Chapitre 5 : Copulation ou Baise ?

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C'est ainsi qu'il se retrouva à dos de chameau avec le reste de la délégation d'Ydra, Wokabi et Ravish sur les talons, et...

-Cet animal tangue plus qu'un marin ivre, grommela Silna, juchée sur le haut de sa monture.

Mal à l'aise, vêtue de façon à se protéger de la chaleur et du vent du désert, elle pestait tant et plus depuis dix bonnes minutes. À leur départ de Maïssana, Sakhar n'était toujours pas sorti de sa torpeur. Il n'avait retenu aucune des paroles de Ravish tandis qu'il lui donnait ses effets pour le trajet dans Ghania. Ni même réalisé que cette folle de Wokabi le suivit jusque-là.

Il avait à peine retrouvé ses pensées quand il était monté sur son chameau, pour se retrouver au cœur de la délégation d'Ydra, aux côtés de Silna.

Dans une longue robe ample couleur sable, des lunettes de protection sur le nez, un foulard et un turban sur la tête pour se protéger de la morsure du soleil, il ne voyait pas grand-chose d'elle. Mais sa voix était plutôt explicite.

-Tu vas t'y faire, tu verras.

-Tu parles ! Et puis il fait chaud ! Quelle idée de faire sa capitale au cœur d'un désert, franchement !?

-Justement, les envahisseurs y réfléchissent à deux fois avant de nous attaquer, gloussa-t-il. Qu'est-ce que tu peux râler, Silna !

-Ce n'est pas de ma faute si j'ai dû troquer un moyen de locomotion confortable contre un homme qui a l'air halluciné depuis hier soir. Ça m'apprendra à contrarier un roi.

Il grimaça. Elle avait raison. Il était à côté de ses pompes.

-Pardonne-moi, la peste, mais ça fait dix ans que j'ai fait une croix sur ma liberté... Et toi, d'un claquement de doigts, tu me fais sortir de là. C'est perturbant. Mais merci.

Il ne voyait pas son visage à cause de ses vêtements, mais ses lunettes fumées étaient braquées sur lui.

-Comment un homme aussi puissant que toi s'est retrouvé bloqué au statut d'esclave ?

Une pointe lui transperça le cœur. Du regret. De la honte ? Dans tous les cas, il se détourna de son visage voilé, pour admirer l'immensité du désert. Si calme. Si immense. Et pourtant...

-C'est une longue histoire. Tu...

-Comment osez-vous tutoyer la Prêtresse de l'Eau !? cingla le capitaine d'Ydra, en rapprochant son chameau. Vous n'êtes qu'un esclave !

Quoi ? Hésitant entre la fureur de se faire à nouveau rabaisser devant elle, et les réflexes liés à dix années similaires, il réagit en retard.

-Non, mais de quoi je me mêle ? J'ai l'air d'être gênée ? Non ? Bah alors ? Va récurer le museau de ton canasson et lâche-nous la grappe, toi.

Sakhar éclata de rire, ce qui vexa un peu plus le capitaine. Il s'en alla bouder en tête de la délégation.

-Tu parles horriblement mal ! Ça ne colle pas à ton étiquette de prêtresse.

-Ah, ça va, hein ! On me le reproche assez comme ça. Mais les termes ampoulés et la politesse, c'est pour ceux qui n'ont que ça à faire, d'être coincés.

Voilà qui avait le mérite d'être claire.

Elle non plus n'avait pas eu que des expériences agréables.

Chien de GuerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant