XIX . Le dernier acte

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— Jusqu'où va-t-on encore monter ? demanda Sam sentant les douleurs dans ses jambes se transformer en crampe persistante.

— Jusqu'où il faudra, lui répondit Georges avec lassitude.

L'adolescent retint un grognement : plusieurs heures s'étaient écoulées depuis que ses compagnons et lui avaient débuté leur ascension, grimpant à l'escalier qui s'articulait autour du corps central de la tour. Aucune torche n'était fixée au mur mais ils n'avaient rien à craindre de l'obscurité car si de dehors, les murs de l'édifice étaient totalement noirs, à l'intérieur ils s'étaient révélés transparents comme du verre. Après tout ce temps passé à monter, la vue qui se déroulait au pied de Sam et de ses amis était purement sublime.

La fatigue et leurs corps perclus de douleurs les empêchaient pourtant de profiter pleinement du spectacle. Chaque palier par lequel le petit groupe passait comportait sa propre porte, certaines impressionnantes et menaçantes et d'autres au contraire accueillantes et qui semblaient vouloir inviter les voyageurs à venir découvrir les secrets des pièces qu'elles maintenaient closes.

— Rappelez-moi pourquoi ce que nous cherchons doit-il obligatoirement se trouver au sommet de cette tour ? interrogea Sam sans s'adresser à personne en particulier. Après tout, quoi que ce soit, il se peut très bien que cela se trouve dans l'une des pièces que nous venons de dépasser.

— Tu es l'Avatar, lui répondit Georges entre deux respirations saccadées. Alors crois-tu que quoi que ce soit te concernant se trouve autre part que dans la pièce la plus importante de cette tour ?

Conscient que son ami avait raison et peu désireux de passer pour un pleurnichard auprès d'Aylia, Sam ravala sa remarque et continua à monter les escaliers, sans toutefois oublier de les insulter copieusement dans sa tête. De son côté, le succube ne semblait nullement incommodé par l'effort, à peine leur faisait-il l'aumône d'une respiration un peu plus rapide qu'à son habitude. Sans vraiment savoir pourquoi l'adolescent se sentit encore plus énervé.

L'ascension se poursuivit le reste de la journée et encore une partie de la nuit. Le petit groupe multipliait maintenant les pauses afin de tenir le coup et même Aylia semblait apprécier celles-ci à leur juste valeur.

Le soleil avait depuis longtemps disparu derrière l'horizon lorsque les efforts des trois compagnons trouvèrent finalement leur juste récompense. Leur chemin était barré par une porte aux reflets d'or, gravée de motifs que Sam trouva à la fois étranges et familiers.

— Qu'est-ce que ça veut dire ? demanda l'adolescent incapable de déchiffrer l'idiome inconnu.

— Ici se trouve le pacte des pactes, il fut créé pour la survie des mondes et jamais il ne devra être violé, traduisit Georges. C'est un message d'avertissement. Nous venons de trouver l'entrée de la chambre de l'archiviste.

— J'ai un mauvais pressentiment, murmura Sam. Nous ne devrions peut-être pas entrer.

— Nous sommes allés trop loin pour faire marche arrière, lui dit Georges. Il doit y avoir une bonne raison pour que le miroir de Delphes nous ait conduits jusqu'à cet endroit. Et je suis persuadé que c'est également ici que nous trouverons le moyen pour te permettre d'échapper aux griffes du conseil.

— N'oubliez pas l'accord que vous avez passé avec ma Mère, leur rappela Aylia en les observant l'un après l'autre de son regard émeraude. Je vous ai guidés jusqu'ici, maintenant c'est à vous de respecter votre part du marché.

— Chaque chose en son temps, lui répondit Georges. Je suis sûr que, une fois notre but atteint, nous n'aurons aucun mal à trouver le pacte qui retient Lilith prisonnière.

Les Chroniques de l'Avatar du Chaos:  T1. L'ombre du ChaosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant