Partie 5 - Direction Budapest

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Je suis repassé par ma chambre, Ravi ronflait effectivement toujours, mais sa position avait changé : il avait roulé sur le dos et exposait maintenant une magnifique dentition à qui veuille bien la contempler. Et toujours sur la pointe des pieds, j'ai pris l'indispensable pour une sortie à Budapest : un pull blanc à col roulé, une veste chaude et quant à mon appareil photo humm ... Pas la peine, Hongbin adore la photographie il va sans doute s'en charger. Puis en sortant du bâtiment, je le vois qui m'attend déjà devant, un cache-oreilles vissé sur la tête. Moi j'enfile un bonnet, comme ça on fera la paire de frileux.

« - Prêt pour la balade ? il exhibe son appareil Réflex : Regarde il est déjà tout prêt à l'emploi ! Je suis le seul du groupe à immortaliser nos voyages et heureusement car sinon personne ne le ferait ! Mais Léo tu sais ... même si tu n'aimes pas te laisser prendre en photo j'ai en revanche remarqué que tu aimes beaucoup voir tous les souvenirs de nos voyages, et que tu prends quelques photos souvenirs pour toi.

Bon sang il avait remarqué ça aussi ! J'ai bien failli ouvrir ma bouche de stupeur mais le froid, l'absence de ma solitude et la préparation mentale me firent juste rester stoïque. Rester moi en quelque sorte. Je tire la gueule quoi. Hongbin-ssi ne semble pas s'en offusquer, il me regarde en souriant, puis semble prendre la suite des opérations.

- Alors on y va ? On peut soit prendre le bus, soit marcher si cela ne te fais pas peur », « La marche ... ira ... très bien.

- Parfait allons-y ! Il faut descendre cette rue là, suis-moi !

Hongbin, ayant tout prévu à l'avance, et habitué à ce genre de sortie, avait déjà dégainé son téléphone et regardé le chemin à prendre. Nous avions à peine fait quelques pas qu'il ajouta - Oh j'ai aussi repéré un petit café sympa dans le centre-ville, il font une déco originale je veux absolument y aller ! Je pourrais y prendre de supers photos ! ». Bon sang il avait tout prévu dans les moindres détails. Et dire que je me ramenais sans rien, les mains dans les poches, littéralement. Nous avons commencé par descendre une longue rue en pente, et j'ai suivi Hongbin plusieurs minutes sans avoir la moindre idée d'où j'allais. Mais de ce que j'en comprenais, notre hôtel était légèrement en retrait du centre-ville, les rues que nous traversions pour l'instant n'était pas typiques de l'architecture Hongroise. Les habitations y étaient même espacées car nous nous trouvions plutôt dans une zone de magasins. Nous ne parlions pas, seul le bruit de nos souffles et les nuages de buées s'échappant de nos bouches troublaient le silence, marquant un rythme.

Au bout d'une dizaine de minutes, nous arrivâmes au pied d'une grande pente, gravissant une espèce de butte. Hongbin me dit « Viens il faut grimper cette route ! Tu verras là-haut ! ». Soit. Je pris mon courage à deux mains et commença à grimper cette pente, me préparant mentalement à l'essoufflement qui allait arriver -car oui, je suis le membre des VIXX qui s'essouffle le plus vite, un de mes défauts dont j'ai le plus horreur ....-, pendant qu'Hongbin marchait, pratiquement trottait joyeusement devant moi, ne semblant s'occuper ni du froid ni de l'inclinaison de la butte. Il fallut bien deux bonnes minutes pour arriver en haut. Mais comme il l'avait dit, je compris pourquoi. Ce point surélevé offrait une vue magnifique sur le cœur de Budapest. On pouvait y voir ses routes sinueuses, ses habitations blanches aux toits marron clair givré, de nombreuses touches de verdure, des arbres surgissant au milieu des bâtiments au charme de la région nordique. Ce qui attirait bien sûr le regard en premier était le Danube, cet immense fleuve qui tranchant la ville en deux, mais dont ces deux parties étaient tout de même reliées par un pont, par cette artère menant droit au Parlement.

J'en eu le souffle coupé. Je me rendis compte seulement à ce moment que je m'étais complètement statufié, la bouche ouverte, à contempler ce vertige. Je remarquais aussi via ma vision en périphérie, qu'Hongbin était placé légèrement en biais sur ma gauche et qu'il me dévisageait, gentiment, le sourire aux lèvres. Il semblait s'émerveiller de ma réaction face à ce paysage. Intérieurement j'en fus flatté, content, mais ma réaction fût la suivante :

« - Quoi ?? Qu'est-ce qu'il y a ? Pourquoi tu me regardes comme ça ? Hum, plutôt brutal.

Il parut un peu surpris, vraiment un tout petit, un chouïa. Car je vis son sourire s'effacer une petite seconde. Dès la deuxième seconde, son regard trouva le sol, signe qu'il réfléchissait, et se remunissant de son sourire il releva la tête pour me regarder dans les yeux tout en me répondant :

- Rien, j'adore juste voir ton visage comme cela.

Hein ? Quoi ?

- Comment ça ... 'Comme cela' ?

- Et bien ... Traversé d'une émotion. Quand tu n'es pas placide. Quand tu ne retiens pas ton vrai toi. Tes expressions, quelles quel soient, sont si rares qu'elles en deviennent magnifiques.

Tout ça dit avec le plus grand naturel, sans hésitation. Putain. Je suis scotché. Il enchaîne :

- Un de mes rêves serait de réussir à capturer ça dans mon objectif. dit-il en brandissant son appareil.

Double putain.

Je ne sais vraiment pas quoi répondre. Mais pas besoin de répondre car il enchaîne une nouvelle fois.

- Bon je vais prendre quelques minutes pour faire des photos de ce paysage et on repart ! Mets-toi à l'aise en m'attendant Léo-ssi ! »

Bon ok. Pas de soucis. Je repère un arbre non loin de là et vais m'y adosser, les mains toujours dans les poches, pour contempler le paysage encore quelques minutes. Enfin pour faire semblant. Les paroles d'Hongbin m'ont beaucoup perturbé, pas forcément dans le mauvais sens du terme, je me sens flatté, mais aussi malaisé ... Aaaah Léo, tu te prends la tête pour rien ! Ça n'a surement rien de bizarre ou d'anormal ! Tu t'es trompé sur Hongbin pendant longtemps, il t'observe et a pris ta défense, ok, tu as accepté d'aller en ville avec lui pour te balader et en apprendre plus sur lui, ok, rien d'anormal. À bien y réfléchir, Hongbin est photographe, il doit juste considérer mes expressions comme intéressantes pour son travail. Car comme il l'a dit, elles sont rares, et je ne peux le désapprouver. Il ne doit pas réellement s'intéresser à ma petite personne ... C'est comme ça qu'il faut que tu penses Léo, il n'y a que ça à penser de toute façon.

Hongbin a fini, nous repartons. Cette fois, nous mettons beaucoup moins de temps à descendre la pente. Et rapidement nous atteignons le bord du cœur de la ville, les premières rues plus étroites, plus ondulantes, plus fournies. En les voyant de près je me rends compte que le soleil et la hauteur m'avaient abusé : l'essentiel des maisons ne sont pas blanches, mais plutôt dans des tons marrons et gris clairs, froids, et leurs toits sont aux mêmes nuanciers mais plus foncés. L'architecture change complètement selon les rues. Un coup les portes peuvent être arrondies et cochères, la route et le trottoir lisse, avec pour seule ornementation des lampadaires noirs. Un coup les portes peuvent être aux angles droits durs, les rues pavées et bordées d'arbres. Je trouve cela tellement dépaysant. Je ne suis pas émerveillé, pas autant que j'ai pu l'être en déambulant dans Paris par exemple. Mais je trouve cela apaisant, calme. Tout ce que j'aime.

Contrairement à ce que j'avais anticipé, Hongbin ne trouble pas mon apaisement naturel. Il ne cherche pas forcément à bavarder, mais il n'y a absolument aucune ambiance froide entre nous. Je sais qu'il est là, je 'l'entends', il est tel un enfant, adorable, à s'émerveiller et s'exclamer de tout, à pousser des « -Oh! » devant une statue, ou des « Woaaah jin-jja ! » au détour d'une jolie place ouvragée. Mais contrairement à Ken, il n'est pas comme un gosse lourd à supporter. Tandis que je marche doucement, toujours à la même allure, je le regarde avancer à son propre rythme : la seconde d'avant sautillant d'excitation et me dépassant sans m'en sans rendre compte, et la seconde d'après en retard derrière moi, car occupé à photographier quelque chose. Il est attendrissant, me dis-je dans un sourire. Et je me fis soudainement la remarque qu'il était moi, mais un moi extériorisant. Si j'étais aussi émerveillé et enchanté que lui par notre découverte progressive des rues de Budapest, je n'en laissais rien paraître, pas même un sourire. Tandis que sa joie à lui transparaissait si facilement et si visiblement.

Cameo | LeoBin (VIXX) |  FROù les histoires vivent. Découvrez maintenant