Chapitre 25 : Baisser sa garde

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Gabriel

Je viens d'assister à une réunion avec Benjamin sur les nouveaux changements à opérer. À mon grand étonnement, nous ne nous sommes pas chamailler pour des futilités et il a l'air presque satisfait de ce que je lui ai demandé de faire. C'est Alicia qui va être contente.... pensais-je en rangeant mon bureau pour me rendre à la maison. Aujourd'hui, j'ai voulu rentrer plus tôt pour m'occuper d'elle. Je l'ai trouvé très fatiguée hier soir et je m'inquiète. Elle en fait trop! Les études, le travail, son frère et moi ! J'oublie quelque fois qu'elle n'a que 24 ans.

Je vais nous préparé à dîner et puis faire en sorte qu'elle se détende un peu. J'ai vraiment envie que les choses soient sur un autre plan, pour elle et moi. Le week-end dernier fut magique... il y a longtemps que je n'avais pas été heureux ainsi et c'est grâce à elle. Avec elle, j'arrive à croire qu'il y a du bon dans ce monde, qu'il existe des personnes qui font passer les autres avant eux... C'est ma femme, et elle passe avant tout...

Bien évidemment, elle n'est pas encore rentrée quand je pénètre le hall de la maison. Je me débarrasse de mes affaires à la hâte, afin de commencer mes préparatifs... je veux que tout soit près dès qu'elle passera la porte. Je mets sur mon portable l'application que j'ai trouvé pour m'aider à confectionner un repas facile et élégant, puis entame sa confection. Ce sera quelque chose de très simple car, je suis un piètre cuisinier : une salade césar. Il n'y a que des choses à mélanger.

Je nettoie la salade, mets le bacon au four, assaisonne le poulet et le fait cuit sur le grill. Je réalise ma première vinaigrette, avec minutie. Lorsque je la goûte, je me dit que je devrai en faire plus souvent, elle est délicieuse! Alors que tout est prêt, je le mélange dans un grand saladier, sans omettre les croutons à l'ail que j'ai acheté... Tout m'a l'air parfaitement maitriser... C'est avec satisfaction que je me décide à aller passer quelques coups de fil dans mon bureau.

En m'approchant du couloir, je remarque que la porte de la pièce d'Alicia est entre-baillé depuis quelque temps elle la ferme, peut-être qu'elle prépare une surprise. Elle est si mystérieuse ces jours-ci. Ma curiosité est piquée au vif et je ne me retiens pas d'aller y jeter un coup d'oeil. En poussant la porte, je ne vois rien d'anormal, la pièce est impeccable, il y a trois carton usés qui gisent sur la sol au pied de sa chaise, mais à part ça... rien ! Sur son bureau, son ordinateur portable est fermé, ses stylos rangés, ses dossiers en ordre. Un petit livre attire mon attention lorsque j'approche, je me rends compte que c'est une sorte de carnet de note, machinalement je l'ouvre et commence à le lire :

17 Septembre 1971

Oxford est tout ce que je déteste, une école fumeuse, remplit de petits cons arrogants et suffisants. Ils n'ont aucuns objectifs, si ce n'est se laisser vivre avec l'argent de papa...

Je fronce les sourcils, en comprenant que cela n'appartient pas à Alicia. Je feuillète un peu, afin de voir qui en est le propriétaire. Je tombe des nues en comprenant que je tiens le journal intime de Bill Miles. Il y raconte ses états d'âme, agrémenté de quelques passages avec mon père...

Mais... Quoi ! Qu'est-ce-que... Ce n'est pas possible ?! Il n'a pas pu écrire ça ! Je fulmine de rage en lisant que ce salopard de Miles à écrit sur mon père ! Comment peut-il ?!

Assis sur la chaise d'Alicia, je relis encore le paragraphe où il mentionne que mon père a participer au meurtre d'un de leur professeur de faculté. Je me dis qu'il n'y a pas de limites à la sournoiserie de ce type ! Même mort, il arrive encore à salir mes parents, qui lui ont été si fidèles ! Je n'entends pas Alicia rentrer, tant je suis bouleversé.

— Gabriel ? Qu'est-ce-que tu fais là ? Dit-elle, surprise.

— La porte étais ouverte... je croyais que tu me préparais une surprise... seulement je ne m'attendais pas à celle là ! Dis-je plein d'amertume.

— Je suis désolée que tu l'apprennes comme ça... Dit-elle, calmement.

— Mais tu plaisantes ?! Tu ne vas quand même pas croire toutes ces inepties !

— Cela expliquerait beaucoup de choses... L'argent qui a permis de bâtir Miles Publishing, pourquoi ton père n'a pas hésité à tout quitter pour le mien dès que celui-ci le lui a demandé... Il n'y a qu'un lourd secret qui peut lier des hommes jusqu'à la mort...

— Tais-Toi ! Tu racontes n'importe quoi ! Dis-je, fou de colère. Tu ne connaissais pas mon père! Il aurait été incapable de tirer sur qui que ce soit! Alors que Bill, lui...

— Pourquoi l'avoir écrit dans son journal intime si cela était faux ?

— Je ne sais pas... pour se faire un alibi si on tombait sur ce ramassis de mensonges, peut-être... Dis-je en jetant le journal sur le bureau.

— Je ne crois pas... mon père ne voulais pas que ce journal tombe dans des mains étrangères... il l'a mis dans son coffre, c'est là que je l'ai trouvé... Il a certainement dû oublier qu'il était là car il ne me l'aurais jamais légué sinon mais il faut croire qu'il était si malade, qu'il a dû oublier.

— Je viens de te dire que ce qu'il écrit était un tissu de mensonges ! Comment peux-tu croire quelqu'un que tu ne connais pas, alors que je te dit que mes parents sont incapables de la moindre malhonnêteté !

— Je suis bien placée pour savoir qu'on ne sait jamais qui on a en face de soit ! Ouvre les yeux Gabriel ! Mon père a fait chanter ton père toute sa vie à cause de ça ! Toi même me disait que tu ne comprenais pas sa loyauté ! Ça n'en était pas ! C'était de la peur ! La peur de finir en prison pour un crime que mon père l'a poussé à commettre ! Il a fait en sorte qu'ils soient tout les deux mouillés, afin qu'il ai sa part de responsabilité! Pour qu'il ne soit pas le seul à faire tout les sacrifices, car ils avaient tous les deux besoins de cet argent... Seulement, Bill a été le seul a en profiter pleinement...

Je l'attrape par le bras pour la faire taire! L'entendre dire ces choses m'est insupportable.

— Arrête ! Tais-toi ! Tu ne sais pas ce que tu dis !

— Lâche-moi Gabriel, tu me fais mal ! Dit-elle, essayant de se défaire de ma prise.

— Tu es comme lui ! Tu te caches sous tes airs de femme enfant, mais tu es pervertie et malsaine comme lui ! C'est dans votre sang ! Accuser des gens honnêtes, juste parce-qu'on l'a lu dans le journal d'un psychopathe, ne veut pas dire que c'est vrai !

— C'est ton choix de te voiler la face! Mais je refuse de vivre dans le mensonge ! Tu me traite de perverse et de malsaine, mais c'est toi qui est venu me chercher ! C'est toi qui a fomenté un plan abracadabrant pour me voler une partie de mon héritage, d'ailleurs en lisant ces paragraphes, cela ne t'a donc rien rappeler ? Mon père et toi vous ressemblez bien plus que tu ne le crois...

Sans réfléchir, ma main échoue sur sa joue, je n'entends que le bruit de sa peau sous la mienne. Elle passe immédiatement ses doigts sur la trace rouge que j'ai laissé. Je la lâche instantanément. Surpris par ma virulence.

— Je suis désolé...

— Non ! Tu ne l'ai pas. Me coupe-t-elle, d'une voix tranchante.

Elle me regarde avec tristesse et dégoût, avant de quitter le bureau. Je reste seul, au milieu de la pièce. Essayant de me remémorer le moment, où tout a basculé.

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