Ardeur Sentimentale - [FR]

XV

Kyle était finalement arrivé à cette petite cabane, qui regorgeait de nombreux souvenirs, et qu'il aimait à présent presque tout autant que Nick. Il ne pouvait pas toquer, car elle n'avait pas de porte, juste une entrée ; à travers celle-ci, il avait aperçu le brun assis en tailleur, pensif, ou même, il avait l'impression qu'il ne pensait à rien. Il souffla fortement avant de finalement entrer, et à ce moment-là, celui qui l'attendait releva la tête, et ensuite son corps, avant de lui adresser un grand sourire. Il pouvait voir dans ses yeux et sur ses lèvres à quel point il était heureux qu'il soit venu. Et malgré lui, le blond ne put s'empêcher de le serrer fortement dans ses bras, comme il voulait le faire depuis le début.

Finalement, après cette étreinte qui dura plusieurs minutes, bercé par le calme et la douceur de la forêt, Nick décida de prendre la parole après avoir poussé un long soupir pour se détendre.

« Kyle... Je pense que tu l'as compris, mais je suis si heureux que tu sois venu ! Je ne voulais pas me faire de faux espoirs, alors j'attendais juste calmement, sans me poser de questions... Même si ma lettre dit un peu le contraire. Tout ce que j'ai dit dedans, reflète vraiment ce que j'ai pensé, et ressenti pendant plusieurs semaines. Je pensais que tout ce que tu éprouvais pour moi était juste de la pitié. Que tu m'aimais, du moins amicalement, mais simplement parce que j'avais des problèmes mentaux, et que tu voulais sûrement te donner bonne conscience en aidant quelqu'un comme moi, je sais pas. Mais c'est ce que je pensais de toi. Et ce que tu as fait avec Pirmin n'a rien arrangé du tout, ça a même empiré. J'ai même cru que ça confirmait ce que je pensais. Mais je pense que ta réaction, suite à la mienne quand je vous ai vus dans le couloir, m'a légèrement fait changer d'avis... Du moins, j'ai commencé à croire que peut-être, tu tenais vraiment à moi. Mais j'avais juste besoin de temps pour moi avant de te dire tout ça, tu vois ? Mon dieu, je suis vraiment pas doué pour les tirades, je pars dans tous les sens. Bref. Tout ça pour te dire, désolé si je suis parti comme ça, je suppose que t'as dû avoir peur. Maintenant que j'ai réfléchi et que j'ai mis les choses à plat, et que je suppose que t'as fait la même chose, je veux juste te dire deux mots qui ont l'air pourtant simples, mais c'est vraiment compliqué de les dire comme ça : je t'aime. Oui, je t'aime depuis la première fois qu'on s'est rencontré. »

Son interlocuteur l'avait écouté attentivement tout du long, le laissant parler, ne voulant point l'interrompre ; il savait qu'il aurait l'occasion de dire tout ce qu'il avait sur le cœur, lui aussi, juste après. Même si ses premières paroles n'étaient pas joyeuses, il avait arboré un léger sourire pendant toute sa tirade. Sûrement parce qu'il aimait l'entendre parler, qu'il trouvait sa voix magnifique, et ne s'en rendait compte que maintenant. Les événements qui s'était passés et cette lettre lui faisaient remarquer, petit à petit, des tas de choses sur lesquelles il aurait pu s'arrêter bien avant.

Il était beaucoup trop pris à l'admirer, et Nick l'avait bien remarqué ; il s'était mis à rougir fortement, son visage devenant presque complètement cramoisi, et s'éclaircit la gorge pour essayer de le ramener à la réalité. Il avait toujours admiré Kyle, il le reconnaissait, mais il ne pensait pas que celui-ci allait être admiratif à son tour.

En prenant sa main, et lui accordant toujours ce léger sourire qui ne voulait pas se détacher de ses lèvres, soufflant fortement comme il l'avait fait, il décida de prendre la parole à son tour.

« Je suis désolé. Sincèrement. Je suis désolé pour tout ce que j'ai pu te faire depuis qu'on se connaît. Parce que je suppose que j'ai fait beaucoup de choses dont je me suis pas forcément rendu compte. Je suis pas doué pour les tirades non plus, crois-moi. Bref, je suis désolé, et surtout, c'est assez contradictoire, parce que, quand je t'ai rencontré, tout ce que je voulais, c'était te rendre heureux... Oui, le fait que tu sois atteint de ces maladies m'a vraiment fait mal au cœur, mais je ne dirais pas dans le sens de la pitié. Et plus j'ai pris soin de toi, plus je me rapprochais de toi, plus je ressentais des sensations étranges. Le truc, c'est que les sentiments et moi, ça fait deux. J'ai toujours fait le dur, c'est ce que je suis, alors quand je ressens quelque chose, j'ai vraiment du mal à l'exprimer, ou à le détecter, même. Ce qui commençait à se développer pour moi, c'était de l'amour, ta lettre me l'a fait en quelque chose découvrir. Donc, moi aussi je t'aime, Nick. Ce que j'ai voulu faire avec Pirmin, c'était pour me donner une sorte de façade. Qui était totalement conne d'ailleurs, je sais même pas pourquoi j'ai fait ça... Mais en tout cas, ouais, je t'aime, et c'est tout ce qui compte pour l'instant, pas vrai ? Plus rien à foutre de tout ce qui s'est passé avant... Maintenant, ce qui compte, c'est qu'on soit heureux tous les deux, hein ? »

​​​​​​​Nick hocha doucement la tête à sa question, ayant passé le temps de sa tirade à le regarder dans ses beaux yeux turquoise, mais tout en écoutant ce qu'il disait, bien évidemment. Finalement, il le pardonna pour toute cette douleur qu'il lui avait causée, car maintenant, tout allait bien.

Il n'avait jamais pensé qu'il allait avoir une sorte de "fin" joyeuse à tout cela. Pour lui, rien n'avait été joyeux depuis son enfance. Alors, il voulait profiter du bonheur que Kyle lui procurait, peu importe s'il l'avait fait souffrir auparavant.

Le blond souffla de nouveau. Ils souriaient tous les deux bêtement, et cette situation n'était pas si désagréable ; mais les deux commençaient à réaliser qu'ils voulaient faire autre chose que de se regarder dans les yeux en se tenant la main. Ils voulaient rompre le vide qui séparait leurs visages ; ils se rapprochèrent doucement, petit à petit, et finalement, ce fut le brun qui posa ses lèvres en premier sur celles de son désormais petit-ami. Le baiser était doux, calme, court. Ils avaient l'impression de ne faire plus qu'un, et d'être en harmonie. Pour les deux garçons, ce moment là était le meilleur de toute leur vie ; jamais ils n'avaient été aussi heureux, et ce sentiment de bonheur n'était pas prêt de s'arrêter.

Ce soir-là Nick ne se scarifia pas pour la première fois depuis un bon moment, et s'endormit dans les bras de celui qu'il aimait, un sourire aux lèvres, ressentant le même sentiment qu'il avait eu quand il l'avait rencontré pour la première fois.