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Mai 1999

C'est ainsi qu'elle se sentait vraiment vivante. Lorsqu'elle n'était ni Jane ni la bête.

Juste un entre-deux.

Night Elf.

Elle observa l'effet que fit sa petite tirade sur l'assemblée de clients et danseuses. Elle ne prévoyait jamais ce qu'elle allait dire, les mots lui venaient toujours spontanément.

D'abord, un silence pesant. Les visages se décomposèrent puis une vague de panique submergea son auditoire. Dans des bruits de chaises qui se renversent, tous se ruèrent vers la sortie. Certains jouaient des coudes et elle était persuadée qu'ils n'auraient pas hésité à piétiner quelqu'un pour sauver leur peau.

C'était un spectacle pathétique, mais étrangement apaisant. Elle se sentait dans son élément, entourée par le chaos et l'effroi.

L'espace d'un instant, elle ressentit le besoin de leur faire du mal.

Oh oui, elle aurait aimé jouer une symphonie avec le craquement de leurs os. Peut-être pourrait-elle "accidentellement" en bousiller un ou deux pendant la bagarre avec les gangsters.

Elle fit un effort surhumain pour se ressaisir. Elle n'était pas là pour eux. Elle n'avait pas fait tout ce chemin, pas enduré tout ce qu'elle s'était infligé pour que la bête ne finisse par reprendre les manettes et se mette à attaquer des civils.

Elle concentra son attention sur la dizaine d'hommes qui tentaient de l'encercler. Ils portaient les uniformes du service de sécurité, mais elle savait pertinemment qu''ils étaient des hommes de mains, prêts à briser les jambes des mauvais payeurs ou de ceux qui entravaient l'opération mafieuse du gérant. C'était sans doute l'un deux qui avait tabassé cette pauvre fille avant de la balancer dans une benne telle un vulgaire appareil électro-ménager désuet.

«Avancez encore d'un pas et vous repartez d'ici en fauteuils roulant... Les plus chanceux, du moins » avertit-elle.

Pour seule réponse, elle entendit le cliquètement familier des pistolets qu'on arme. Elle balaya rapidement la salle du regard. Il n'y avait plus qu'elle, les gorilles/videurs et Murray Bauman, penché sur un objet dans un coin. Elle repéra la porte qui menait au bureau du gérant. C'était sa destination et elle mettrait hors d'état de nuire toute personne qui essaierait de l'empêcher de l'atteindre.

« Sors d'ici sans faire d'histoires ou mes gars n'auront pas d'autre choix que vider leurs chargeurs » dit l'un des hommes d'une voix peu assurée.

Comme si ça allait changer quelque chose.

Ils ne retenaient donc jamais la leçon.Quand elle rabattait cette capuche, rien ni personne ne pouvait l'arrêter. Elle était une machine de guerre ; l'arme redoutable qu'on avait désespérément tenté de faire d'elle . Elle aurait pu annihiler tout un bataillon de marine's surentraînés sans s'essouffler et ces imbéciles la menaçaient avec de simples revolvers.

S'ils voulaient jouer avec des flingues, elle allait leur apprendre les bonnes manières. Et par apprendre les bonnes manières, elle voulait dire leur faire si mal qu'ils trembleraient à la simple idée qu'elle puisse rôder quelque part en ville.

Elle réfléchissait déjà à la façon la plus rapide d'envoyer dix hommes au tapis quand les premières notes lui parvinrent. De toutes les chansons disponibles dans le Juke-box, il avait fallu que Bauman mette celle-ci. Une chanson qui lui rappelait qu'elle n'avait peut-être pas toujours été le monstre bipolaire qu'elle était devenu.

You don't mess around with Jim.

Au moment où le premier coup de feu fut tiré, il lui sembla entendre la voix de Jim. Ça,c'est de la musique !

We Can Be Heroes (fanfiction Stranger Things)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant