Chien de Guerre

Chapitre 8 : La Brulure du Désert

Assise sur un siège encore brûlant, Iris fumait un cigare en contemplant son aéronef.

Fataliste, elle attendait que le brasier décroisse pour récupérer certaines de ses affaires. C'était déjà un miracle que la majorité de l'équipage ait survécu à l'attaque de la folasse de l'eau, alors quitte à être en pleine nuit, en plein désert, sans rien, autant attendre et se reposer.

-Chef, chef ! Vous avez la jambe en feu !

Elle baissa les yeux sur son pantalon. Ah, effectivement, elle brulait. Avec un soupir, elle claqua des doigts. Aussitôt, les flammes disparurent. Relevant les yeux sur son aéronef en train de se consumer, elle se demanda où elle pouvait en trouver un nouveau.

-Eh, Pamish ! cria-t-elle, en direction d'une forme allongée en étoile de mer sur le sable.

-Oui chef ? fit-il en levant la main, signe qu'il était vivant en dépit de ses vêtements roussis.

-Toi qui es du coin, tu sais où est l'entreprise de fabrication la plus proche ?

-Ouais, ouais. Mais c'est loin. Sur la cote. Hossana, je crois qu'elle s'appelle la ville.

Iris haussa les épaules.

-Monsieur Wolff ne va pas être déçu de notre échec ? fit Lamia, une jeune femme non loin d'elle.

Iris ricana méchamment.

-Déçu ? Cet homme pédant est toujours déçu de tout le monde.

-Oui, mais... Nos têtes...

Se souvenant de la menace clairement exprimée, Lamia se porta la main à la gorge, avec un déglutissement mal à l'aise. Sa chef roula des yeux exaspérés. Pourquoi avait-elle engagé une andouille pareille, franchement ?

-Ce n'est que partie remise. Allez, on se bouge, les gars ! Ceux qui brulent encore s'éteignent, et on y va !

*

Du sable. Du sable, et encore du sable. De tous les côtés, dans tous les sens, dans ses chaussures et même sa culotte ! Des dunes plus hautes que le palais d'Ydra, des vallées immaculées balayées par la brise du soleil. Et pas un seul fichu arbre !

Elle devait se rendre à l'évidence : soit elle finissait cuite comme une saucisse sur le sable de Ghania, soit ils trouvaient un abri.

-C'est une blague ? fit Sakhar. Le soleil s'est levé depuis à peine une heure !

-Je suis du pays de la flotte, râla Silna. Pas du plein cagnard !

Un ricanement les fit s'arrêter. Les pieds dans le sable chaud, enroulée dans une cape et de fort mauvaise humeur, elle fixa Wokabi avec férocité. La belle Prêtresse, la garce qui avait profité du corps de Sakhar des années durant, l'observait avec mépris. Elle la tuait maintenant ou après ?

-Une Elémentaire incapable de s'adapter à son environnement ? Tu es bien faible, pour une prétendue femme surpuissante.

Les yeux ronds, Ravish passa de Silna à Wokabi, un tantinet affolé.

-Tu veux ma puissance dans la gueule ?

-Non, intervint Sakhar en posant sa main sur son épaule. On ne met pas sa puissance dans la gueule des gens innocents.