Chapitre 28 : Le chat et la souris

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Je regarde au travers de la fenêtre du nouvel petit appartement que je loue, depuis maintenant plus d'une demi-heure. J'observe les voitures aller et venir, m'imaginant prenant l'une d'entre elles pour aller je ne sais où, pour faire je ne sais quoi. 

J'ai envoyée un mail à David pour le prévenir que mon année s'étend terminée, mon stage devenait obsolète. Il m'a rappelé pour me proposer de rester malgré tout mais vu la situation avec Gabriel, je ne veux pas qu'il soit en porte à faux. Alors je lui ai expliqué que je demandais le divorce et que vu sa proximité avec mon mari, il serait probablement appelé à le défendre et je ne veux pas interférer avec ça. Il a compris et n'a pas insisté, quoiqu'il fut assez déçu. Il m'a donné les coordonnées d'une consoeur pour ma défense, ce que j'ai trouvé d'une élégance rare. 

Je suis ici depuis hier. J'ai quitté l'hôpital avec Benjamin et en attendant d'avoir mes clés, j'ai passé quelques jours chez lui. Ici, je suis sûr que Gabriel ne viendra pas me tourmenter. Je ne voulait pas qu'il m'utilise comme prétexte pour se rendre chez mon frère, alors je me terre ici jusqu'à l'issu de notre divorce. J'ai un premier rendez-vous dans quelques minutes, ce sera ma première sortie depuis longtemps. 

...

Assis au bureau de ma nouvelle avocate : Helena Jones, je l'écoute me faire un résumé de ma situation. 

— La nouvelle loi en vigueur aux États-Unis, stipule qu'il n'y a pas besoin de tort pour divorcer. C'est-à-dire, que si votre mari vous a trompé, ce ne sera pas une circonstance aggravante. Cependant, vous pouvez divorcer sans consentements mutuel plus rapidement. En gros, personne n'a besoin de porter le chapeau de la débâcle de son couple. M'explique-t-elle.

— En ce qui concerne mes biens... Je dispose d'avoirs dans la société de mon père et d'une partie de son héritage. Je n'ai pas fait de contrat de mariage alors que mon époux à protéger sa société. Étant donné que nous ne nous sommes pas mariés dans ce pays, mais aux Bahamas, c'est la loi de là-bas qui devrait primer ?  

— En effet, pour le partage des biens, c'est la loi britannique qui prime. Ce qui fait, que votre mari n'a droit que à ce que vous avez gagné pendant votre mariage et non avant. Vous avez hérité quand ? 

— Cela va faire un an... et c'était plusieurs mois avant que je ne l'épouse. 

— Bien. Il n'aura donc droit à rien, car c'est l'époux qui gagne le mieux sa vie qui doit rémunérer l'autre. J'ai reçu ce matin une copie du contrat que votre mari a signé, de la part de David, et il a prévu de vous donner une pension alimentaire et... 

— Je ne veux rien ! Dis-je violemment. Je veux juste divorcer, je ne veux rien de lui, je n'en ai pas besoin. 

— Vous êtes sûr ? Il se montre plus que généreux... 

— J'ai dit non ! La coupais-je avec brutalité. Excusez-moi... Je... 

— Je comprends... On ne va donc pas demander de pension alimentaire. Dit-elle, compréhensive. 

— Je veux cependant lui donner quelque chose. 

— Quoi donc ?  

—J'aimerais séparer mes actions de Miles Publishing, pour faire en sorte que mon frère Benjamin Miles et mon époux deviennent à parts égales, co-propriétaire. 

— Excusez-moi d'être indiscrète, mais pourquoi voudriez-vous faire ça ? 

— J'ai mes raisons. Répondis-je pour seule réponse. 

...

En marchant dans les rues, je me souviens que c'est lors d'une journée comme celle-ci que je suis arrivée de Paris jusqu'à la Grosse Pomme. C'était il y a un an, pile poil ! L'été est déjà là et je me sens totalement vidée de ma substance. Le combat qui m'attend s'annonce ardu car je connais Gabriel, il ne me facilitera pas la tâche. Ce qui est le plus dur dans tout ça, c'est que je l'aime encore. Ce qui me fait le plus souffrir, c'est ça. Il me manque ! J'ai peur de le revoir car je sais qu'une partie de moi succombera à nouveau à son charme et je ne le veux pas! Je veux aller jusqu'au bout, j'en ai besoin ! Quand j'ai appris pour ma fausse couche, une sorte de colère mêlé à de la tristesse s'est emparé de moi. Attendre un enfant, devrait être une joie partagé par les deux parents, au lieu de cela, ce fut un cauchemar ! Je me suis demandée, si ce n'était pas mieux que cette enfant ne voit jamais le jour. Je ne voulais pas qu'il hérite de la haine qui semble gangréner nos deux familles. Mais en même temps, cet être était une partie de moi et de Gabriel, peut-être, la meilleure partie... 

Ma mère me manque tellement, j'ai tant besoin d'elle en ce moment. Alors que j'essuie une larme sur ma joue, je me rends compte que je suis sur le chemin de l'appartement de Benjamin. À défaut d'avoir ma maman, j'aurai mon grand-frère ?

...

— Tu vas donc le faire ? Me demande Benjamin, en me tendant un verre de thé glacé. 

— Oui, je vais divorcée. Je m'attendais à ce que tu sautes de joie... 

— Ne te méprends pas, je suis heureux... mais ce n'est pas moi qui compte, c'est toi, et je sais que tu l'aime encore, d'une façon qui m'échappe toujours autant. Avoue que cela te rends malheureuse.

— C'est nécessaire ? Tout à commencé sur un mensonge, et je ne veux plus de ça ! J'ai besoin d'honnêteté, de vérité et de respect. Tout cela à manqué dans notre mariage, qui en réalité n'en n'était pas un et puis... je suis venue te dire quelque chose, qui ne va pas te faire plaisir. 

— Je t'écoute.  

— Je vais abandonner mes actions, je vais t'en donner une partie. 

— Pourquoi ? Me coupe-t-il, abasourdi. 

— Parce-que je veux m'en débarrasser, cela n'a jamais été moi ! Je veux rétablir ce qui est juste, et ce qui est juste c'est que toi et Gabriel, dirigiez Miles Publishing

— Tu plaisantes ! Tu vas m'obliger à travailler avec l'homme qui t'a fait du mal ! Mais tu es folle ! 

— Non ! Je ne le suis pas ! C'est à cause du crime de vos deux pères que vous en êtes là, aujourd'hui. Il est temps que que toute cette rancoeur s'arrêtent. Vous avez de bonnes idées, tout les deux, mais vous êtes trop stupides et puérils pour vous en rendre compte ! Je ne serai plus entre vous pour compter les points, vous devrez donc faire des compromis. 

— Ton idée est vraiment merdique et je confirme, tu aurais dû m'en parler avant de te lancer ! Mais je sais quand un combat est perdu d'avance, tu as déjà ton opinion et je suppose que tu as déjà tout prévu, alors... 

Je lui saute dessus de mon siège et le prends dans mes bras. 

— Aly ! Dit-il surpris par mon geste. 

Je commence à pleurer dans ces bras. 

— Je vais avoir besoin de toi... c'est difficile en ce moment... je ne contrôle plus grand chose et j'ai mal constamment. 

— Je suis là... Je serai toujours là, tu n'es pas seule, je ne le permettrais pas. Dit-il, serrant son étreinte autour de moi. 

— Merci. Dis-je, réconforté par sa présence. 

...

De retour dans mon appartement temporaire, j'ai l'impression que l'histoire se répète. Ce quotidien solitaire, avec mes cours pour seule compagnie. J'ai décidée de poursuivre mon apprentissage malgré le début des vacances. J'aurai les résultats de mes partiels à la fin de la semaine. Il faut que j'entame mon inscription à Paris avec la fin du mois d'août. J'ai tant appris cette année, au contact de vrais clients, qu'à un moment j'ai eu l'impression d'être vraiment une avocate ! 

Je vais donc faire comme j'ai toujours fait, me dédier à quelque chose que je peux maitriser: mes études. À la vue de ma situation, autant se raccrocher au peu de positif que j'ai. Je n'abandonnerai pas cette fois, je n'arrêterai pas tant que je n'aurai pas mon diplôme et que je ne pourrai pas plaider dans une court de justice !

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