Tabara: Ma Vie, Mes Choix, Mon Destin

partie 24

Je n'ai pu sortir que 2 jours avant le baptême. Il fallait que la plaie cicatrise. Ma mère s'agitait comme pas possible. C'est comme si c'est elle qui venait de mettre au monde. Ma fille était à mes côtés et adorait le sein. Elle était très gourmande et bizarrement ressemblait trop à son papa. Elle a pris de mon teint clair mais tout son visage elle le tient de son père. J'espérais qu'elle allait hérité de mes valeurs et de mon comportement...

Mon coeur me trahissait à chaque fois que Hakim foulait le seuil de la cabine. Il était au petit soin et ceci ne me déplaisait pas. J'avais juste envie de le tirer et de l'embrasser fougueusement mais à chaque fois que je repensais  à son erreur, sa faute je me retenais comme pas possible.
À chaque fois qu'il venait, j'avais droit à un bisous au front et il me parlait de notre bébé et posait des questions auxquels je ne répondais pas.
Je l'ignorais totalement et j'ai conscience que c'était un peu méchant de ma part. J'étais de nature rancunière et ceci personne ne l'ignorait.
La personne que je ne pourrai jamais remercier assez c'est Celia. C'est elle qui a été là et prenait soin de moi. Habib aussi ainsi que Aicha sa copine étaient venus me rendre visite. Mes tantes et les amies de maman sont aussi venues s'enquérir de mon état.

- je vais appeler ma griotte qui habite à la médina. Ce baptême sera le baptême du siècle. Dit tante Astou, une cousine à ma mère.

Je n'avais pas la tête à faire la fête, je voulais plus tôt me reposer et profiter de mon bébé. On allait juste baptiser le bébé et cuisinait pour les invités.
Ma mère me manquait et j'avais besoin d'elle à mes côtés. Elle promit de venir dans 1 mois. J'étais très impatiente de la revoir. Elle était la seule capable de me rendre heureuse.
J'avais l'impression de ne plus avoir de frère. Habib s'en fichait carrément de moi car il n'est venu me rendre visite qu'une seul fois alors que je suis son unique soeur. Il était toujours aussi remonté contre moi mais est ce que je me préoccupais de ces sautes d'humeurs, sa bipolarité?
J'étais toujours au chevet de ma petite fille et sa chambre était déjà aménagée avec son berceau.

Évidemment que je rentrais chez moi. Je n'allais squatter chez Celia avec mon bébé non plus? Elle en avait assez fait pour moi et je lui en étais très reconnaissante. De plus Hakim a déjà pris mes affaires et a décoré la maison selon ses dires.
Je n'en avais cure de ses efforts non rien ne me faisait changer d'avis à part l'amour qu'il vouait à notre fille.

- non tata, j'ai déjà prévenu ma mère. On va juste un simple toudou ( baptiser le bébé) après gnou beuteul ko ( reporter la fête)

- ah sama domm wanal sa batt, gueunté taw mom daniou koy khew. Sa yaye ndiaye diatta Ndiaye demal kep kou khew si Sénégal. Premier seuttame mom bougnou ko guenté Day niaw. Bayignou ak affaires yi rek, il faut gua teral say gneuké ak sa goro (retire ce que tu as dit. Le baptême d'un aînée, il faut le célébrer comme il se doit. Ta mère a assisté tout les baptêmes du Sénégal. Son premier petit enfant, il faut faire une baptême pour lui. Laisse nous avec les préparatifs, il faut honorer tes belles soeurs et ta belle mère)

Que faire face à tant de détermination. On peut dire que les dames sénégalaises ne vivent que pour ça,les cérémonies. Dépenser toute leurs économies pour un jeu d'échanges afin d'en tirer le camp qui a beaucoup plus dépenser. Je n'arriverai jamais à les comprendre.

Je ne les écoutais plus parler et plongeais  encore dans mon paisible sommeil loin de tout ce qui peut être stress.

À mon réveil la chambre était vide et bébé dormait paisiblement. Je me levai difficilement à cause de la cicatrice et partis aux toilettes.
À ma sortie je trouvais Hakim dans la chambre en grande contemplation de sa fille. Il la regardai les yeux pétillants et ceci formait un beau tableau.

- depuis quand es tu là? Demandai je avec un ton que je voulais dur.
Ma voix me trahissait car il me troublait toujours autant. Mon coeur dansait frénétiquement surtout quand il m'a souri.
Lui seul avait les armes pour me faire succomber. Je perdais mes mots face à lui et toute mon assurance s'envolait.

- ça ne fait pas longtemps. Répond t-il le sourire scotché aux lèvres.

Sans rien dire, je me dirigeai vers le lit afin de me vêtir. Il était sûrement venu pour nous chercher car c'était l'heure de partir.
Après avoir fini de m'habiller d'une robe ample bleu nuit, je lui dis qu'on pouvait partir.
Il a porté bébé dans ses bras et nous sommes sorti de l'hôpital après avoir signé l'autorisation de sortie.
Le trajet s'est fait dans le silence complet, seul les petits caprices de bébé se faisait entendre.
Hakim vint m'ouvrir la portière et rapidement je descendis, me retrouvant une nouvelle fois dans cette maison. Cet air m'avait manqué, humer l'air qui circule à Ngor.
Soukeye arriva en trombe et toujours joyeuse ne manquant pas de me sauter dessus.

- madame vous nous avez manqué. Je demandais toujours auprès de vous à monsieur. Vous avez accouché, que Dieu veille sur lui.

- amine. Avons nous dit en choeur.

Nous entrâmes tous ensemble et je fus surprise de voir la maison propre et les murs repeints. Il y avait aussi des changements sur les meubles, un nouveau télé.
Il a fait les choses en grand.me soufflait ma conscience
Peut être qu'il faut baisser la carapace Tabara et mettre ta fierté de côté. Conseilla encore ma stupide conscience. Je secouais la tête pour ne plus penser à Hakim.

- tu aimes? Demanda t-il

- oui c'est très jolie. Je vais allonger le bébé pour pas qu'il se réveille.

- attend je t'accompagne.
Je n'avais même pas pu refuser qu'il m'a devancé. J'étais anxieuse et stressée à l'idée de rentrer à nouveau dans cette chambre. Des flashs ainsi que des souvenirs désagréables me revenaient en tête. N'empêche je suis allée allonger mon bébé sur le lit. Je sentais le regard de Hakim sur moi mais qu'est ce que je m'en foutais.

Soukeye m'a amené quelques heures plus tard mon repas et elle est restée chouchouter le bébé.
Elle n'avait pas encore pleuré pour des futilités seulement lorsqu'elle avait faim ou qu'il y avait quelques chose dans sa couche.
La journée était vraiment très chargée. J'ai reçu tellement de visites que je somnolais devant certains.
Tous voulaient voir le bébé et le chouchouter et je crois que ceci l'a énervé car elle s'est mise à s'egosiller en pleurant.

- ah Tabara Hakim yakna khallé bi mom rek lay nirol ( le bébé est le portrait craché de Hakim)Constata Absa

- mom kay sama teint rek la dieule (elle n'a pris que mon teint). Avouai je mal à l'aise.

- je t'avais dit que si c'est une fille,tu vas me la donner et je vais la pomponner et elle sera la plus belle. Je vais lui acheter des mini jupe et des robes toutes coquines.

- oh non ma fille sera voilée et je ne vais pas permettre que tu la transforme pour que les hommes lui coure après.

Je n'ai pu m'empêcher de rire même si j'en avais pas envie. Hakim prenait sa fille comme un trésor, une pierre précieuse. Absa le charriait et ils rigolaient ensemble.
Nous avions passé une très belle soirée riche en émotions.

Je me réveillai irritée par tant de pleurs de la part de mon bébé.
On était à la veille du baptême et des invités étaient venues dormir à la maison. Il y avait une bonne dizaine qui venait de la Mauritanie et le reste c'est la famille de ma mère. Ma maison était tellement bondée que beaucoup ont été obligé de dormir au salon malgré qu'on ait deux chambres d'amis.
J'avais besoin de repos mais c'était très difficile avec bébé qui était devenue capricieuse. Je la pris et la posai sur ma poitrine pour la dorloter.
Rien n'y fit, elle n'arrêtait pas de pleurer et ceci m'énervait au plus au point.
Celia avait raison quand elle parlait des nuits blanches. C'est très énervant et j'avais  juste envie de lui crier de se taire. J'étais au bord des larmes et voyant que je ne pouvais rien faire, je fis un effort surhumain pour réveiller Hakim.

- ah toi aussi t'aime trop pleurer, allez viens dans les bras de Papa.

Il prit dans ses bras et quelques minutes plus tard, la sheytan s'est endormie. Elle se foutait juste de moi!!!

- tu peux dormir, demain tu auras une journée très chargée, ne t'inquiète pas je vais m'occuper d'elle. Me suggéra Hakim.

Sans crier gare, je me recouchais et cette fois ci pour vraiment dormir.
Le lendemain risquait d'être un journée très longue.