Chapitre n°9: L'autruche

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JEUDI 22 FÉVRIER

Aujourd'hui c'était le devoir commun, le jour que tout le monde craignait. C'est sûr que ce n'était pas vraiment le brevet, mais c'était une étape importante pour tous. Comme une grosse débile, je n'avais presque rien révisé, j'y allais au talent. J'allais me taper une sale note mais je ne m'en souciait pas tant que ça, surtout pour le français. Pour le français comme d'habitude, j'allais recevoir un 17/20. C'est pour les mathématiques et l'histoire que ça allait être compliqué.. depuis le début de ma scolarité je suis mauvaise en maths. Petite, il m'arrivait parfois de pleurnicher parce que je ne savais quoi répondre à la question de calcul mental de la maîtresse. Pour l'histoire je m'en sort peut être un peu mieux. Je me rappelle que lors de mon entrée au collège, j'avais de très bon résultats en histoire, et ma prof d'histoire (qui était, en passant, ma prof principale) m'encourageait énormément. Je l'appréciais beaucoup. C'était une petite dame d'une cinquantaine d'années, elle avait de courts cheveux blonds très jolis. Malheureusement, elle a dû quitter mon ancien collège à cause de ses problèmes de santé, elle avait le cancer du sein, et je n'ai plus de nouvelles d'elle aujourd'hui...

Le devoir commun se tenait sur deux jours. Le mercredi et le jeudi, le mercredi se passait l'épreuve de français, et le jeudi les maths et l'histoire. L'épreuve de sciences, elle, se passait un peu plus tard, mais ce n'est pas le plus important. Pas besoin d'expliquer en détails, tout le monde sait comment se passe une épreuve commune comme celle-ci je pense. Étant donné que l'épreuve du mercredi était déjà passée, il ne me restait plus qu'à subir celle de maths et d'histoire. Ce qui était le plus important, c'est que je subissait cette corvée du diable dans la même salle qu'Annaëlle. Bah oui, nos deux noms de famille sont quasiment à côté dans l'alphabet. Au moins je ne stresse pas seule.

Pour l'épreuve de français que j'avais faite hier, les profs m'ayant surveillé étaient Monsieur Lebœuf, le prof de musique et ensuite Monsieur Jacquemoud, mon prof de sciences. Aucun avis sur ces deux profs là, ce sont des profs comme n'importe quel autre prof.

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Moi et mes amies avions décidées d'aller dans le bâtiment du lycée pour venir nous réchauffer près des radiateurs. Je n'avais donc, contrairement à mon habitude, pas français ce matin. Les surveillants ne pouvaient rien nous dire exceptionnellement. Il était à peine huit heures lorsque nous étions arrivées près des radiateurs. Tout de suite nous nous installâmes dos au radiateur. Nous peinions à réviser, mais nous abandonnions très vite car c'était désagréable de lire les notes du classeur de fiches bristols debout.

Je jeta un rapide coup d'œil vers la porte qui menait à dehors, mais au lieu de pouvoir admirer les arbres nus de la cour, je vis l'homme de mes cauchemars arriver. Ses mèches noires virevoltaient au contact du grand vent froid de l'hiver. À ce qui me semblait, il avait cours avec des seconde ce matin. Comme tout bon prof principal, il sourit inconditionnellement à ma vue, contrairement à moi qui commençait à peine à paniquer. Je me précipita au bout du chauffage pour ensuite me faire toute petite. Je me cachais le visage avec ma grosse écharpe tricolore, je n'avais vraiment pas envie de le voir ni de lui adresser la parole. Il franchit le seuil de la porte et, pas peu fier, m'adressa une phrase qui restera gravée dans mon esprit malgré son inutilité:

-Lindsay, tu fais l'autruche?

La colère comme l'amusement s'empara de mon esprit. Je ne pouvais pas le laisser m'écraser ainsi, même si je sais que c'était plutôt d'une tournure affective et que ce n'était en aucun cas pour me blesser. Lui commençait à continuer son chemin. Je sortir ma tête de terre et le dévisagea avant de lâcher un mot d'incompréhension.

-MAIS, QUOI?!

Il ne s'arrêta pas et préféra plutôt lâcher un petit rire moqueur. En plus ça l'amuse!

Annaëlle et Camilla ne pouvaient pas s'empêcher de pouffer de rire.

-Il n'y a rien de drôle! criais-je malgré mon mensonge que je ne pensais pas.

-Haha! Mais c'est qu'il a l'air de t'apprécier ce Monsieur Brown! cracha Camilla avant de continuer à rire avec Annaëlle en chœur.

Je ne pus arrêter de les dévisager même si au fond je trouvais ça drôle. Monsieur Brown a l'air de vouloir s'amuser avec moi et ma timidité qui se rebelle quand il me taquine. Et ça m'amuse aussi. Il a peut être un bon fond au final.

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Il était finalement neuf heures et je n'avais en aucun cas oublié la remarque de mon cher prof principal. Ce n'était pas ça qui allait me décourager pour l'épreuve de mathématiques.
La femme qui nous surveillait était inconnue, mais je crois que c'était une sorte de surveillants ou de conseillère. En tout cas, je ne l'avais jamais vue auparavant.

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Il était quinze heure et demi, et nous avions enfin terminé ces épreuves de devoir commun! Les profs nous ayant surveillés cet après midi était Monsieur Smith et Monsieur Ryan. D'ailleurs petite dédicace à Monsieur Ryan qui nous a déconcentré pendant un petit quart d'heure car il était en train de disputer un élève qui hurlait dans la cour.

C'était donc la récréation. Mais ces malotrus (pour être polie) de professeurs n'ont pas voulu retirer l'heure d'histoire qu'il y avait juste après. Ce qui fait qu'il me restait encore une heure d'histoire après tout ça.

Nous étions posées à notre endroit habituel, nous remettants des émotions que nous avaient évoqué ces épreuves communes.
J'aperçus Monsieur Brown au loin, et il me reluquait avec insistance, ça suppose donc qu'il n'a pas oublié notre échange de ce matin. Je fis semblant de ne pas l'avoir vu, mais cela ne m'a pas empêché de me cacher dans mon écharpe par instinct. Il passa derrière moi, et en référence à ce matin, il me dit, toujours fier:

-Lindsay, tu te caches?

J'ai donc continué dans son jeu, et avant de refaire comme ce matin et passer à autre chose, je lui hurla:

-Mais... ENCORE?!

Lui, toujours aussi amusé, s'enfuit.
Et mes amies, elles, étaient toujours mortes de rire.

-Ha! Il ne va donc jamais te lâcher! insista Camilla.

-Il me saoule... mentais-je avant de réajuster mes lunettes, glissées sous la pression de la haine.

Je crois que la malédiction est tombée sur moi...

Coup de Règle [Tome 1] (Relation Prof-Élève)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant