un petit « ploc » autour de nous, parfois sur mon visage. Les Pokémons se cachaient à notre passage, nous en réveillions certains de leur sommeil. Saturne était silencieux, gravissant la pente qui se dessinait devant lui.

- Saturne, commençai-je avec une voix adoucie.

- Oui ?

- Comment as-tu su où je me trouvais ?

- J'ai entendu un groupe de personne parler de ton apparition chaotique à Joliberges, alors je voulais aller voir. Il fit une pause pour reprendre son souffle, c'est là que j'ai vu la police à Féli-Cité. Inutile de te dire que je savais qu'il s'agissait de toi.

Je pinçai les lèvres. Ça ne pouvait être que moi pour mettre un bordel pareil. Cependant, une question subsistait dans mon esprit :

- Les filles sont là aussi ?

- Non, je suis venu seul, me répondit-il.

- Mais ... comment ?

- J'ai, comment dire, eu recours aux mêmes méthodes que toi.

- Tu as volé un Pokémon à un sbire ?! m'étonnai-je.

Je doutais que les autres sous-fifres avaient des Etouraptor en leur possession. Simon était évidemment l'exception à la règle mais pour des raisons précises. Saturne parut un peu moins à l'aise.

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