Chapitre 3 : La Prêtresse de l'Eau

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La salle du trône était belle, presque aussi belle que le temple du Dieu de la Terre, Tarco. Grande, ouverte sur la capitale de Maïssana par deux côtés à l'aide de grandes arches, elle respirait le calme et la bienséance. Installé sur son royal siège d'or massif agrémenté de fourrures zébrées, le souverain de Ghania posait un regard bienveillant sur la délégation d'Ydra.

Droite, d'une élégance et d'une grâce inégalée, la Prêtresse de l'Eau affichait toute sa beauté dans sa robe diaphane dissimulant son corps tout en révélant quelques gracieuses courbes. Encadrée de ses servantes, elle faisait face au souverain avec un calme que ne partageait pas Silna, directement à sa droite.

-Vous, la Prêtresse de la grande Cité-Etat d'Ydra, avez besoin de mon aide ? faisait le Roi avec une pointe de surprise.

Surprise feinte, à n'en pas douter. Il était au courant de la situation.

-Effectivement, Souverain de Ghania. Notre cité est assiégée par l'ambition de la nation de Wolff. Voilà quatre mois que nous soutenons le siège, mais nous manquons d'hommes pour les défaire.

-Et votre Reine m'envoie directement sa Prêtresse, au risque de mettre sa cité en péril ? Votre immense pouvoir protège pourtant la ville. Voilà qui est surprenant.

-C'est pour prouver notre bonne foi, souverain. Un émissaire haut placé n'est-il pas le reflet d'une volonté pacifique ?

-Hum... Je...

La fin se mua en un cri de douleur. Le Roi s'écroula sur son siège dans une gerbe de sang, provoquant cris de stupéfactions et exclamations furieuses. En un instant, les gardes d'Ydra entourèrent Prêtresse et servantes, tandis que les soldats de Ghania protégeaient leur souverain blessé et leur faisaient face... Jusqu'à ce que des énergumènes surgissent des arcades donnant sur la ville.

Vêtus de façon débraillée, avec foulards et vestes couvertes de sables, l'un d'eux portait un fusil encore fumant. Ils se déversèrent par les arches, des deux côtés, en un surnombre qui submergea les deux partis.

Et merde, songea Silna, bloquée derrière les gardes.

-Tiens tiens, tiens, ronronna un grand homme débraillé.

Son turban était orné de bijoux épars, son torse couvert de tatouage au henné. Un pistolet et un sabre ornaient sa taille, tandis qu'il passait entre les deux partis isolés par ses hommes. Protégé par ses soldats, il avisa le Roi blessé se vidant de son sang, et la belle Prêtresse.

-Ydra et le Roi ? Voilà qui est bien décevant... Depuis quand avez-vous besoin de vous allier à un dictateur sanguinaire, belle dame ?

-Connaissez-vous au moins notre situation, pour vous opposer à ces négociations ? fit-elle d'une voix tremblante.

Agacée par la peur perçant dans sa voix, Silna étudia tous ces hommes. Ils devaient être une cinquantaine, avec des ceintures de balles en travers du torse, pour recharger leur fusil. Ils étaient ici pour tuer, sans discernement. Elle pouvait le sentir. Ils ne chercheraient pas à comprendre pourquoi elles étaient là.

À comprendre que cette alliance permettrait de sauver des milliers de vies.

-Nul ne doit négocier avec un tyran, siffla le grand homme. Moi, Retish, je permettrais à toute la population à avoir accès à l'eau ! Ce maudit désert est un tombeau ! Et toi, Prêtresse, tu vas m'y aider.

Chien de GuerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant