Le fils de mon meilleur ami

Mise au point

Célestin rentra dans la demeure et trouva Loyd où il l'avait laissé, c'est-à-dire dans le divan. Le jeune homme s'y installa à son tour.

- Alors ? Fit mollement l'acteur.

- J'ai beaucoup parlé avec George et papa... j'avais besoin d'avis...

- Tu veux faire quoi ?

Célestin sourit l'air pensif :

- Je vais réaliser une nouvelle série de toiles mais c'est un secret...

- Tu vas retourner chez ton père ?

- Si tu le permets, j'aimerais occuper ton canapé et ton ancienne cuisine encore un peu.

- Je l'ai dit à la télévision, cette maison est assez grande pour nous deux mais tu peux loger dans le lit.

- C'est déjà bien assez comme ça, je ne vais pas te priver de ton lit.

Loyd se savait incapable de résister au charme de son jeune invité. C'est pourquoi il accepta facilement. Il aurait pu lui proposer de dormir avec, ce n'était pas comme si cela était déjà arrivé. D'ailleurs Loyd était étonné de ne pas s'être accroché au jeune homme durant la nuit.

Pourquoi n'avait-il pas 15 ans de moins ? Si cela avait été le cas, il n'aurait pas hésité à lui tourner. A le draguer, à le séduire mais non c'était impossible. Célestin le considérait comme son parrain. C'était une torture pour lui.

- Désolé d'avoir foiré ton interview aussi, s'excusa le peintre.

- Ce n'est pas grave, tu n'y es pour rien... cette journaliste a profité de la situation, je n'aurais jamais dû accepter de la faire chez moi

- Les journalistes sont toujours comme ça ?

- Pas tous mais certains savent que c'est le meilleur moyen de faire de l'audience et faire parler les réseaux sociaux. Les articles sur moi dans la presse people numérique affluent déjà... mon agent va être heureux, ironisa Loyd.

- Pourquoi tu caches autant ton homosexualité ?

- Je n'en sais rien... je me suis toujours assumé parfaitement mais ça n'a jamais été l'avis de mon agent... quand les premières rumeurs sur ma possible sexualité sont apparues à mes débuts à Hollywood, je me suis fait engueuler par mon agent. Ce n'était pas bon pour mon image apparemment, je n'y comprenais rien et j'ai accepté. J'ai eu des tonnes de fausses petites amies...

- Et depuis quelques temps c'est Marianne... une fausse relation stable ? Pas mal comme plan.

- Sauf qu'elle est avec Isis, son ex était un connard inconnu du public, ils ne s'affichaient pas beaucoup mais c'est différent avec sa nouvelle compagne... j'ai plus de couverture et elles ont officiellement annoncé notre fausse rupture. Je ne peux pas leur demander de se cacher pour moi, Marianne est ma meilleure amie et Isis, une amie.

- Donc si tu veux être avec un homme, il faut que ça soit secret ?

- Malheureusement à moins que je dise merde au monde et à mon agent principalement.

Célestin sembla méditer ses paroles tout comme Loyd mais l'adulte ne voulait pas être placé dans une casse, son métier était tellement subjectif même s'il savait qu'une partie de ses fans l'imaginait avec certains de ses collègues masculins sans savoir qu'il aimait les hommes et en particulier le jeune peintre.

Mais une seule de ses fans avait les pièces du puzzle entre ses mains. Une chance qu'Agate sache garder sa langue. Il avait été lire sur une application nommée Wattpad que la jeune femme lui avait recommandé quelques fan-fictions. Les fantasmes des autres pouvaient aller loin, s'ils savaient que lui avait été fait son curieux...

Il avait néanmoins hâte de lire les fictions qui s'imprégnaient de son prochain film où il jouait un homosexuel. D'ailleurs le choix de l'acteur avait fait parler de lui beaucoup simplement parce que lui un acteur hétéro, selon le monde entier sauf lui, avait été préféré à un petit gay qui en réalité ne convenait pas du tout au personnage. Au final les personnes criaient au diable pour rien sans être en connaissance de tous les vrais éléments et non des faits qu'il croyait vrai. Il fallait dire que l'auteur du roman à succès dont l'histoire était tirée était difficile quand il s'agissait de donner vie à son histoire.

En posant ses yeux sur Célestin, Loyd se rappela combien ce monde, son monde, était artificiel et ne lui conviendrait jamais. Le peintre était quelqu'un de vrai et sincère.

- J'ai ramené trois chevalets de chez George et papa, fini par dire le jeune peintre.

- Installe toi comme tu veux dans l'ancienne cuisine, ne t'inquiète ni pour les murs, le sol ou le plafond, exprime-toi c'est le plus important.

Les deux hommes installèrent l'atelier de peinture. Ce n'était pas très compliqué, il y avait un petit meuble avec des tas de peintures apportées par Célestin. Acrylique, huile, aquarelle, crayons de couleur, marqueurs, craies, pastel et différents types de crayons ainsi que des pots d'eau en plastique où trempaient déjà des pinceaux. À terre se trouvait différentes bombes de peinture appartenant à l'acteur.

Loyd jeta un coup d'œil aux graffitis commencer par Célestin.

- Faudra que tu me le termines.

- À ce sujet, la fresque au-dessus de ton lit est superbe... c'est de toi ?

- De George... je n'ai pas le niveau, il a mêlé différentes techniques, il aimait bien faire ça quand on était jeune et innocent, on ne reconnaît pas son style actuel d'ailleurs.

- Pas si innocent que ça.

- C'est vrai qu'on s'est fait beaucoup de mecs enfin, pour lui ça s'est stoppé à ton père... Eliot n'avait plus que son beau brun en tête. Un peu comme toi avec Théo...

L'acteur n'avait pas tellement tort. Mais le photographe l'avait laissé pour un autre qu'il aimait bien plus que lui...