[8] Symphonie d'égoïsme

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Les petites gouttes d'eau s'écrasaient bruyamment sur la fenêtre de sa chambre. Elle avait envie de pleurer, encore et encore. Nue sur son lit, elle avait froid. Terriblement froid. Cet homme se rhabillait sur le bord de son lit défait, et son sourire effrayant s'agrandit en la voyant dans cette état. Elle avait peur. Elle avait peur de cette homme. Elle avait peur de ce qu'il pouvait lui faire à elle et à ses proches. Et à sa mère. Elle se recroquevilla sur elle-même, alors qu'enfin habillé, l'homme se releva et se plaça au-dessus d'elle pour lui souffla de sa voix grave et perverse :

« Ne t'en fais pas ma puce... On remettra ça bientôt... »

Il partit, sans oublier d'effleurer sa hanche, ce qui eut pour effet de la faire frissonner d'horreur et de dégoût. Lorsqu'elle entendit bruyamment la porte d'entrée de son étage, elle sortit de son lit et se dirigea vers la salle de bain, à l'autre bout du couloir dans lequel se situait sa chambre. Une fois là-bas, elle fit couler l'eau dans la baignoire avant de s'y plonger complètement, s'abandonnant à la chaleur de son bain. Elle commença, après quelques secondes, à se laver, à frotter son corps d'une telle force qu'il en devint rouge sous ses frottements. Elle se sentait sale... dégueulasse même... Elle frotta ses jambes, ses cuisses et son cou. Cela rougissait de plus en plus. Elle sourit, un sourire sans sentiments. Un énorme sourire, ce genre de sourire qui nous dérangeait. Et sans qu'elle ne puisse le contrôler, elle pleura. Elle pleura, silencieusement, essayant du mieux qu'elle le pouvait d'étouffer ses hoquets. Mais elle n'y arrivait pas, ses sanglots étant bien trop forts. Elle frottait son bras avec une force incompréhensible, une force n'ayant aucune utilité dans ses gestes.

Elle pleura. Encore et encore dans son bain encore chaud. Puis, assise dans l'eau, elle posa sa tête sur ses genoux qu'elle avait ramené près de sa poitrine et pleura. Elle ne comprenait pas pourquoi elle vivait tout ça.

Elle se trouvait tellement sale...

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« I'm the queen of the world !!
-T'essayes de reproduire la scène du Titanic ?
-Tu rigoles ou quoi ? C'est juste marrant quand je le dis.
-Alors dit "King" a moins que tu sois trans. Je respecte ! » 

Tenya regarda son ami blasé, comme pour lui dire qu'il l'ennuyait plus qu'autre chose avec ses blagues pourries. Pourtant, Midoriya ne rigolait pas, il était plus sérieux que jamais ! Alors que précédemment debout, le poing en l'air et un pied sur sa chaise, Iida se rassit, tranquillement, le dos bien droit. Izuku retourna sa chaise pour faire face à son ami et mit sa tête entre ses bras, sur la table du brun. Celui-ci observa son ami, contrit. Puis il eut une illumination.

« Ochako. »

Ce n'était pas une question mais une affirmation. Le fait que son camarade puisse voir en lui comme s'il était un livre ouvert le fit  soupirer. Il hocha faiblement la tête, afin d'acquiescer silencieusement l'affirmation de l'autre adolescent.

« Que se passe-t-il ? Rien de grave j'espère ? »

Izuku tourna sa tête sur le côté, le regard mélancolique. Son cœur le faisait souffrir. Atrocement. Horriblement.

Non, bien sûr que rien de grave ne s'était produit. C'était juste lui... Lui avec ses sentiments... Lui avec ses putains de sentiments... Oui, c'était juste lui, l'homme jaloux, l'homme envieux et l'homme malheureux. Oui, c'était juste lui, avec ses sentiments ineffaçables, indomptables... Ce tourbillon de sentiments qui se déferlait en lui, lui faisait mal. Il aimait Ochako. Il aimait tout d'elle. Tout ce qu'elle était, il l'adorait. Il la connaissait si bien.  C'était pour cela qu'il l'aimait. Car il savait. Il savait tout d'elle. Elle qui était si gentille, si joviale, si généreuse, si sincère... Il l'aimait tellement, telle qu'elle. Il l'aimait. Cela l'excitait et l'effrayait à la fois. Il avait toujours accepté ces sentiments, pensant qu'un jour, ils les lui seraient rendus. Il les avaient toujours acceptés, pensant à ce qu'un jour, cela soient réciproques. Il avait tant espéré... pour s'heurter le sol de plein fouet. Il l'aimait tellement fort que cela lui faisait mal. Il ne voulait pas la voir dans les bras d'un autre. Pourtant il avait accepté Shoto. Il l'avait accepté...

Under the rainbow [Kacchako] [Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant