XV . Visite nocturne

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Sam regarda avec un mélange de curiosité et d'émerveillement un groupe de sapins rachitiques. C'était les premiers arbres qu'il voyait depuis presque une semaine. Il réalisait seulement maintenant à quel point l'absence de verdure lui avait pesé, il avait l'impression de prendre une grande bouffée d'air après une trop longue apnée.

— Tu vas bien ? l'interrogea Aylia s'arrêtant près de lui.

Sam n'était pas sûr que la réponse intéresse réellement le succube mais depuis la disparition de Gabriel, il semblait décidée à faire des efforts pour le distraire de son humeur maussade. Sam devait bien admettre qu'il y arrivait assez bien. Ils leur étaient même arrivés, une ou deux fois, de rire autour du feu de camp comme des adolescents normaux. Le jeune garçon lui en était reconnaissant.

— Ça va, lui répondit-il. Ça fait du bien de voir autre chose que des cailloux.

Le succube sourit en acquiesçant. Le cœur de Sam manqua un battement.

— Georges nous attend, dépêchons-nous, lui dit-il sans cesser de sourire.

— Après toi, réussit à articuler Sam en priant de toutes ses forces pour qu'elle n'ait pas remarqué son trouble.

Sam la suivit du regard pendant qu'elle se remettait en route. Il avait encore des difficultés à placer des mots sur ce qu'il ressentait et doutait de ne jamais y arriver. Il n'était pas idiot et comprenait parfaitement qu'elle était l'unique raison pour laquelle il avait réussi à surmonter la douleur de la perte de Gabriel. Il était également conscient que les sentiments qu'il nourrissait envers Aylia dépassaient le cadre de la simple amitié. Sam se demanda ce qu'elle pouvait bien éprouver à son égard. Le considérait-elle comme un simple compagnon de voyage, un ami ou bien ressentait-elle comme lui quelque chose de plus profond et d'infiniment plus fort ? L'adolescent aurait aimé trouver le courage de lui poser la question.

Les trois compagnons atteignirent la vallée en fin d'après-midi. Un soleil de plomb brillait dans le ciel sans nuage. D'un revers de la manche, Sam essuya la transpiration sur son visage. Il se surprit à regretter un moment le froid de la montagne avant de se souvenir des nuits passées à grelotter et des journées de marche interminable dans la neige jusqu'aux genoux.

—Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? demanda l'adolescent quand Georges finit par décréter une pause.

— On suit le plan prévu, à toi de nous montrer le chemin, lui répondit le mage le regard perdu dans le paysage qui leur faisait face.

Sam chassa l'idée d'un mouvement agacé de la main.

— Sérieusement !?

— Viens, lui dit son ami.

L'adolescent alla se planter face à Georges, bien décidé à obtenir une réponse plus satisfaisante. Sans lui prêter attention, son compagnon fit apparaître une flamme au creux de sa main.

— Regarde cette flamme, lui ordonna-t-il.

Sam s'exécuta, son regard plongea au cœur du brasier miniature. Georges agita délicatement les doigts, obligeant le feu à danser avec fluidité sur la paume de sa main.

— Reste concentré sur la flamme, dit le mage d'une voix douce et hypnotique. Je veux que tu ne regardes qu'elle.

Après plusieurs minutes, les yeux plongés dans le feu, Sam sentit une douce torpeur l'envahir.

— Parfait, lui dit Georges de la même voix monocorde. Je veux que tu te détendes et que tu fermes les yeux.

L'esprit totalement vide, l'adolescent s'exécuta.

Les Chroniques de l'Avatar du Chaos:  T1. L'ombre du ChaosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant