Chapitre 9 : Le Repos

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-Une pinte pour moi et mes hommes, ordonna-t-elle en se laissant tomber sur une chaise près du comptoir, tout en posant les pieds sur la table.

Son attitude désinvolte fit ricaner les individus autour d'elle. Ses comparses s'installèrent à leur tour, dont Lamia. Seule femme de cette petite équipée, elle attirait autant l'attention qu'Iris avec son haut brulé laissant largement voir son ventre, et même la rondeur d'un sein.

-Vous êtes pas du coin, non ? lança un homme au comptoir, tout en faisant tourner un cure-dent dans sa bouche.

Sans répondre, Iris frappa du poing sur sa propre table.

-À boire !

Le propriétaire, un peu plus loin, la fusilla du regard.

-Je te sers quand je veux, la donzelle.

La frustration d'Iris augmenta encore d'un cran. Lamia se tendit, ainsi que tous ses collègues.

-À boire, siffla-t-elle. Tout de suite.

-Et sinon quoi ? fit un des clients, qui avait arrêté sa partie de cartes. Tu crois quand même pas qu'une donzelle nous fait peur ?

-Les femmes sont juste bonnes à écarter les cuisses, fit un autre. Elles donnent pas d'ordres.

-On devrait lui donner une leçon à cette garce, pas vrai les gars ?

Le bouge immonde était plongé dans une semi-pénombre éclairée uniquement par des lampes à pétrole. Néanmoins, la vingtaine de natifs présents vit largement les flammes s'allumer dans le regard d'Iris, le sourire cruel étirer ses lèvres. Après l'incident avec la Prêtresse de l'Eau, le voyage dans le désert et le tas de sable dans ses bottes, elle avait besoin d'évacuer la pression.

Sortant le couteau dissimulé sous sa veste rouge, elle le planta avec force dans le bois tendre de la table, en signe de défi.

-Alors, mes poussins ? Vous attendez quoi pour me la donner, cette leçon ?

*

Quelles étaient les probabilités pour qu'il tombe sur son oncle en plein désert ? Sakhar aurait répondu cent pour cent, vu qu'il le cherchait. Wokabi aurait dit que le dieu de la Terre veillait sur eux. Ravish qu'il l'avait fait exprès. Silna lui aurait dit de la fermer.

En dix minutes de chameau, il se retrouva dans l'oasis qu'il cherchait si désespérément. Il se nommait sobrement « le Repos », ce qui était assez explicite en soi. De nombreuses caravanes y séjournaient, ce qui assurait la prospérité relative de la trentaine d'habitants vivant sur place. Le point d'eau, semblable à un étang assez grand, ou un lac minuscule, permettait de contenter une population de cent personnes, grand maximum.

Sakhil était le chef du Repos. En dix ans il avait pris du grade et des rides, mais la claque qu'il assena dans le dos de Sakhar ne manquait pas de force.

-Alors, mon Sakhounet, tu as traversé le désert avec tout ce monde ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Je croyais que l'autre crevure de Roi te gardait dans un coin comme une bête de reproduction.

-Et moi je croyais que la mort t'avait emportée, vieux crouton, rétorqua-t-il. Tu peux me dire pourquoi il y a si peu de monde dans cette oasis ?

Si les tentes chamarrées, brodées de motifs tribaux, étaient nombreuses, les résidents l'étaient beaucoup moins. Sakhar avait eu le temps de s'en apercevoir, en installant ses trois comparses sous les palmiers. Deux jeunes femmes tentaient de les réveiller, mais ils étaient en trop mauvais état pour le moment.

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