Chapitre 22

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Nos regards se croisent et ni l'une ni l'autre n'ose bouger. Pourtant nous ne ressentons pas la même chose, Rose n'est pas surprise de me voir elle devait sans doute s'y attendre tandis que moi je n'aurais jamais cru qu'elle reviendrais ce soir et face à ma surprise aucuns sons ne sortait de ma cavité buccale. Elle arborait ses sacs derrière elle comme si elle hésitait encore quand à son choix de se trouver ici. Ses cheveux étaient attachés en une fine queue de cheval et elle avait d'importantes cernes sous les yeux qui me laissaient savoir l'insomnie qu'elle avait eu, du moins je suppose. Je pouvais voir ses mains qui étaient toutes deux sans mouvement, enfin bon elle était comme moi sauf sur un point. Rose était calme. Elle se trouvait sur le seuil de cette maison qui lui avait toujours appartenu à travers ma tante Sandra, ça avait toujours été son logis donc je présume qu'elle ne ressentait aucune gêne a revenir ici. De la gêne elle devait en ressentir parce qu'on ne quitte pas une maison sur un coup de tête laissant une fille handicapée seule, ou dans ce cas la on prévient ou on va, on donne des nouvelles. J'étais complètement muette face à ces quelques mots. Je sentais en moi l'envie de la serrer dans mes bras, lui dire que j'étais inquiète mais je me retiens. Rose ne mérite pas a l'instant que je l'accueille comme une rescapée. Elle ne mérite pas que je l'aime autant que c'est le cas.

Pauline : - Salut.

Je la contourne, décidant d'attendre mon meilleur ami à l'extérieur de la maison, le plus loin de Rose. Elle doit remarquer que je la déteste de son attitude, que je haie ce qu'elle m'as fais car elle ne me retiens pas.

Rose : - Tu rentres quand ?

Je hausse légèrement les épaules mais assez pour qu'elle remarque que momentanément je n'ai pas envie de lui parler de mon programme de la soirée, je ne veut pas lui donner beaucoup trop d'importance.

La voiture de Julien se gare et je me dirige vers celle-ci ignorant le " il faudra qu'on parle " que Rose dit, tandis que je grimpe déjà dans le véhicule, voulant échapper à ce bout de femme qui peut faire tellement de mal. Je m'en veux d'agir de cette manière mais qu'est ce que je peut faire contre cette colère qui se répand en moi ? Rose m'as laissée seule et le pire de tout c'est qu'elle n'avais pas l'air de s'en vouloir. J'espérais que lorsque je rentrerai elle serait déjà couché évitant toutes conversations qui pourraient mal tourner.

Julien me regarde alors que je referme la porte et me lance un regard sans dire un mot, comprenant que je n'ai pas envie de lui parler de cette arrivée mouvementée.

Pauline : - Marine n'est pas là ?

Il rigole.

Julien : - Tu rigoles ! Une femme enceinte de cinq mois à une soirée, ça fait un peu tâche sur le décor.

Je regarde méchamment Julien, détestant l'expression qu'il as choisi pour illustrer le sujet.

Julien : - Tu sais bien que je ne considère pas Marine comme une tâche, elle n'as juste pas besoin d'alcool pour cet enfant qui est le mien, j'ai mangé avec elle avant de venir, je préfère qu'elle mange sainement plutôt que toutes ces cochonneries qu'ils commandent là-bas.

J'acquiesce en silence, totalement d'accord avec mon meilleur ami. Si Marine est enceinte, la faire venir à ce genre de soirée est au delà d'une mauvaise idée, connaissant Julien, il n'apprécierait pas que quelqu'un essaie de toucher à Marine ou même les réflexions et critiques qu'elle devrait endurer. Je ne peut m'empêcher de me demander ce que je ferais à la place de Marine, si j'avorterais ou non, les études et tout le reste... Sa reste un sujet difficile à traiter et j'admire le courage qu'elle conserve au fond d'elle.

Julien : - Rose est revenue.

Je savais qu'il allait aborder le sujet. Je le connais par cœur, un sujet comme celui-ci ne serait pas épargner de sa cavité buccale.

SauvéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant