X . Balade en forêt

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Le petit groupe quitta le territoire des loups au milieu du troisième jour qui leur avait été accordé par Sköll. Les marais qu'ils avaient parcourus jusque-là laissèrent place à un paysage désolé composé de vastes plaines recouvertes d'herbes brûlées et de quelques arbres tordus qui tentaient tant bien que mal de survivre. Le soleil philistin frappait durement les voyageurs.

— J'ai soif, se plaignit Sam tentant sans succès de conserver le rythme de ses compagnons.

— Pas plus d'une gorgée, lui dit Georges en lui tendant une gourde en cuir bouilli. Le prochain point d'eau est à deux jours de marche, nous devons économiser l'eau.

— Trois si nous continuons à nous traîner à cette vitesse, le reprit sèchement Aylia.

Depuis leur rencontre avec la meute, le succube avait repris son ton froid et sec quand il s'adressait à ses compagnons de voyage. Malgré cela, Sam n'avait pas manqué de remarquer les quelques regards qu'il coulait de temps en temps dans sa direction comme si sa réaction lors de la mort du loup avait bousculé l'opinion qu'il se faisait de lui. De quelle manière ? Il l'ignorait encore.

— Je continue à penser que nous devrions marcher de nuit, dit Georges.

— Ces plaines sont bien moins dangereuses de jour, le contredit Aylia revenant sur un sujet déjà plusieurs fois abordé. Les prédateurs chassent majoritairement la nuit et je ne tiens pas vraiment à les rencontrer dans l'obscurité.

— Je croyais que les succubes étaient nyctalopes, ricana le mage. Rien ne devrait pouvoir te surprendre dans le noir.

— Je vois peut-être parfaitement dans la nuit, lui répondit-elle en se raidissant. Mais jusqu'à preuve du contraire, ce n'est pas le cas des humains... fussent-ils mages.

— J'ignorais que notre sécurité était si importante pour toi, lança Georges piqué au vif.

— Personnellement, je me moque de ce qu'il vous arrive. Mais Mère tient à récupérer le pacte et, pour cela, elle a besoin de vous, enfin de certains d'entre vous.

Le regard qu'elle lança au mage en dit long sur l'opinion qu'elle se faisait de son utilité au sein du groupe.

— Ça suffit ! intervint Gabriel pour couper court à la discussion avant qu'elle ne dégénère comme toutes les précédentes.

Sam lui-même trouvait que les incessantes prises de bec entre Aylia et George commençaient à devenir lassantes. Il semblait n'exister aucun sujet sur lequel ces deux-là puissent tomber d'accord et chaque discussion finissait invariablement par tourner à l'affrontement.

L'adolescent porta la main à sa poche dans laquelle reposait son médaillon. Il ne le portait plus depuis deux jours mais le savoir là suffisait à l'apaiser.

— Tu as fait beaucoup de progrès, le félicita Gabriel arrivant à sa hauteur.

— Parfois, j'arrive même à ne pas penser au bruit qu'ils font contre les murs de mon esprit, lui répondit-il.

— Avec le temps, tu ne l'entendras même plus, lui dit Gabriel d'une voix confiante.

Sam espérait sincèrement que son ami avait raison et pourtant il avait des difficultés à croire qu'un jour viendrait où il réussirait à faire totalement abstraction des cris et grondements inhumains à la périphérie de sa conscience.

— Tu m'apprendras à me battre à l'épée ? demanda Sam autant pour changer de sujet que par réel intérêt.

— Je pourrais, acquiesça le vieil homme, un sourire roublard aux lèvres. Mais crois-moi sur parole quand je te dis que tu regretteras vite de me l'avoir demandé.

Les Chroniques de l'Avatar du Chaos:  T1. L'ombre du ChaosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant