-Chapitre 6-Havana

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Je suis réveillée depuis quatre heures du matin, soit deux heures et demie avant que mon réveil ne sonne. Une sensation étrange s'est emprise de mon ventre, ce qui m'empêche de retrouver le sommeil. J'ai beau me tourner dans tous les sens, mais rien à faire le sommeil n'arrive pas.

Serai-je stressée par le voyage à Cuba qui a lieu dans quelques heures ? Peut-être...

Je décide alors de mettre ce temps à profit, en vérifiant bien que je n'ai rien oublié. Après quatre ou cinq vérifications, je consulte l'heure de mon réveil. Il me reste encore une heure à tuer. Pourquoi le temps me paraît-il aussi long ?

Après dix longues minutes passées allongée sur mon lit, les yeux rivés au plafond, je choisis de prendre une douche bien chaude. Je tente de comprendre ce qui ne va pas chez moi. Cela ne me ressemble pas de paniquer pour une chose aussi banale. Je suis plus du genre impulsif, je n'ai pas l'habitude de me préoccuper du futur. J'aime vivre l'instant présent. Mais depuis quelques semaines j'ai remarqué que mon comportement a changé.

J'ai bien vu qu'ici, à Los-Angeles, je ne suis plus la même. Où est passée cette Harley sans cœur qui se fichait bien du monde qui l'entourait ? Où est passée cette Harley sans vraies amies, que tout le monde admirait ? Où est passée cette Harley qui inspirait la peur ? Cela me coûte de l'admettre, mais j'ai évolué. Aujourd'hui je préoccupe un minimum de ce que peuvent ressentir les autres, car maintenant j'arrive à ressentir de la pitié. A présent, Lindsay est ma meilleure amie et c'est sincère. Les gens ne m'admirent plus autant qu'auparavant, sans parler que c'est Rachel qui inspire la peur, plus moi.

Je m'assieds dans ma douche et permet quelques larmes de couler. C'est la première fois de ma vie que je pleure autant. Avant j'étais une dure à cuire, mais aujourd'hui, j'ai des sentiments. Je me demande ce qui m'a transformée ainsi. Instantanément, le visage d'Alex me vient. Il faut l'admettre : je suis tombée amoureuse de ce garçon et cela ne m'a jamais rendue aussi faible.

Je sors de ma douche et fais face à mon reflet. M'étais-je déjà sentie aussi mal ? Pas dans mes souvenirs... Mais l'image que je vois de moi, personne ne doit la voir. Jamais. Il faut que les gens me perçoivent comme une personne forte, que rien ne peut atteindre. Je l'ai appris au cours de ma vie, notamment durant le divorce de mes parents. Cela aide à ce que personne n'éprouve de pitié envers vous et vous imagine comme inférieur à eux.

Mon réveil sonne enfin, au moment où je sors mon jean noir de ma penderie. Je l'associe avec un tee-shirt blanc, puis mets mon sweat rouge, aux couleurs de mon lycée de Montréal, dans mon sac de voyage. Je me maquille légèrement, puis sort tous mes bagages de ma chambre.

—Déjà prête, remarque mon père alors qu'il descend prendre son petit-déjeuner.

—Oui, je me suis réveillée en avance.

Il acquiesce avant de bailler. De mon côté, j'amène avec prudence mes bagage près de la porte, puis rejoins mon père dans la cuisine. Comme d'habitude, notre repas du matin se déroula dans le silence.

—Je vais m'habiller et on y va, m'annonce-t-il.

—Ok.

Mon père monte à l'étage, tandis que je pose dans le canapé du salon, le téléphone à la main. Je décide d'envoyer un message à Lindsay, histoire de la remercier et de la tenir informée de mon état. Je me sens beaucoup plus proche d'elle que de mes parents. En même temps, elle est la seule à savoir ce que je ressens, ce que j'endure et il n'y a que devant elle que j'accepte de craquer.

—Je suis là, dit mon père tout en finissant son nœud de cravate. On peut y aller.

Il tire derrière lui une valise. C'est étrange, pourtant il n'y a que moi qui pars. Nous nous installons dans la voiture et je l'interroge :

Wicked Game | 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant