CHAPITRE 14

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Nous finissons de déguster notre petit-déjeuner dans le calme. Kélya semble réellement adorer mon gâteau au chocolat, elle le dévore, sans parler. Elle finit sa part tellement rapidement, qu'il lui reste une trace de chocolat sur les coins de sa bouche. On dirait une enfant de six ans et demi, qui ne sait pas manger du chocolat, sans s'en barbouiller partout sur la figure. Mais je dois avouer que ça la rend mignonne, et rigolote. 

Je caresse ses lèvres du bout de mon pouce, pour effacer les marques chocolatées qui en tapissent les coins. Je pense que mon geste est légèrement plus sensuel que ce que je l'aurais cru, car Kélya respire plus lentement, et me regarde attentivement. Elle me regarde avec le même regard que hier soir, quand nous dansions. Elle attend peut-être que je l'embrasse ? J'espère qu'elle ne va pas trop se poser de questions par rapport à hier soir. Je ne veux pas qu'elle se fasse des illusions, ce n'est pas car je l'ai embrassée, que nous sommes ensemble. Je ne l'aime pas, et tomber amoureux d'elle n'est clairement pas dans mes plans, alors il vaudrait mieux pour elle qu'elle ne me porte pas d'affection non plus. 

Le regard de Kélya a changé, le bleu océan de ses yeux semble plus intense, plus profond. C'est comme si un orage avait traversé ses yeux. On dirait que le potentiel désir que traduisait son regard il y a encore quelques minutes, s'est transformé en une forme de frustration. Je décide de briser la glace. 

- Quelque chose ne va pas ? 

Elle dit non de la tête, et se lève, et se dirige vers le lave-vaisselle, avec nos assiettes et nos verres, en main. Elle recouvre le plat contenant le reste du gâteau au chocolat, avec du film plastifié, elle range ensuite la bouteille de jus d'orange au frigo. J'ai l'impression d'avoir raté quelque chose d'important. Elle était si enjouée, en dégustant sa part de gâteau, il y a encore moins de cinq minutes, et là, j'ai l'impression qu'elle range la cuisine pour éviter de me parler. 

 - Tu fais la boude ? 

Elle me regarde, et secoue la tête, avec un mouvement lent et désespéré. 

- Alors pourquoi tu ne parles pas ? 

Ses yeux couleur menthe glacée pénètrent mon regard. 

- Que veux-tu que je te dise ? lâche-t-elle, d'une voix glaciale. 

- Si tu as apprécié mon baiser hier soir, par exemple.... 

Elle vire au rouge cramoisi, et lève les yeux au ciel. 

- Alors ? insisté-je. 

-  Alors quoi ? dit-elle, comme si elle ne savait pas de quoi je parlais. 

- Tu as trouvé ça comment ? 

Elle s'appuie contre le plan de travail, tête en l'air, faisant mine de réfléchir, puis ses yeux se reposent sur moi, avec un air malicieux.

- Bof, enfin ça allait quoi. 

Si elle ne se mordait pas les lèvres, pour s'empêcher de rire, je crois que je me serais senti vexé. Je me lève de mon siège, pour me rapprocher d'elle. 

- Tu sais qu'elles ne sont pas drôles tes blagues ? 

Elle éclate de rire, d'un rire contagieux. 

- Oh que si, elles sont terriblement drôles !

Puis elle se remet à rire de plus belle. 

Quand elle rit comme ça, en me regardant, avec ses yeux doux, et ses joues rosées, j'ai presque l'impression de sentir qu'un coeur bat, au creux de ma poitrine. Mais ce n'est qu'une illusion, me répète ma conscience. 

- Trêve de plaisanterie ! C'était comment ? 

Elle se mordille encore cette maudite lèvre inférieure. Arrr, elle ne se rend vraiment pas compte de ce que cela provoque en moi. 

- En fait, je ne me rappelle pas comment c'était. 

Quoi ? Pardon ? Ce n'est pas une claque, mais une gifle magistrale, que vient de se prendre mon égo là ! Je suis indigné. Comment a-t-elle pu oublié ce baiser, qu'elle m'a réclamé en plus ! Si elle ne s'en souvient pas, je vais m'assurer de régler ce léger souci d'amnésie. 

Je me jette sur elle, la poussant un peu plus contre le meuble de la cuisine, la bloquant avec le poids de mon corps. Mes lèvres capturent les siennes, dans un mouvement colérique et désespéré. Ses mains encerclent mon torse, et ses lèvres m'ouvrent le passage, ce baiser de vengeance, se transforme en baiser torride, viscéral. C'est doux, et brutal, en même temps. J'ai embrassé des filles, des centaines de fois, et pourtant cela n'a rien de comparable, avec ceux que Kélya me procure. Elle me désire, et je la désire. Nous nous désirons mutuellement, et c'est la raison pour laquelle nous virons à la catastrophe. 

Je me recule, essoufflé. 

- C'était agréable de te rafraîchir la mémoire, Kélya. 



Le courage d'aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant