Valérian n'aimait pas les quotidiens cycliques. Ces journées qui se répètent à l'infini. Qui vous donne l'impression que tout se reproduit à l'identique. Non. Lui avait besoin de ce qui sortait de l'ordinaire. De ce qui ne se produirait pas deux fois, en l'espace d'une vie. Il avait besoin d'être surpris continuellement.
Mais ce calme... Le vide. Rien que le vide. C'était plat, fluide. C'était juste rien. Et rien, c'était parfois tout ce qui était utile.
Il entendit des voix, au loin. Un léger bourdonnement, qui se rapprochait petit à petit. Il se souvenait du froid. Il se souvenait de la peur. De cette douleur, autours de sa gorge, à l'intérieur de son être. Il se le remémorait, comme on se remémore un rêve. Ici, il avait si chaud. C'était tellement agréable.
L'agitation était proche. Elle brisait ce cocon si douillet. Valérian voulu lui crier de s'éloigner. Mais sa voix se perdit dans sa gorge qui le mit au supplice. Son visage se crispa et un couinement s'échappa de ses lèvres, redoublant la douleur.
-Valérian, ça va ?
-Arrêtez de parler aussi fort !
Les voix n'étaient que trop claires. Pourquoi étaient-elles là ? Pourquoi n'était-il pas seul dans ce silence qui lui faisait tant de bien ?
Ses paupières lourdes se levèrent avec difficulté. La luminosité le surprit mais il ne ferma pas les yeux. Jill, Darwin et Pearl le regardait, les joues trempées de larmes.
-Ne parle pas, l'avertit Pearl d'une voix douce. Ton cou est dans un sale état.
-Tu nous as fait une peur de malade, espèce d'idiot ! s'exclama Jill d'une voix forte.
Elle éclata en sanglot et s'assit sur une chaise. Valérian remarqua alors qu'il était couché dans un lit d'hôpital.
-Il vient de se réveiller, ne soyez pas si dur avec l...
-Valérian Khan, lâcha Darwin d'une voix sèche, coupant brutalement la parole de Pearl. Tu es un crétin fini !
Le jeune homme le regarda, étonné. Ses sens étaient encore lents et son cou couvert de bandages le faisait souffrir. Le lieutenant avait les larmes aux yeux et essayait de masquer sa peur par une colère qu'il ne ressentait pas.
-Je sais que tu lui as couru après alors que tu étais seul et sans arme ! Les hommes qui étaient avec toi se sont retrouvés seuls avec un cadavre et un blessé sur les bras ! reprit-il avec force, la mâchoire serrée. Où est-ce que tu avais la tête ? Tu ne te rends pas compte que c'était totalement irresponsable ! Je te pensais beaucoup plus raisonnable que ça Valérian... Depuis quand tu fonces dans le tas sans utiliser ta tête ? Est-ce que seulement le résultat t'étonnes ? Et estimes-toi heureux qu'il ne t'ai pas tué, abruti !
Même si sa gorge ne l'avait pas fait souffrir, Valérian n'aurait rien répondu à Darwin. Il savait qu'il avait raison. Que son acte était stupide. Qu'il aurait pu en mourir. Et qu'il avait juste été très con.
-Tu crois que ça m'aurait fait plaisir de perdre deux hommes dans la même journée ? lâcha-t-il et sa voix se brisa en mille morceaux, comme l'avait sûrement déjà fait son coeur.
-Darwin, arrête... protesta Pearl d'une petite voix couinante.
Les larmes de Valérian coulèrent sans qu'il ne cherche à les retenir. Gareth... Ce n'était pas un rêve alors. Ces coups de feu, cet homme, ses mains si forte, ce ciel sans lune. C'était réel. Et il avait été tellement égoïste...
-Gareth... souffla-t-il.
Cet effort lui coûta beaucoup et ses mains se portèrent instinctivement à sa gorge brûlante.

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Moonless Night
AksiPetit policier d'une brigade campagnarde, l'officier Valérian se voit chargé d'une sérieuse affaire de viol. Lui qui rêvait de grandeur et d'exploits, il réalise les dangers et menaces auxquels quiconque s'attaque au crime subissent. Les chasseurs...