Mardi 07 Décembre 2016
Journal, retiens-moi. Donne-moi ne serait-ce qu'une once de patience. Je pensais que le culot avait une limite, un palier à ne pas franchir. Mais ces types détruisent toutes les notions de respects qu'on m'a apprises quand j'étais encore une gamine. Ils n'ont absolument aucune tolérance pour mon refus, qui était pourtant légitime.
Ce refus s'est soldé par un silence. Je n'ai jamais répondu à leur foutue lettre. Tu t'en souviens, n'est-ce pas, de cette lettre ? Je pensais que ma discrétion les ferait m'oublier. Mais tu ne devineras jamais, Journal. Parce que si on avait essayé de me le faire deviner, à moi, je n'aurais clairement jamais trouvé.
J'étais tranquillement chez moi, à regarder la télé. Je vivais juste ma vie de femme coupée du monde, parce que ça me plait. Personne pour t'emmerder, personne pour te dire comment vivre ta putain de vie. Puis on sonne à la porte. Tu le sais, Journal. Tu sais que même les fantômes ne viendrait pas me voir, que les seules personnes à sonner à cette porte sont les postiers ou les huissiers. J'avais le pressentiment, à cette heure-ci, que ce n'était ni l'un ni l'autre. Qui travaillait encore alors qu'il était si tard ? Et cette lettre m'est revenue à l'esprit. Je me suis dit que ce n'était pas possible. Ils n'oseraient quand même pas ! Venir s'imposer chez moi, alors qu'ils n'avaient qu'à garder leur merde pour eux ! Puis je me suis dit que me croyais peut-être un peu trop importante. C'est vrai quoi, Journal, qui aurait fait un tel déplacement juste pour me parler en face à face ? Et c'est à cet instant que j'ai commencé à avoir peur. S'ils s'étaient déplacés pour moi, je devais être très importante pour leur enquête. Et s'ils savaient tout ?
Je me suis levée pour ouvrir, je n'étais pas encore en pyjama.Tu ne devineras jamais qui j'avais en face de moi, Journal. Parce que même en les ayant sous les yeux, je n'y ai pas cru une seconde.
Au moment où la porte était entièrement ouverte, où mon regard est passé du sol aux étrangers qui se présentaient à moi, j'ai vraiment pensé qu'on tournait une caméra cachée pour voir quelle serait ma réaction. Parce que, Journal, je me suis retrouvée nez-à-nez avec une parodie grotesque du Père Noël, du professeur Rogue, de poupée Barbie, de Zora la rousse et d'un mélange subtile entre un chinois et un indien. J'ai eu envie de refermer la porte aussi vite que je l'avais ouverte. Mais le Père Noël a été plus rapide :
-Nous sommes navrés de vous déranger si tard, mademoiselle Flores, m'a-t-il dit en me présentant son badge de police.
S'il croyait que son joujou allait m'impressionner, il pouvait retourner se coucher. Mon badge à moi était bien plus beau que le sien, il n'impressionnerait même pas un gamin.
-Nous sommes de la police, a alors grincé le professeur Rogue, prenant sûrement mon silence pour de l'hésitation.
En réalité, j'hésitais. Entre les jeter en bas des marches et leur hurler de ne plus jamais remettre les pieds ici ou les faire rentrer pour leur servir un petit thé bien aimablement, déjà que personne ne mettait jamais les pieds dans ma demeure. J'ai choisi de faire un petit mixte, indécise que je suis. Je me suis écartée pour les laisser passer dans mon minuscule appartement sans leur lâcher un seul sourire ou la moindre expression chaleureuse. Histoire qu'ils se rendent compte qu'ils ne sont pas la bienvenu ici.
Une fois cette joyeuse bande entrée, celui qui devait être le lieutenant s'est mis à regarder autours de lui, s'attendant sûrement à ce que je les conduise vers un endroit où ils pourraient s'assoir. Il pouvait toujours courir ! Ils étaient venus me déranger, ils n'avaient qu'à rester debout ! Ils étaient cinq, tous plus grotesques les uns que les autres à me regarder tels des êtres n'ayant jamais vu une femme de leur vie.
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Moonless Night
БоевикPetit policier d'une brigade campagnarde, l'officier Valérian se voit chargé d'une sérieuse affaire de viol. Lui qui rêvait de grandeur et d'exploits, il réalise les dangers et menaces auxquels quiconque s'attaque au crime subissent. Les chasseurs...