«Donc, on est dans cette maison réputée hantée du Minnesota, en compagnie du shérif du patelin, bloqués par le blizzard qui nous a pris par surprise et au bout d'une heure, on commence à entendre des bruits étranges au-dessus de nous, ce qui ne fait aucun sens car nous en étions arrivés à la conclusion que cette maison n'était justement pas hantée »
Rosa marqua une pause et porta son verre à la bouche.
«Qu'est-ce que c'était ? » Demanda Maggie, une lueur enfantine dans les yeux.
Dire que le courant était bien passé entre Rosa et Maggie aurait été un euphémisme : à les voir rire ensemble, on aurait pu croire qu'elles se connaissaient depuis toujours. De mémoire, Dustin ne l'avait jamais vue si à l'aise avec qui que ce soit, excepté lui. Il était prés de deux heures du matin et les bouteilles de vin s'étaient enchaînées au rythme de leurs histoires paranormales, ou comme c'était souvent le cas, rationnelles. Will, cependant, semblait ailleurs. Il n'avait presque pas ouvert la bouche et les rares sourires qu'il avait décochés ne parvenaient pas à faire oublier son expression inquiète.
Rosa reprit:
« Il y a eu un bruit de bris de verre et tout le monde a sursauté. Le shérif a dégainé son arme, comme si ça pouvait le protéger d'un fantôme et a commencé à citer des répliques de l'Exorciste. " Le pouvoir du Christ t'oblige, Ego te absolvo in nomine Patris ! " Qu'il disait en traçant des croix en l'air avec son revolver. On l'a suivi jusqu'au grenier en tentant de le rassurer. Nous étions formels: aucune trace d'activité paranormale dans cet endroit. Nous sommes entrés derrière lui et boom! (Elle tapa sur la table pour accentuer sa phrase ; Will sursauta). Nouveau bruit. L'autre imbécile a vidé son chargeur sur un carton qui venait de s'écrouler. Il a crié: " Pitié, je ne voulais pas vous déranger, ô démon ! " et s'est mis à faire une sorte de danse de la pluie.
»Finalement, tout s'expliquait rationnellement: une branche de séquoia poussée par le vent avait explosé la lucarne et le courant d'air fait tomber un carton en déséquilibre. Toujours-est-il que ce bon vieux shérif en a pissé dans son froc ! Il nous a payé le double de notre tarif en nous faisant promettre que personne en ville ne devrait jamais savoir ça»
Elles éclatèrent de rire.
Alors qu'elles discutaient désormais du mariage à venir, Dustin songea à El qui devait actuellement errer dans les ruelles sombres, capuche rabattue sur la tête, les pans de sa cape agités par la brise qui soufflait cette nuit. Il imagina son ombre découpée sur un mur, tandis qu'elle s'approchait dangereusement d'un quelconque criminel, recroquevillé au sol, paralysé par la peur, évitant soigneusement de lever les yeux, sous peine de croiser son regard dément. Car c'était là l'effet qu'elle faisait. Il l'avait lui-même ressenti auparavant et étonnamment, ça l'avait autant répugné qu'attiré.
Enfin, lorsque Maggie guida Rosa dans son dressing pour lui montrer sa robe, il se décida à engager les hostilités.
«Donc, on ne va pas en parler ? »
Will se raidit sur sa chaise et descendit son verre de vin hors de prix d'une traite. Il chercha longuement ses mots. Au bout d'une minute, il prit la parole.
« Que veux-tu que je te dise ? J'ai le cul entre deux chaises. Quoique je dise ce soir, je trahis la confiance de quelqu'un . Et ça me met très mal à l'aise.
-On a fait la promesse de ne jamais se mentir, Will. C'est la règle numéro une de la bande. La seule règle, en fait.
-Parfois, ça fait moins mal que la vérité.... Il ne s'agit pas de savoir qui a mangé la dernière part de pudding ou qui a lâché une caisse dans le castle Byers, Dustin. On parle d'une bombe, d'un secret qui pourrait avoir des conséquences désastreuses. Comment réagirait Mike, à ton avis ?
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We Can Be Heroes (fanfiction Stranger Things)
FanfictionPrintemps 1999. Cela fait désormais huit ans qu'Eleven a fui et laissé son ancienne vie derrière elle, terrifiée par un coté obscur qui la dépasse. Installée à Chicago, elle survit de petits boulots et vit au jour le jour. La nuit, elle endosse l'i...