Chapitre quinze🥀

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Il pleut averse ce soir. Trempée de la tête aux pieds, je frissonne et serre mes bras contre moi. Je suis assise sur l'herbe, dos au mur de la maison, genoux collés à la poitrine.

<< Je suis désolé, Lucy... >>

Je renifle pour la énième fois et efface mes larmes du revers de la manche.

<< Quand l'accident a eu lieu, il était déjà... mort. >>

D'une main, j'arrache l'herbe autour de moi.

<< Je n'étais pas comme maintenant... Je me conduisais comme un monstre. >>

Je serre les dents et baisse la tête.

<< Il s'est arrêté à une station essence alors, pendant qu'il payait, je suis entré dans la voiture. Je me suis installé sur la banquette arrière et ai fait en sorte qu'il ne me remarque pas. >>

Tout est de sa faute...

<< Il conduisait, sans se rendre compte de ma présence. Puis nous sommes arrivés sur une route complètement déserte. C'est à ce moment-là que j'ai bondi sur ma proie... >>

Cette conversation tourne en boucle dans ma tête depuis deux longues heures.

<< D'un bras, je l'ai coincé, et j'ai enfoncé mes canines dans sa chair. Je l'ai vidé de son sang et suis sorti en vitesse de la voiture... >>

Je me sens déçue, triste, colérique...

<< Je m'en veux tellement... Je suis désolé, Lucy... J'ai gâché ta vie... >>

Il ne pourra jamais réparer cela, je lui en veux... Mais je ne peux pas le détester. Je n'y arrive pas. Je cache mon visage entre mes genoux et laisse mes larmes couler abondamment sur mes joues. Une main se pose sur mon épaule, me faisant sursauter et tourner la tête. Le regard triste de Natsu examine mon visage. J'enroule mes bras autour de sa nuque et enfouis ma tête dans son cou. Je m'accroche à lui comme à une bouée de sauvetage, et cela me réconforte quelque peu. Il frotte doucement mon dos.

- Il... Il l'a tué...

- De quoi tu parles ?

- Grey a tué mon père !

Il m'écarte légèrement de lui et pose ses mains sur mes joues. Il essuie mes larmes avec ses pouces et me regarde tristement.

- Je ne savais pas... Je suis désolé pour ce qu'il a fait...

Plongeant son regard dans le mien, il se penche vers mon visage et dépose ses lèvres sur les miennes. Sa main passe de ma joue à ma nuque. D'abord stupéfaite, je ne bouge pas d'un centimètre. Puis je fronce les sourcils et le bouscule avant de lui mettre une claque.

- Je suis avec Grey...

- Vous ne ressemblez même pas à un couple. Alors que, toi et moi, tout le monde nous envierait.

Mes joues deviennent brûlantes. Il pousse un long soupir puis attrape ma main.

- Retournons à l'intérieur, tu es gelée.

**

Grey nous rejoint dans le salon, je me lève et avance jusqu'à lui pour le prendre dans mes bras. Il enroule ses bras autour de mon corps et enfouit son visage dans mon cou.

- Je suis désolé... répète-t-il plusieurs fois.

- Je place ça là, l'air de rien, mais j'ai embrassé ta petite amie.

Grey se redresse et dévisage Natsu un long moment.

- Pardon... ?

- Un vampire sourd, j'aurai tout vu.

Il fait un pas vers son frère mais j'attrape son poignet.

- Ignore-le...

- Profite du temps qu'il te reste avec elle, je risque de te la prendre plus vite que tu ne le crois. Et puis, maintenant qu'elle sait pour son père, quelque chose est brisé dans votre relation.

Natsu termine son verre de sang puis quitte la pièce alors que Grey baisse la tête, les poings serrés.

- C'est toujours la même chose... grogne-t-il.

Après s'être défait de mon emprise, il me laisse seule dans la pièce. Je souffle et passe une main dans mes cheveux. Idiot de Natsu...

Les fenêtres s'ouvrent dans un son fracassant, brisant les vitres. Les morceaux de verre s'étalent dans le salon tandis qu'un éclair déchire le ciel. La température semble chuter alors je serre mes bras contre mon corps. Les lumières s'éteignent puis se rallument presque aussitôt, mais à cet instant, une femme apparaît face à moi. Ses vêtements sont déchirés et ses bras recouverts de tâches noirâtres. Comme Mirajane... Elle bouge sa main vers la droite, me faisant tourner la tête, et je peux voir Natsu et Grey qui semblent bloqués. Ils grognent et essayent de bouger, mais en sont incapables. La femme aux longs cheveux rouges affiche un sourire sadique puis enroule sa main autour de mon cou afin de me soulever. Je suis aussi dans l'incapacité d'effectuer le moindre mouvement, je ne contrôle plus mon corps. Ses yeux, précédemment blancs, deviennent jaunes. Je ne peux plus la quitter du regard, comme si elle m'hypnotisait. Un tourbillon nous entoure, coupant ma respiration, puis tout devient noir.

**

Mes pieds ne touchent pas le sol. Mes bras sont écartés et mes muscles engourdis. Je relève la tête, malgré la douleur me saisissant dans la nuque, descendant dans ma colonne vertébrale. J'ouvre difficilement les yeux et observe la pièce dans laquelle je me trouve. Première constatation, je dois être à trois mètres du sol. Des cordes sont accrochées à mes bras et s'étirent jusqu'à des machines. Je tente de bouger, mais impossible. Je baisse de nouveau la tête et aperçois la femme aux cheveux rouges. Elle est accompagnée... du loup-garou !

- Je vous l'ai apporté, Maître, dit-elle en levant ses yeux vers moi.

- Parfait, dit-il dans un grognement.

Parce qu'il parle en plus ?! Le loup se penche en avant et prend sa forme humaine.

- Je vous apporte votre peignoir.

Il l'enfile et pose une main sur son épaule.

- Tu peux disposer, Erza.

Elle hoche la tête puis s'éloigne, les mains jointent dans son dos. Les cordes se desserrent, une lumière m'entoure pendant ma chute. Quand mon corps heurte le sol de plein fouet, je ne ressens aucune douleur.

- Tss... Elle t'a encore protégé... Je pensais t'avoir volé assez de son énergie pourtant...

Il s'approche d'une machine et appuie sur un bouton rouge. Aussitôt, un cri passe le barrage de mes lèvres et je tombe au sol. Mes bras se resserrent autour de mon ventre alors que ma mâchoire se crispe. Une fumée s'échappe de mon corps, puis la douleur se stoppe soudainement.

- Qu'est-ce que...

- Je t'ai encore retiré une part d'elle.

- Qui... ?

Il appuie encore une fois, toute la fumée va jusqu'à lui, il l'avale et soupire de plaisir. Deux grandes portes en bois s'ouvrent, laissant apparaître Erza.

- Il n'y a plus de temps à perdre, les vampires sont en route, il faut vite récolter son sang.

- Déjà... ? Et ton sort de paralysie ?

- Il ne dure pas longtemps sur eux.

- Merde, souffle-t-il.

Erza attrape mon bras et me traîne de force jusqu'à la machine. Elle m'enfonce, dans le bras, une aiguille reliée à un fin tuyau. Mon sang coule à l'intérieur et une sensation de brûlure s'empare de moi.

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Suite le samedi 5 janvier

𝐁𝐥𝐨𝐨𝐝 (réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant