Chapitre n°29 : Souris-moi en retour

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You see that is what I need Tu vois c'est ça dont j'ai besoin

Loving, hoping get for free Qu'aimer, espérer soit gratuit
I'm gonna need it Je vais en avoir besoin
I'm gonna use it Je vais m'en servir

Jain - Hope

oOoOo

Il faisait si chaud qu'on aurait pu se croire en enfer. Je plonge mes mains dans l'eau tout juste tiède pour la répandre sur mon visage. C'est à peine suffisant, j'ai toujours la sensation de fondre. Je devrais être habitué à cette fournaise depuis le temps mais il y a des moments où s'est plus insupportable que d'autres. J'humidifie une serviette que je viens caler sur ma nuque en me relevant.

Je place ma main en abat jour pour observer la trentaine d'enfants qui s'amuse dans la future cour de l'école. Je sens presque immédiatement un sourire étirer mes lèvres. C'est dans ces moments là que je me sens véritablement à ma place. Il n'est facile pour personne dans ce monde de la trouver, je fais partie des chanceux qui, à force de creuser, se trouvent enfin en paix.

Mon regard s'arrête sur Nangila qui poursuit une petite fille qui semble légèrement plus jeune que lui. Il a un instinct de protection très élevé pour son âge, tout comme Lexa. C'est un des autres point en commun que je leur ai trouvé.

- A quoi tu penses Evans ?

- Que pour une fois, nous sommes dans les temps.

- Très drôle... sérieusement à quoi tu penses Luna ?

- Elijah... depuis le temps, tu devrais le savoir : mes pensées sont insondables.

- Insondables, mon dieu... cette voix, j'ai plus de chance de rencontrer une grenouille croisée avec un écureuil que de te croire insondable.

Je sens que mon meilleur ami se retourne mais moi, je suis incapable d'amorcer le moindre geste. Je suis figée, à dire vrai, je suis sûre d'avoir malencontreusement marché sur de la super glu. Oui, c'est la meilleure explication. Mon cœur tambourine tellement dans mes oreilles que tout autour de moi n'est plus qu'un immense brouhaha.

Mon regard s'arrête sur Nangila, il ne court plus et fronce très légèrement les sourcils. Oh mon dieu... il se tourne vers moi avec ce sourire que je me surprends à tant aimer ces derniers temps. Il a compris. Il sait exactement qui se trouve dans mon dos. Son sourire s'élargit encore plus et il vient vers moi. Enfin nous...

Plus il se rapproche et plus le boucan dans ma poitrine commence à se calmer. Une fois à ma hauteur, le petit garçon croise mon regard, son sourire se lit jusque dans le fond de ses yeux. Il glisse sa main dans la mienne comme un encouragement silencieux. Alors tout redevient calme. Nangila est tout de même obligé de me tirer légèrement pour m'obliger à me retourner. Les premiers mots que je perçois après ce chaos intérieur sont ceux d'Elijah :

- Je peux savoir qui tu es ?

Je me mordille légèrement la lèvre inférieure pour éviter d'avoir cette sensation que ma mâchoire ne demande qu'à s'écraser au sol. Raven se dresse devant moi. Elle est vraiment devant moi, au milieu de nulle part, en Afrique. Elle est tellement belle... pourquoi faut-il qu'elle me semble toujours aussi parfaite ?

Pourtant, comme en décembre dernier, il est clair qu'elle n'est pas à son avantage, ses traits sont tirés, fatigués et peut-être même attristés. Ses cheveux sont attachés dans un chignon qui en ferait rire plus d'un avec pas moins de trois crayons de couleurs dans cette masse informe. Moi, je trouve ça juste sublime et tellement Raven Reyes. Sa tenue n'est absolument pas appropriée au climat, elle porte son éternelle veste rouge, une veste ! Je suis à ça de fondre sur place et elle, elle porte une putain de veste ! Juste en dessous, un débardeur gris aux motifs jaunes lui colle à la peau. Je ne dois pas me laisser aller à une observation détaillée... trop tard ! Et comme si la veste ne suffisait pas, elle aborde aussi un pantalon noir dans lequel elle doit étouffer, ce n'est pas possible autrement. Évidemment, elle n'a pas oublié ses éternelles Converse qui aujourd'hui sont blanches. Qui porterait du blanc sur un chantier ?

I Hear Your VoiceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant