We Can Be Heroes (fanfiction Stranger Things)

Juillet 1991 2/4

4 Juillet 1991

« Étrange, marmonna Sam Owens en agitant un stylo-lampe devant les yeux de Jane. Vraiment étrange. Comment te sens-tu ? »

Jane réfléchit un moment.

 Pouvait-elle lui dire qu'elle était effrayée, qu'elle avait peur de ne jamais être en mesure de redevenir elle-même si elle venait à perdre le contrôle ? Pouvait-elle lui dire qu'elle avait déjà imaginé dix-sept façons différentes de le tuer puis les avait classées selon le plaisir qu'elle y prendrait ? Pouvait-elle lui répéter les mots que la bête lui susurrait dans son sommeil ? Pouvait-elle lui parler de la nouvelle capacité qu'elle s'était découverte la nuit précédente ?

Oui, aggrave ton cas, ça n'en sera que plus facile pour moi, petite.

«J'en sais trop rien... Vide, je dirais, finit-elle par répondre.

-Qu'est-ce qui est étrange, doc ?

-Vous vous souvenez du portail vers l'Upside Down qu'il y avait dans le labo ?

-Difficile d'oublier...

-Et vous vous rappelez de ces sortes d'ombres mouvantes de l'autre coté ? J'ai peut-être halluciné, mais l'espace d'une seconde, quelque chose a bougé... Derrière sa pupille.

-Ouais, ce n'est pas la première fois, fit Jane. Ça essaye de sortir »

Et c'est sur le point d'y parvenir, ajouta-t-elle mentalement. Dans un flash, elle se vit, capuche rabattue sur la tête , en lévitation dans un décors d'apocalypse, surplombant une montagne de cadavres.

Owens lui tendit un flacon orangé.

«J'aimerais que tu ajoutes ces cachets à ton traitement actuel »

Elle acquiesça et garda le fond de sa pensée pour elle. Elle prenait déjà onze cachets différents trois fois par jour et ne ressentait aucun changement. Les médicaments ne pouvaient rien pour elle. Quelque chose lui disait qu'Owens en était parfaitement conscient et qu'il essayait simplement de sauver les apparences. Il était aussi effrayé qu'elle. Elle le sentait dans sa voix et ses gestes. Et au fond d'elle, elle aimait la peur qu'elle provoquait.

Il remballa son matériel dans sa sacoche et sortit, Jim sur les talons. Elle entendit la porte s'ouvrir, se refermer puis des crissements sur le sol sec. Ils s'éloignaient pour qu'elle ne les entende pas se morfondre sur son cas.

Comme toujours, petite. On te laisse en dehors alors que tu es la première concernée. Ces gens ne t'aiment pas.

Personne ne t'aime. 

***

Ils s'enfonçaient dans les bois en direction de la route reculée où Owens avait laissé sa voiture. Malgré le soleil éclatant, seuls quelques rayons parvenaient à traverser la canopée de feuillages.

«Elle va mal, doc, dit Jim.

-Il n'y a plus rien que nous puissions faire, Jim. Si les neuroleptiques n'ont pas fait effet, c'est qu'il ne s'agit pas d'un simple dédoublement de la personnalité ou d'une maladie mentale.

-Vous en doutiez encore ?

-Disons que j'espérais que ça fonctionne. Mais ça, ça va mal finir... Ça ne peut pas bien se terminer. Elle a fait trembler la Terre!