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Mai 1999

Quand Lucas Sinclair était à WestPoint, ses instructeurs ne cessaient de répéter que l'armée était l'école de la vie, qu'elle vous préparait à toutes les éventualités, qu'elle faisait de vous des hommes. Dans un sens, c'était vrai. Le Lucas qui était parti au front n'avait rien à voir avec celui qui en était revenu. À la tête d'un groupe spécialisé dans les opérations clandestines, il avait mené des missions dans l'ombre , derrière les lignes ennemies.

Il avait vu la mort de prés et perdu son innocence pour le bien de son pays. Il était capable de tuer un Homme de dizaines de manières différentes, de monter et démonter une arme les yeux bandés, de survivre en zone hostile durant des semaines et de bien d'autre choses encore.

Pourtant, aussi bonne formatrice que fut l'armée, rien ne l'avait préparé à la dure épreuve qu' était celle d'élever un enfant hyper-actif. Beth était enceinte de six mois lorsque Lucas avait été déployé en Europe de l'Est pour une mission d'importance capitale ; lors de son retour, elle l'attendait avec leur fils.

Oh, Lewis.

Âgé de deux ans et demi, il passait le plus clair de son temps à courir partout et essayer d'échapper à la surveillance de ses parents pour accomplir Dieu sait quel méfait. Il avait tenté d'enfermer le chat dans la machine à laver ( Beth l'avait sauvé in extremis), brisé la vaisselle en porcelaine de sa mère (bon, Lucas avait eu l'idée de jouer à la balle dans le salon, mais ça, c'était un secret), attaché une de ses peluches à son tricycle et l'avait lancé à toute vitesse sur la route qui bordait leur maison... Bref, Lewis détruisait tout ce qu'il touchait, mais son sourire et sa gueule d'ange café au lait vous forçait à lui pardonner ses pires bêtises en les mettant sur le compte de l'enfance et la curiosité.

Puis, il débordait d'amour à donner.

Depuis qu'il avait obtenu un poste de bureau pour les services de renseignements, pas une journée n'avait commencée sans que Lewis ne vienne le couvrir de câlins.

Ce matin-là ne fit pas exception à la règle.

À peu prés au moment où Dustin Henderson montait dans un train en compagnie de sa ravissante petite amie ou que Jane Hopper patientait dans un bar miteux,  en quête d'informations, la porte de la chambre de Lucas et Beth grinça doucement, puis une ombre se découpa sur le sol.

Comme toujours, Lucas fit semblant de ne rien voir, puis attendit. Force était d'admettre que le petit s'était grandement amélioré en techniques d'approche furtive car ils n'entendirent pas le bruit des ses petits pieds sur le parquet, si bien que Beth poussa un petit glapissement de surprise lorsqu'il vint plaquer ses mains sur son ventre.

« Bouh! Maman, c'est le matin ! Papa, c'est le matin ! »

Il bondit dans le lit et vint se placer entre eux.

«Maman, quoi qu'on fait aujourd'hui ? »

Beth s'étira longuement, les sourcils froncés. Lucas prit son fils dans les bras et jeta un regard au radio-réveil sur la table de chevet. 6h03. Comme toujours ; une véritable horloge humaine.

«Tu veux aller voir mamie ? » finit par demander Beth.

Si Beth était originaire de Washington, elle avait fait ses études d'art appliqué à New-York, précisément dans la promotion d'un certain William Byers. Lucas l'avait rencontrée à la fin de sa seconde année à West Point, alors qu'il passait quelques jours sur le campus de Will, avant de rentrer ensemble à Hawkins. Avec le recul, c'était sûrement la seule bonne chose qui était arrivée au cours de l'été 1991, celui qui devait tout changer, celui qui devait voir leur bande se disperser peu à peu.

We Can Be Heroes (fanfiction Stranger Things)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant