Ce lundi matin, il commençait à faire chaud. L'été arrivait! Cela me mettait de bonne humeur car les temps froids me déprimaient. Je commençais par français et je terminais la journée par art-plastique, mais je commençais l'après midi par deux heures de sport.
Je pouvais sentir le doux vent chaud caresser mes cheveux en les faisant virevolter. Le parfum léger des fleurs de printemps embaumait tous les recoins. Les oiseaux figuraient dans le ciel bleu azur. Ça faisait longtemps que je n'étais pas sortie dans un simple t-shirt! Je me sentais libre et sûre de moi, j'avais une motivation abondante pour aller en cours aujourd'hui. Tout mon être semblait frais et nouveau.
En français, on avait un contrôle sur tous les temps de conjugaison, et j'avais pas appris! Mais il me fut seulement quelques secondes pour lire la leçon et je connaissais déjà tout par cœur! Et oui, ça marche comme ça moi et le français.
C'était assez drôle, car Monsieur Brown devait utiliser le tableau numérique pour écrire les verbes qu'on devait conjuguer (logiquement ça prend moins de temps que sur tableau normal) mais étant donné que Monsieur Brown est vraiment pas doué en technologie, le temps qu'il comprenne comment on fait parvenir un texte jusqu'au logiciel d'écriture, on avait déjà perdu dix minutes! Mais bon, j'avais pas le temps de niaiser, et je suis ressortie du cours avec un beau 17,5/20.
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Arrivée à treize heures, j'attendais Camilla et Annaëlle qui parvinrent vite à moi. Les discussions entre elles et moi étaient variées: ça pouvait causer de profs comme de pieds. Mais le pire était arrivé.
-Et donc, Monsieur Brown... commença Camilla, me fixant.
Elle s'arrêta tout d'un coup, et commença à me dévisager.
-Je rêve ou...? se questionna t-elle.
-Quoi...? lui demandais-je.
Elle tourna la tête vers Annaëlle avec un grand sourire incompréhensible puis revint à moi.
-...Monsieur Brown. répéta t-elle.
-Hm? soufflais-je.
-Meuf, tu rougis quand on dit son nom! m'annonça t-elle.
-Quoi?!! dis-je.
Et elle avait raison. Je sentais la température de mes joues monter très haut. Et j'avais comme un ressenti bizarre dans l'estomac. Ne me dites pas que c'est ce que je crois?!
-T'es amoureuse de Monsieur Brown, Lindsay? me demanda Annaëlle.
-Quoi?! Mais... non! leur hurlais-je.
-Tes joues et ton comportement nous en prouvent le contraire.
Heureusement, l'heure du gong a sonné, et je pouvais enfin laisser échapper ma honte. J'avais donc sport là maintenant. Heureusement que j'ai manigancé un mot de dispense pour pas jouer (on faisait du basket).
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C'est pas possible.. mon corps a dû mal réagir. Pourquoi je rougis quand on dit son nom sérieux?
Assise sur un banc, attendant patiemment la fin de l'heure de sport, deux connaissances de ma classe vinrent à mes côtés se reposer. En même temps elles venaient de jouer. Elles parlaient de tout et de rien mais surtout de l'élément déclencheur. À la seconde où le nom de ce charmeur fut prononcé, mon corps tout entier se transforma en four vivant. On aurait dit que j'avais couru sept heures consécutives tellement j'étais rouge. Heureusement personne à part moi n'avait remarqué mon changement de couleur.
Mais il ne me fallut qu'une demi-seconde pour comprendre.
Comprendre que je n'étais plus moi, oui.
Je crois...Que j'étais tombée amoureuse.
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L'amour est un sentiment de fou, en une fraction de seconde, la personne que tu hais le plus devient la plus belle personne a tes yeux. Chaque fois, j'avais l'impression de voir Monsieur Brown au ralenti avec un filtre rose et des paillettes. Ma vision de lui avait totalement changée. Dès qu'il s'approchait un peu trop de moi ou qu'il me parlait, mon cœur s'emballait et mon corps s'enflammait. Je ne comprends toujours pas comment ça a pu arriver, mais je n'avais même plus envie de l'insulter. Et je le trouvais tellement beauuuuu! Tout ses défauts qui me répugnaient avaient disparus. Il hantait mes pensées du soir au matin. Chaque cour à ses côtés était un pur moment de bonheur. Mais le mieux, c'est que c'était mon prof principal, le seul, et je le voyais très souvent.
La vie devient plus vivante quand on tombe amoureux.—
Neuf heures et cinquante-cinq minutes, comme à mon habitude, avec mes amies dans notre coin, comme dans toutes les récréations. Nous étions avec une amie que je m'étais faite vite fais en classe, elle s'appelait Hazel.
Monsieur Brown arrivait peu à peu, toujours avec son air fier et stupéfiant, le bonheur de ma vie. Il s'arrêta pour parler à deux filles de ma classe.
Tout de suite, mes copines entrèrent en jeu. Elles ne savaient pas vraiment que j'étais amoureuse de Brown, mais elles adoraient me taquiner avec ça.
« Alors pas trop jalouse qu'il parle a d'autres filles? »
« Oulalaaaa Monsieur Brown! »
« Ton chériiii! »
« C'est quand le mariage? »Et ces taquineries revenaient sans cesse à chaque fois qu'il arrivait. Cela ne me dérangeait pas trop mais j'avais peur pour le jour où il entendrait ces bêtises.
Rouge de honte, et avec le prince qui avait terminé sa conversation, je décida de me faufiler dans le bâtiment juste à côté pour éviter de me taper encore plus la honte. Mes copines avaient l'air offusquées de mon acte.
En fait, j'attendais juste que Brown passe, pour ensuite retourner avec mes copines.
Mais... non.
Par la porte en verre, j'observais mes copines. J'entendais toutes leurs paroles. Monsieur Brown s'arrêta devant elles.
-Eh! Les filles on se calme! leur hurla t-il.
Mes amies restèrent sans voix, surtout Camilla qui ne bougeait plus d'un pouce, paralysée par la peur.
Je riais aux éclats.
Monsieur Brown passa ensuite à mes côtés comme si de rien n'était, mais lorsque je voulais aller revoir mes copines, il m'interpella.
-Lindsay?
Je me retourna et le regarda.
-Ne les laisse pas t'embêter. me conseilla t-il.
-Mais... elles m'embêtaient pas...
Je ne pense pas qu'il m'avait réellement cru. Mais je revint à mes copines, impuissantes. Elles me posèrent des questions sur ce qu'il m'avait dit et ce que j'avais répondu. Elles m'ont même demandé pourquoi je ne les aient pas accusées.
Je veux dire, c'est normal c'est mes potes.
Mais vu ce qu'il s'était passé après, j'ai su que Brown ne m'avait pas prise au sérieux.
Annaëlle avait entendu Monsieur Ruzzo parler de Camilla, mais sans entendre la suite. Monsieur Domingues, qui d'habitude, regarde toujours Camilla d'un air charmant, l'avait cette fois-ci regardée d'un regard de tueur. Et je ne parle pas de Monsieur Brown qui ne pouvait pas s'empêcher de regarder toutes mes copines d'un regard noir. Je pense qu'il leur en veut beaucoup. Mais il a quand même mis tous les profs du collège sur leur dos...