-Chapitre 14-Bonheur

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Lindsay me sert une tasse de thé, tandis que je tente de retrouver mes esprits. Lindsay aime les femmes. Je ne l'avais pas vu venir celle-là.

Je vois mon amie assez gênée, n'osant pas faire le premier pas. Aurait-elle peur de ma réaction ? Si oui, cela explique pourquoi elle ne me l'a dit.

—Bon, commencé-je sans savoir vraiment ce que j'allais dire. Elle a vraiment l'ai sympa...

—Lia.

—Lia, repris-je.

Je lui souris, essayant de lui montrer toute ma compassion et ma joie qu'elle ait trouvée quelqu'un qui lui corresponde. Je tente une blague :

—Et ce n'est pas une cousine de Rachel ?

Lindsay rigole, ce qui fait relâcher la pression. Elle répond :

—Non, pas cette fois. Harley, désolée de...

—Ce n'est pas grave. Mais pourquoi tu ne me l'as pas annoncé avant ?

—Eh bien, j'étais gênée...

—De quoi ?

Lindsay titille une mèche de cheveux en rétorquant :

—Que je sorte avec une fille.

Un rire nerveux m'échappe. Je le justifie :

—Voyons Lindsay, de nos jours tu n'as pas à avoir honte du regard des autres sur ta sexualité...

—Oui, mais je ne sais pas...

Je la prends dans mes bras, heureuse de savoir enfin qu'elle va pouvoir être heureuse.

Je reste dormir dans sa chambre cette nuit, n'ayant nullement envie de retrouver mes parents, qui ont remis le couvert.

***

Ce matin, je suis bien déçue de devoir retourner chez moi. Lindsay a rendez-vous avec Lia, mais je ne me voyais pas l'en empêcher d'y aller, seulement pour rester avec moi.

Je marche tout en réfléchissant à des centaines de trucs à la fois. J'arrive finalement chez moi. Mon cœur tambourine dans ma poitrine. J'ai peut-être été un peu dure avec mes parents. Et si, après tout, ils étaient vraiment heureux ensemble ? Et si, le fait qu'ils se remettent ensemble est ce que je recherchais inconsciemment depuis le début de leur divorce ? Finalement, faire fuir leurs compagnons a été un moyen pour qu'ils se retrouvent.

—Harley, s'écrie ma mère dès que je pousse la porte de la maison.

Elle me serre si fort dans ses bras, que l'oxygène commence à manquer. Mais je laisse faire. Il faut que je réapprenne à devenir la Harley que j'étais avant que mes parents divorcent. La Harley qui n'a pas peur d'aimer.

—Tu m'as manquée, avoué-je d'une petite voix.

Ma mère cesse de respirer un instant, sous le choc de ma révélation. Puis elle me serre de plus belle. Nous sommes ensuite rejointes par mon père qui intègre notre câlin collectif.

Pour la première fois depuis mes cinq ans, je vis un réel moment familial. Je retombe dans mes souvenirs d'enfance, lorsque nous jouions tous les trois au parc, en famille. Je me remémore nos repas partagés. Tous ses souvenirs qui remontent la surface, déclenchent des larmes. Je tente de les dissimuler, mais je sais très bien que ma mère l'a remarqué. Le sixième sens maternel...

***

Nous déjeunons tous les trois, à la maison. Ma mère nous a préparé des fajitas, un plat que j'adore.

—Et voilà pour toi, me dit-elle en déposant l'assiette devant moi.

Elle m'embrasse le haut du crâne, puis sert mon père. Ce dernier m'interroge :

—D'ailleurs Harley, où as-tu dormi hier soir ?

—Chez Lindsay. On avait pas mal de choses à se raconter.

Mon père acquiesce, sans creuser plus loin.

Je déguste le plat de ma mère, sans manquer de remarquer ses grands talents de cuisinière.

Je vis ce moment de manière assez particulière. Pour la première fois dans ma vie, j'ai l'impression d'avoir le niveau suprême de béatitude. Ma meilleure amie est heureuse et assume sa vraie nature. Bien que cela m'ait blessé qu'elle ne me l'ait pas avoué, je suis très heureuse pour elle et je la soutiendrais à cent pour cent.

Mes parents se sont retrouvés et je peux enfin comprendre le sens du mot « famille ». Mon père ne m'a jamais paru aussi épanouie qu'il ne l'est à présent. Quant à ma mère, elle semble croquer la vie à pleines dents.

Rachel a enfin rendu les armes et me laisse tranquille. Je pense qu'elle comme moi en avons assez de nous battre sans arrêt. Qui sait ? Peut-être, un jour nous serons amies ? (Bon, je ne compte pas trop là-dessus, mais il ne faut jamais dire jamais !)

Et enfin, j'ai trouvé l'amour. Un amour qui a commencé un jeu malsain. Mais heureusement pour moi, l'amour est plus fort que le jeu. J'ai appris de mes erreurs passées et je le jure devant Dieu (oui, nous sommes devenus assez complice depuis Cuba) que plus jamais je ne m'amuserai avec l'amour ! A quoi bon gâcher la plus belle chose qui puisse m'arriver ?

Ce soir, en allant me coucher, tous les éléments de mon bonheur m'apparaissent telle une image claire et nette. Le bonheur est quelque chose de fragile et je suis la mieux placée pour le savoir. Il m'a longtemps échappé et pourtant, je l'ai cherché aux quatre coins du monde. A présent que je l'ai retrouvé, je ne le lâcherai pas. Il est la chose la plus précieuse que je possède.

***

Hey !

😊Qu'avez-vous pensé du chapitre ?

Je poste tout de suite l'épilogue...

xoxo😍

Wicked Game | 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant