En ce mois de novembre, le froid bat son plein sur le pavé parisien. Eyssiah semble perdue au milieu de la ferveur parisienne. Elle est enfermée dans une profonde solitude.
Elle remet toute sa vie en question du haut de ses 23 ans... Elle voulait embrasser une carrière juridique. Elle voulait plus que tout briller mais a surtout été secouée par de nombreux ratés.Elle se trouve là, sur les champs Élysée intimidée par toute la fureur des touristes, par ces éclats de rire et ces éclats de voix. Elle a la gorge serrée. Son entretien pour un poste dans une entreprise publique ferroviaire ne s'est pas bien passé. Et pour la énième fois de sa vie, elle en proie aux doutes... Toute sa vie n'est plus que doute...
Elle vient de vivre une rupture douloureuse avec Jessica... Qui n'était nul autre que son grand amour et elle ne pense pas pouvoir relever la tête. Elle a envie de pleurer. Ce soir, son retour dans la banlieue de Lyon sonnera comme un échec. Elle a flambé toutes ses économies. Plus que jamais, elle se sent seule.
Elle déambule là, négligée, ses cheveux bruns en bataille, l'allure d'une minable. Elle voudrait finir sa journée dans un bordel à dévaliser chaque corps, chaque femme pour faire disparaître sa rage, son chagrin.
Elle voudrait dévaliser chaque comptoir, chaque verre de whisky. Ses yeux verts aux reflets jaunes ont une flamme qui s'éteint à chacun de ses pas. Elle se sent lasse et dépassée.Sa mère l'a appelée dix fois. Tout le monde veut savoir comment ça s'est passé et pourtant il n'y a plus rien à dire. Elle ne veut pas avouer a sa mère qu'elle n'est qu'une ratée... Que sa fille est une écorchée vive. Elle en a marre, marre qu'on lui dise de s'accrocher à ses rêves. Elle rêverait d'être étendue dans un lit et se laisser emporter comme ces putains de feuilles mortes arrachées par les vents. Il paraît que la Seine va déborder. Elle voudrait bien s'y jeter dans la Seine. On attend trop d'elle.
Elle déambule le dos voûté, le foie encore immergé des vapeurs de vodka de la veille. Ce matin-là, elle s'est réveillée dans un squat à moitié dénudée éprouvant un mal de chien à se remémorer la veille. Elle a dû écarter quelques cuisses... Elle a dû inhaler la chaleur de leurs sexes endoloris par les coups portés par ses doigts maladroits. Elle a bien dû se fondre dans les lèvres de quelques unes. Boire leur salive et fusionner son débris de corps. Elle ne se rappelle plus très bien. Ce soir, elle va quitter tout ça. Son âme n'est sans nul doute pas fait pour battre le pavé parisien...
Le vent remue ses cheveux débraillés, fins, mi long. Son visage n'a pas encore cicatrisé du maquillage et des ravages de la veille. Elle est ruinée. Elle n'a même pas de quoi s'offrir un billet retour et pourtant il faudra bien rentrer..
Elle déambule sur la grande avenue. Elle choisit pour cible une grande boutique de luxe, où une robe coûte aussi chère qu'une bagnole...
***Le vigile à l'entrée , l'inspecte d'un mauvais œil. Elle ne respecte pas vraiment les critères de la clientèle habituelle. Il demande à regarder à l'intérieur du sac d'Eyssiah.
La petite boutique de marque est vide. Les vendeuses sublimées lui lancent quelques sourires en biais. Elle ne sait pas encore que cette boutique va changer sa vie à tout jamais. La chance ne sourit jamais aux minables.
Eyssiah est émerveillée par les robes qui se penchent face à elle, en soie, en cachemire... Ces centaines de couleurs se reflètent dans ses yeux confus. Elle caresse chaque tissu comme elle caresserait un corps de femme. Elle se prend à rêver de soirées endiablées, de défilés sans fin dans une fashion week en plein Tokyo.
On ne peut pas dire qu'Eyssiah ait les capacités physiques suffisantes pour pouvoir défiler sur des podiums, flashée par les journalistes de mode du monde entier. Elle n'est pas grande, ne dépasse même pas le mètre soixante. C'est sûrement l'une des raisons pour laquelle la jeune femme passe souvent inaperçue. Bien qu'elle ait des formes proportionnées, son dos est bien trop scoliosé et rabattu en avant. Ses cheveux bruns mielleux n'ont guère de volume. Ils sont aussi fins que les cheveux d'un nourrisson. La plupart du temps elle ne sait pas vraiment quoi en faire et au moindre coup de stress, ils graissent. Ils paraissent fades et relativement épuisés. On dit que les yeux sont le miroir de l'âme. Les cheveux sont ainsi le miroir des états d'âmes.
Certes son postérieur pourrait donner l'appétit mais il manque cruellement d'exercice. Oui, elle remplit assez bien ses jeans. Sa poitrine pourrait attirer les regards mais ses choix vestimentaires l' handicapent.
Pourtant, elle a des traits fins et un sourire ravageur. Son manque de confiance maladif est étrillé par une assurance à toute épreuve. Elle dispose d'un réel pouvoir de séduction. Cette chose coule du fond de ses yeux. Bien que sombre à toute heure, elle resplendit, même dans l'absence de sa propre vie.
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Déchirures
FanfictionEyssiah jeune française de province va faire une rencontre à Paris pour le moins inattendue, qui va venir bouleverser sa vie. Quand on vient du monde lambda, on n'est jamais préparé au monde des paillettes... Quand on a vécu l'enfer amoureux, on p...