Le Sorcier Vert, Tome 1

Chapitre 24 : L'avènement des Mages

Magya est un lieu bien différent de ce que Jack a pu voir jusqu'à maintenant. La terre est noire, craquelée et chaude. Le chemin sur lequel ils ont atterri est visiblement à sens unique au vu de sa largeur. Tout ce que le groupe espère, c'est qu'il n'y ait pas de vent car au moindre faux pas, ils risquent de finir carbonisés par la lave qui coule de chaque côté. Autour d'eux, des montagnes sombres se dressent, leur donnant l'impression d'être minuscules. La chaleur est accablante et, que ça soit une bénédiction ou une malédiction, l'air semble avoir été privé de toute son humidité. Le ciel est recouvert de fumée, comme si des volcans explosaient en permanence, le laissant dans l'incapacité de montrer un peu de ciel bleu.

Ils avancent en silence, marchant les uns derrière les autres, sursautant à chaque fois qu'une bulle explose dans la lave. Le chemin sinueux fini par laisser place à une allée plus large, laissant apparaître une ville à l'architecture étrange et au peuple encore plus surprenant.

-    Des Vulcanyiens... murmure Agarö, bouche bée. Ils sortent encore moins souvent que les Elfes, histoire de vous donner une idée à quel point il est rare d'en croiser un.

-    Ils sont accueillants ? Ou on risque de mourir dans les prochaines minutes ? demande Jevdô, peu rassuré.

-    Ils sont très accueillants. La seule raison pour laquelle ils ne partent pas c'est que leur corps est adapté à leur pays, à ces températures extrêmes et cet air, donc ils ont souvent du mal à s'adapter.

Les maisons sont de simples blocs fait dans un matériau noir, strié de veines rouges. Les autres bâtisses, telles que les magasins et les écoles, sont plus sophistiquées, faites de pierres rouges et de colonnes sombres, elles restent pâles face au bâtiment principal qu'est la mairie. Celle-ci est surélevée et décorée de gargouilles, alors que les marches y menant sont coupées en leur centre afin de laisser couler un filet de lave. Ils sentent les regards posés sur eux, épiant leurs moindres faits et gestes. Le côté « accueillant » n'est pas très visible de leur point de vue...

-    C'est pas un peu trop ? finit par oser demander Jack devant la mairie. Enfin, c'est que mon avis mais bon... ils doivent avoir de sacrées chevilles ceux qui travaillent là...

-    Je ne vois pas le rapport avec les chevilles... ? avoue Agarö, légèrement inquiet en regardant ses propres chevilles.

-    Ignore-le, c'est une expression de chez lui, le rassure Jevdô. C'est là qu'on doit aller justement, non ?

-    Dans la logique des choses, oui !

-    Élya ? Bah elle est où ?

Jack pointe la Manæn, accroupie à quelques mètres d'eux, devant une maison, touchant du bout du doigt une veine sans rien ressentir. Elle aurait parié que c'était chaud. Une main vient l'attraper par le col, la forçant à se relever sans violence.

-    Vraiment ?

-    Désolée, c'était plus fort que moi.

Malgré le sourire désolé de son amie, Jevdô sait pertinemment qu'elle recommencera à la prochaine occasion. Ils retournent avec le groupe, où Agarö essaye d'expliquer à Jack à quel point l'architecture de la mairie est surprenante, ce à quoi le Sorcier ne comprend pas grand-chose.

-    Bon, allons voir !

Le petit groupe grimpe les marches, arrivant rapidement devant les portes grandes ouvertes, dévoilant l'intérieur. Le sol est en pierres noires, semblable à du carrelage, à l'exception qu'à la place de joint pour rejoindre chaque carreau, ce sont des veines de lave. La pièce dans laquelle ils atterrissent est l'accueil, au centre duquel trône un bureau. Une femme aux cheveux de feu y est assise. Et lorsque je dis cheveux de feu, c'est en faite du magma, pur, qui tombe sur ses épaules noires. Vêtue d'une robe noire, elle n'a pas l'air d'avoir remarqué ses visiteurs, occupée à écrire quelque chose dans un carnet. Le reste de la pièce est occupé par des sièges, posés là sûrement au cas où il y a de l'attente, mais en l'occurrence ils sont tous vides. Les quatre jeunes gens échangent un regard, avant que Jack ne pousse Jevdô devant eux.