Que faire quand notre pensée reste fixée sur une personne en particulier? Que faire quand cette personne est une personne que nous détestons?
JEUDI 11 OCTOBRE
Jour noir, c'était un jour noir. Non pas parce que c'était un jour horrible, mais parce que la levée du jour ne semblait s'être passée. Les nuages noirs avaient couvert cette journée. Le soleil semblait s'être éclipsé pour partir dans un monde meilleur. Le peu de lumière que nous avions ce jour là n'éclairait même pas assez. Même les feuilles orangées d'automne n'avaient pas assez de rayon pour ensoleiller notre rétine. Tout le monde avait sorti les parapluies, c'était d'ailleurs la seule chose qui colorait ce jour maudit. Des parapluies rouges, bleus, roses, verts, jaunes et même violets se palpitaient un peu partout sur cette ville. Mais c'était peu...
C'était l'orage qui m'avait réveillé ce jour là. Les grognements du tonnerre étaient si forts que la sensation se faisait sentir jusque dans la cage thoracique, comme si on était à un concert de rock. La pluie fouettait le sol à toute allure, des flaques d'eau apparaissaient de plus en plus. L'eau gouttait dans les égouts ouverts sur le bord des routes. Aucun oisillon à l'horizon pour chanter devant ma fenêtre, ils avaient tous fermé leurs "volets". La journée allait être dure.
Jeudi, et je commençais par français, encore. Mais ce jour là c'était la photo de classe. Je n'ai jamais aimé les photos de classe. Pour moi les photos de classe sont une perte de temps tout simplement. Pourquoi vouloir se rappeler de sa classe? Surtout si c'est une classe avec un prof qu'on déteste..
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Le cours avait commencé depuis environ quinze minutes et je n'avais pas acquiescé un sourire depuis la première minute du cours. Le temps semblait long. Quelques parcelles de goûtes de pluies éclataient contre les vitres de la salle de classe. Monsieur Brown nous lisait un poème vieux comme le monde sur ce sentiment qu'est l'amour. Ce n'était pas le premier poème qu'il nous lisait dans ce thème. Il voulait vraiment nous faire comprendre ce qu'est ce sentiment intense.
Je n'étais encore jamais tombée amoureuse donc je ne savais pas vraiment de quoi il parlait. Pour moi l'amour est un simple sentiment, comme l'est le bonheur, la tristesse et la haine.Les autres élèves de ma classe avaient déjà pris goût à cette année scolaire. Ils s'étaient déjà familiarisés avec les professeurs. J'étais la seule paumée à ne vouloir voir personne s'approcher de moi. Les professeurs essayant de me parler m'exaspéraient tous. Ils voyaient pourtant que je n'avais aucune envie d'avoir quelqu'un collé contre moi. Mais surtout pas Monsieur Brown.
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Au bout d'une demi-heure, un surveillant toqua à notre porte.
Monsieur Brown ouvrit la porte à celui-ci.
-Quatrième D, à vous! annonça le surveillant.
Tout de suite, nous nous précipitâmes hors de la salle pour venir s'y ranger sur le côté. Je n'étais vraiment pas motivée. J'espérais ne pas me retrouver à côté du professeur sur la photo, car dans les années précédentes, c'était tout le temps le même rituel.
Monsieur Brown, accompagné du surveillant, d'ailleurs nommé Antoine, nous emmena dans une salle spéciale très loin dans le bâtiment du lycée. Cette salle était logée de réflecteurs pour éclairer notre visage ignoble durant la prise de la photo.
Mais avant tout, il y avait la photo individuelle, la pire. Peu importe qui t'es, quand tu la reçois t'es toujours affreux dessus.Nous passâmes donc la photo individuelle avant de passer à la photo générale. Je voyais au fur et à mesure les gens se placer sur les chaises. Il fallait vite que je trouve une place éloignée du prof! Le prof, lui, se mettait sur le côté, debout. Et Il manquait de place sur le côté ou il n'était pas. Mais heureusement j'ai réussi à trouver une place assez éloignée de lui, heureusement.
Les nombreux flashs de l'appareil photo aveuglait nos petits yeux d'enfants fragiles tandis que le photographe nous suppliait de faire un beau sourire. Nos horribles sourires forcés allaient paraître hideux sur la photo. Pourtant, le photographe nous a avoué que c'était « parfait ».
Nous repartîmes en brouhaha dans notre chère salle de classe. Le prof, lui, discutait de la pluie et du beau temps avec une collègue qu'il avait croisé en chemin. Cette collègue était Madame Vabrès, une petite dame fine d'une quarantaine d'années avec des cheveux au carré assez foncés.
Une fois rentrés dans la salle, nous nous installâmes et patientâmes l'arrivée du professeur, qui fit signe d'au revoir à Madame Vabrès avant de revenir à nous dans la salle.
C'était le moment critique.
Plusieurs élèves se plaignaient du photographe qui mettait trop longtemps à prendre la photo. D'autres se plaignaient du flash trop puissant de l'appareil photo. Collyne avoua que le photographe était gênant car ils nous prenait pour des nourrissons en nous appelant par des petits surnoms comme « les poussins » ou autres.Monsieur Brown arrêta tout le monde et sourit.
-De toute façon vous êtes tous moches, donc à quoi bon se plaindre?
De nombreux rires se firent entendre alors que d'autres se plaignaient du comportement hautain du professeur.
Il était fier de lui.
-Je vous propose de continuer le cour en continuant sur les poésies, peut être que vous êtes plus doués dans ce domaine? divulgua t-il en empoignant nos cahiers d'exercices qui étaient posés sur son bureau en pile. -Qui veut distribuer?
De nombreuses mains se levèrent, il choisit deux élèves au hasard parmi les mains levées et leur donna chacun la moitié de la pile.
Les dénoncés se précipitèrent en zigzag vers chaque élèves pour leur apporter leurs cahiers.
Je me demandais bien comment nous allions trouver des « exercices » sur de la poésie. Mais avec Monsieur Brown on peut tout trouver, même l'impossible.
Il nous dîmes d'ouvrir le cahier à la page trente-deux. Quelle surprise quand nous découvrions que c'était une partie complètement consacrée à la poésie. Des exercices de toutes sortes faisaient surface: le vocabulaire de la poésie, des exercices où il faut relever des bouts de textes ou des alexandrins, il y en avait pour tous les goûts. Il nous demanda de commencer l'exercice un et deux. Il demanda à Théo, un cancre de la classe. Celui-ci répondit n'importe quoi, ce qui n'amusait pas le professeur. Il se leva de sa chaise pour aller juste devant la table de Théo. Il pris sa règle et lui en donna un léger coup sur la tête. Théo frémit. Des dizaines de rires se firent entendre, dont moi, je ne pouvais pas m'empêcher de rire au pauvre sort qui a été attribué à ce pauvre élève innocent.
Le cour reprit, il interrogea Collyne qui répondît évidemment, correctement.La sonnerie retentit alors que Monsieur Brown allait nous faire commencer l'exercice deux.
-Bon, on continuera l'heure d'après, dit il avec un sourire avant de se lever et aller mettre son manteau.
Les élèves sortirent tous en troupeau. C'était la récréation. Je sortit du bâtiment et marcha jusqu'à mon endroit habituel, c'est à dire les escaliers qui mènent au couloir de la salle des profs. Je m'y posa et attendit la fin de la récré en dessinant des brouillons médiocres, tandis que mes pieds grelottaient sous les gouttes de pluie.
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Coup de Règle [Tome 1] (Relation Prof-Élève)
Ficção Adolescente..Ce n'était qu'une faute.