Chapitre 6

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Elle semblait voler

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Elle semblait voler. Angel atteignait tout juste les trottoirs londoniens quand il se mit à pleuvoir, et elle releva la tête vers le ciel, surprise de ne pas avoir remarqué l'humidité. Une goutte tomba sur son nez, suivie d'une multitude qui achevèrent de la tremper de la tête aux pieds. Mais la pluie qui tombait dans la nuit n'entachait en rien sa joie et son soulagement, et transcendée par cette liberté retrouvée, elle courait davantage, sautillant dans les rues en bondissant par-dessus les flaques d'eau en riant. Elle souriait toujours, sa queue de cheval se balançant joyeusement dans son dos alors qu'elle serrait entre ses doigts son étui de saxophone.

Elle regarda à droite, à gauche, et traversa toujours en courant. Elle prit son élan pour sauter par-dessus le trottoir, mais échoua lamentablement et se prit le bout des orteils dedans, s'étalant de tout son long dans la rue londonienne. Une douleur aiguë la prit à la cheville, et elle geignit de souffrance en y portant les doigts. Elle tira son instrument, et une fois assurée qu'il n'avait rien, elle se releva péniblement, retenant un cri de douleur en posant son pied au sol. Les yeux embués de larmes, elle boitilla, traînant sa jambe gauche derrière elle comme un fardeau.

Serrant la mâchoire, elle se laissa tomber sous un abri de bus, ouvrant sa chaussure en constatant avec inquiétude que sa cheville avait doublé de volume, et que ça ne semblait pas en voie de s'arrêter. Elle geignit de désespoir, laissant sa tête reposer contre l'abri transparent, avant de prendre une lourde inspiration, accrochant sa chaussure à son sac à dos. Une fois les lacés noués, elle inspira à nouveau, et repartit sous la pluie, en direction du centre, priant pour qu'un bus ne la retrouve ou qu'un taxi ne daigne la prendre.

Après une demie-heure de souffrance, elle se laissa tomber sous un autre abri-bus, plus proche de chez elle. Elle était gelée, et toute la joie de sa fugue s'était évaporée pour lui chuchoter cette douleur lancinante qui la faisait tant souffrir. Elle sortit son téléphone, et ses yeux s'écarquillèrent de surprise quand elle vit le message de son père. L'ombre d'un sourire passa sur son visage, avant qu'elle ne constate l'heure. Presque minuit. Elle soupira, et hésita. L'offre de John le jour de son départ retentit dans son esprit, et elle se demanda si elle tenait de nuit également. Elle pesa le pour et le contre, mais bien vite, la pluie, la douleur, la fatigue et la solitude qu'elle avait ressentie pendant trois semaines revinrent agresser son souffle, et elle composa le numéro du médecin, ses lèvres tremblantes.

Elle n'avait pas osé l'appeler avant. Elle espérait qu'il ne serait pas fâché.

La tonalité retentit de longues secondes durant, et elle allait pour se résigner en songeant qu'il dormait sûrement quand un déclic se fit entendre au bout du fil, et qu'une voix grave retentit.

« Angel ? Qu'est-ce qu'il se passe ? »

Elle faillit éclater en sanglots, soulagée d'entendre la voix de John, et elle se contenta de renifler. Elle entendait en fond la voix d'une femme, et si elle ignorait son identité, il ne faisait aucun doute quant aux relations qu'elle entretenait avec le gentil docteur Watson. Embarrassée, elle se mordit l'intérieur de la joue, et soupira doucement.

Une Holmes (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant