Une bonne partie de la semaine s'était écoulé dans la bonne humeur et la joie, pour Nick. Il passait la plupart de son temps avec Kyle et Jonas -- le blond avait toujours un peu de mal à l'accepter, d'ailleurs -- pendant les heures libres qu'ils avaient en commun, et à la fin des journées, il allait toujours en compagnie de son fameux voisin dans sa cabane, se laissant alors aller, disant tout ce qu'il avait sur le cœur à chaque fois, sans se retenir, ce qui ne lui était jamais arrivé. Et se lâcher autant, sans avoir peur qu'on le juge ou qu'on se moque, lui faisait énormément de bien. Kyle faisait du mieux qu'il pouvait pour l'aider, le rassurer, même s'il se trouvait toujours extrêmement maladroit dans sa façon de parler et dans ses paroles, mais Nick s'y était finalement habitué. Rien que le fait qu'il essayait d'être compréhensif et empathique lui faisait très plaisir, et l'aidaient d'une certaine manière.
Il faisait désormais totalement confiance à celui-ci, et il ne le regrettait pas. Si seulement tout le monde pouvait être comme lui, à essayer de le comprendre et de l'aider, sa vie pourrait être bien meilleure...
Sa génitrice voyait bien qu'il était plus joyeux, plus détendu, et elle se rendait compte que ses coupures sur ses bras commençaient à cicatriser, alors qu'elles étaient habituellement toujours à vif et remplies du sang de la veille. Mais à aucun moment elle ne pourrait se comporter comme une mère normale, qui serait heureuse pour son fils, et voudrait l'aider encore plus de ceux qui le faisaient déjà. Non, elle voulait qu'il retourne dans la misère, dans la déprime habituelle. C'était tout ce que Nick méritait pour le calvaire qu'il lui faisait endurer, en étant tout simplement en vie.
Elle ne voulait pas le voir heureux. C'était la pire chose qu'il puisse y avoir pour elle. Pourquoi lui devrait l'être alors qu'elle, ne l'était même pas ? Et toujours par sa faute. Elle s'en prenait à lui car il descendait de son ancien petit-ami, celui qui l'avait violé. Tout ce qu'il faisait, c'était lui rappeler cette pourriture.
Quand il revint des cours ce jour-là, il arborait un grand sourire, qu'elle devinait bien évidemment dans la pièce dans laquelle elle était. Il ne lui disait jamais bonjour après qu'il ne soit rentré du lycée, il montait toujours dans sa chambre. Sauf que cette fois-ci, elle lui barra la route des escaliers, un sourire carnassier sur ses lèvres, et celui de son fils disparut alors immédiatement à cette vue, ce qui la satisfaisait étrangement. Il commençait à trembler.
Bien qu'elle eût une carrure et un corps assez frêles, elle réussit à le prendre par le col -- en même temps, Nick n'était pas si lourd --, et le plaqua contre le mur. Le brun commençait à pleurer silencieusement, ayant fermé les yeux pour ne pas voir le visage horrible de sa mère. Et bien que sa respiration commençait à se couper et qu'il se faisait de plus en plus difficile de respirer, il essayait de garder son calme, ne voulant pas céder d'aussitôt.
Elle ne voulait pas qu'il garde son calme : elle voulait le voir souffrir. C'était la chose qu'elle désirait le plus à ce moment même.
« De quel droit tu me montres ton bonheur, petite merde ?! » S'exclama-t-elle, et Nick fronça les sourcils en sentant son haleine dégageant une odeur horrible d'alcool et de cigarette si près de lui. « Crois-moi, ça va pas durer longtemps. Le pédé blond, tu le revois encore une seule fois, ce sera encore pire que ce qu'il va t'arriver maintenant. Et tu le mériteras. Tu n'es pas mon fils, tu n'es qu'une ordure, un déchet vivant, tu ne mérites pas le bonheur, tu entends ?! Tu mérites de souffrir comme ton foutu père et toi vous m'avez fait souffrir, jamais je ne vous le pardonnerai, jamais tu ne seras heureux sous mon toit, et jamais tu ne le seras jusqu'à ce que tu crèves ! »
Elle avait malheureusement réussi ; tout le bonheur que son fils avait ressenti jusque-là s'était envolé, les larmes coulaient d'elles-mêmes sans qu'il puisse les arrêter, tremblant de la tête aux pieds. Il savait que ça n'allait pas être comme d'habitude, où elle lui donnait un ou deux coups de ceinture, elle le jetait contre le mur et c'était fini. Ca allait être pire que ça, mais il était trop faible physiquement et mentalement à l'instant même pour essayer une quelconque résistance contre ses actes. Il allait tout encaisser, comme il le faisait à chaque fois.
Sa mère le laissa alors glisser contre le mur, doucement, et il se recroquevilla sur lui-même. Il ne put même pas avoir quelques secondes de répit, car dès qu'il eut atteint le sol, elle s'empressa de lui donner un violent coup de pied dans les côtes, ce qui lui arracha un léger cri de douleur, qu'il se dépêcha d'atténuer en mettant sa main sur sa bouche : il ne lui ferait pas le plaisir de l'entendre exprimer sa souffrance.
Il comptait les coups qu'elle lui donnait, en silence,
Un, deux, trois,
Avant qu'il ne s'effondre sur le sol, montrant son corps vulnérable tout entier. Et il continua de compter,
Quatre, cinq, six,
Avant qu'elle n'arrête et ne décide d'aller chercher quelque chose qui le ferait encore plus souffrir. Elle ramena un objet qu'elle avait acheté exprès pour l'occasion, un assez beau fouet qui le ferait souffrir, et n'attendit pas plus longtemps pour recommencer ses coups, qui n'était plus seulement aux côtes, mais également au visage, aux cuisses, à peu près partout. Et il continuait toujours de compter,
Sept, huit, neuf,
Pleurant en silence, ayant l'impression de quitter son corps petit à petit, ayant l'impression de s'être habitué à cette douleur, ayant l'impression de s'évanouir, ayant l'impression d'assister à cette scène par le biais d'un autre corps.
Dix, onze, douze,
Il n'exprimait plus sa douleur, il ne voulait pas lui donner ce plaisir, bien qu'elle devenait de plus en plus folle et obsédée au fil des secondes : bien qu'il avait l'impression de ne plus appartenir à ce monde, il entendait son rire machiavélique, ses insultes qu'elle hurlait sans arrêt, et oui, malheureusement, elle prenait énormément de plaisir à faire souffrir son fils, à voir ces bleus se créer sur son corps, celui-ci devenant de plus en plus meurtri au fil des minutes.
Treize, quatorze, quinze,
Tout cela s'arrêta une bonne heure plus tard. Il avait totalement perdu connaissance, elle s'était lassé de le frapper, surtout s'il ne réagissait même plus à ses gestes. Elle le laissa gésir au sol, donnant tout de même un dernier coup de pied dans ses côtes, avant de finalement aller dans sa chambre, pour retourner à ses occupations. Elle commençait à être en manque d'alcool, et cela était plus important que le petit con qui lui servait de fils. Elle ne fit plus attention à lui le reste de la soirée, et celui-ci ne se réveilla que le lendemain matin, tout son corps lui faisant extrêmement mal, et il était quasiment incapable de se lever. Les larmes étaient presque incrustées dans sa peau.
Seize, dix-sept, dix-huit,
Dix-neuf, vingt, vingt-et-un,
Vingt-deux, vingt-trois, vingt-quatre,
Vingt-cinq, vingt-six, vingt-sept,
Vingt-huit, vingt-neuf, trente.
Il s'était arrêté de compter jusque-là, mais le nombre était beaucoup plus important.

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Ardeur Sentimentale - [FR]
Roman d'amourNick et Kyle sont deux jeunes garçons d'une quinzaine d'années issus de classes sociales différentes, et de caractères tout à fait différent également. Mais quand ils vont se rencontrer, rien que la première fois, beaucoup de choses vont se boulever...