Les yeux verts de Rithik ne la quittaient pas.
Posté derrière le siège de Silna, les mains posées sur l'extrémité du pommeau de sa masse d'arme, Sakhar surveillait tout. Il n'aimait pas l'ambiance de ces festivités. La Prêtresse de l'Eau en était l'invitée d'honneur. De fait, la moitié de la ville était venue chez le grand Rithik, ponte parmi les marchands d'esclaves. Dans les jardins, de longues tables avaient été installées pour les invités, qui se sustentaient à grand renfort de rires gras pour les serveuses girondes. Ces dernières, belles et seins nus, allaient entre les convives, subissant les mains baladeuses sans broncher. Bien moins de serveurs se trouvaient là, tout en muscles, vêtus uniquement d'un pagne dissimulant bien peu leur anatomie à eux aussi.
Des esclaves sexuels, Sakhar n'en doutait pas. Combien finiraient dans un lit indésirable d'ici la fin de la nuit ? Cette simple pensée lui fit serrer un peu plus les mains sur son arme, posée en au sol.
Au milieu des tables, des danseuses s'égayaient au rythme de la musique des baladins, leur voix peinant à couvrir le brouhaha ambiant. Aux chansons d'amour avaient succédé les ritournelles paillardes.
Ils étaient là pour célébrer le Dieu de la Terre, ou pour une orgie géante ?
Et le regard de Rithik sur Silna.
Il baissa les yeux sur l'homme gras et chauve, penché vers la belle Prêtresse. Son désir de la mettre dans son lit était évident. Sa répugnance, cette petite teigne de l'eau la dissimulait très bien. Elle riait à ses remarques salaces, sans jamais le relancer, de plus en plus mal à l'aise.
Ravish avait disparu depuis des heures. En vérité, depuis leur arrivée. Cette stupide Wokabi avait été incapable de leur dire quand elle l'avait vu pour la dernière fois. Perdue dans la cérémonie du dieu Tarco, elle se trouvait dans une béatitude contemplative, à l'autre bout du jardin de Rithik.
Juchée sur une estrade, étendue lascivement aux pieds de la statue du Maitre de la Terre, elle regardait les festivités d'un œil absent. Les prêtresses locales se trouvaient à ses côtés, vêtues comme elle : d'un voile diaphane ne dissimulant rien de leur anatomie. Sakhar aurait juré en voir plusieurs commencés à se peloter une heure plus tôt. Puis il avait croisé le regard de Wokabi. Même à cette distance, il devinait son désir de le chevaucher, là, maintenant.
Comme l'esclave sexuel qu'il était.
Il croisa le regard de l'une des serveuses de Rithik. Elle se mordilla la lèvre en le détaillant. Haussant un sourcil, il la vit rougir. Pourquoi ? Quand elle le frôla par « inadvertance » de son sein, en venant servir Silna, il comprit un peu mieux. Bien malgré lui, il lui plaisait. Ou alors, quitte à devoir y passer ce soir, préférait-elle choisir un homme à sa convenance ?
Son visage s'assombrit à cette idée.
L'aura malsaine de la scène commençait à lui taper sur les nerfs. Il voulait partir. Et il voulait sortir Silna de là.
-Mes amis ! s'exclama soudain Rithik en se redressant difficilement tant il était ivre. Il est l'heure des combats rituels !
Des vivats accueillirent cette déclaration. Les danseuses se déplacèrent vers l'estrade de Wokabi, les baladins se postèrent à ses pieds pour déclamer des chansons de bataille. Tous avaient une vue imprenable sur l'étendue de sable dessinée devant eux, destinée à se gorger du sang des combattants.
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Chien de Guerre
ParanormalEsclave depuis dix ans, Sakhar est devenu le Chien de Guerre du Roi. Arme lâchée sur les ennemis de la couronne, on ne lui demande ni état d'âme ni pensées. Pourtant, il ne peut empêcher ces dernières de s'emballer quand il tombe sur la femme peupla...